La FRAP, Front Révolutionnaire Anti-Patriarcal, est un collectif TransPédéGouine plus (TPG+) et féministe. Le collectif a mené une suite de rencontres afin de clarifier notre ligne politique. De nombreux points ont été soulevés, notamment les suivants.
Qu’est-ce que notre lutte anti-patriarcale ?
Nous sommes contre le patriarcat, défini comme un rapport social de domination, d’exploitation et d’oppression d’une classe dominée (femmes et personnes queer) par une classe dominante (les hommes notamment cis et hétéro). L’exploitation passe par le travail ménager, émotionnel, sexuel, éducatif… Notre lutte anti-patriarcale est donc une lutte de classe. Notre classe de genre est celle des personnes qui subissent le cis-hétéro-patriarcat, mais c’est avec toutes les autres classes dominées que nous constituons notre camp révolutionnaire contre les structures de pouvoir (communes aux différentes classes dominantes). Dans cette perspective, le racisme est un enjeu que nous concevons comme intimement liée au cis-hétéro-patriarcat, notamment car ce dernier est aussi le fruit de l’histoire coloniale. Nous nous opposons également au capitalisme, puisque le capitalisme repose sur le patriarcat comme modèle d’exploitation des femmes et personnes queer.
Qui est concerné par notre collectif ?
Nous acceptons toute personne qui le souhaite, à l’exception des mecs cis hétéro, pour des raisons d’auto-organisation et de limitation des comportements oppressifs. Ces comportements n’ont pas leur place au sein du collectif, et ce, quelle que soit l’identité sexuelle ou de genre.
Comment considérons-nous les orientations sexuelles ?
Nous ne remettons jamais en cause l’orientation sexuelle ni l’identité de genre au sein du collectif. Nous reconnaissons notamment le lesbianisme politique comme une orientation à part entière, puisqu’elles subissent et subvertissent tout autant que les autres lesbiennes le patriarcat.Toutes les identités sont légitimes mais nous considérons important de garder à l’esprit la distinction entre identité et statut social, notamment car c’est le second qui détermine notre place dans le patriarcat. Á ce titre nous n’hésiterons pas à questionner les pratiques hétérosexuelles sans distinction entre personnes bi, pan, ou hétéro, sans pour autant cesser de lutter contre la biphobie.
Nous souhaitons mener une critique de l’hétérosexualité en tant que système d’oppression et d’exploitation mais pas une critique des individus en tant que tels. De même, au vu des mécanismes du système d’oppression, nous distinguons le statut des mecs hétéro et des meufs hétéro.
Comment s’organise notre collectif ?
Nous souhaitons abolir le système et non être mieux intégré•e•s dans un régime capitaliste oppressif. Nous sommes d’accord pour utiliser la réforme pour gagner en représentativité mais cependant il ne s’agit pas de l’objectif final : « on veut pas d’un capitalisme arc-en-ciel, on veut la libération queer ». Nous souhaitons rendre la Pride plus subversive, en rappelant qu’il s’agit de commémorer les émeutes de Stonewall et non une période de promotion pour des baskets arc-en-ciel.
Le groupe n’a pas pour finalité d’être un espace safe. Nous affirmons qu’il est nécessaire de pouvoir confronter nos idées (en toute bienveillance) au sein du collectif, et que les espaces safe ne sont pas conçus pour cela. Cependant des espaces pourront être dédiés au bien-être des membres au sein du collectif. Il est néanmoins nécessaire de comprendre que pour le collectif, l’objectif final est la révolution. À ce titre, nous jugeons qu’il est plus intéressant de détruire les structures d’oppression que de lutter contre les pratiques individuelles. Dans ce cadre, nous nous opposons au purisme militant et nous refusons d’être dans une posture d’interpellation permanente pour préférer être dans une volonté de s’améliorer collectivement et de détruire les mécanismes d’oppressions structurels.
Comment nous situons nous quant à l’intersectionnalité ?
L’intersectionnalité consiste à « considérer les formes de dominations sociales comme étant plurielles et s’attache à analyser les rapports de domination de façon complémentaire, non seulement en partant d’un schéma additif mais en considérant que les oppressions s’imbriquent en s’influençant » (Les Guérillères). Pour nous, il n’y a pas d’intérêt à lutter contre le patriarcat sans combattre le capitalisme, le racisme… Nous considérons tous ces systèmes de dominations imbriqués les uns aux autres.