L’autonomie, c’est un truc qu’on porte à la FRAP. C’est l’idee qu’on attend personne pour changer nos propres situations. Qu’on va pas demander l’autorisation à qui que ce soit pour faire en sorte de vivre mieux, plus dignement. Qu’on va pas laisser nos ennemis diriger nos vies en attendant qu’on ait un peu gagné du terrain.
L’autonomie, c’est sûrement un des trucs qui nous lie le plus aux luttes des TDS. On a des accords sur le fond bien sur, et puis on vit des oppressions similaires entre queer, TDS, salopes, bizarres. Le rejet, le dénigrement, l’infantilisation, les violences vénères, on a ça en commun. Et puis y’a beaucoup de genstes qui sont Trans-Pédé-Gouines-Inter (TPGI) et TDS, parce que l’accès à un taff qui paye bien et où ton patron et tes collègues te chient pas dessus, c’est pas ce qu’il y a de plus simple quand t’es TPGI. Alors TDS c’est un choix qui se tient. Et ne voir que des victimes parmis les TDS, c’est infantilisant, insultant, et une erreur.
Le pont entre nous et les luttes des TDS se fait aussi dans l’approche collective. Parce qu’en vrai, y’a pas de lutte plus autonomistes que celles des TDS. Dans ces luttes, ça bosse ensemble, ça créer des réseaux d’entraide et de solidarité, ça casse les couilles aux gens qui nous font chier, ça parle a toustes les TDS. Ça attaque, ça se défend, ça massifie. Et puis surtout, ça le fait sans attendre l’autorisation de personne, ni la validation de la gauche molle et des féministes trop prudes, ni le changement d’un système pourri. Ça impose ses choix, ça gagne en légitimité dans la gauche politique par la force des solidarités et de l’argumentaire, sans attendre le réformisme et ça bouge le système patriarcal.
Les luttes des TDS sont un vrai exemple d’autonomie, c’est un modèle qu’on aime, qu’on veut défendre et qu’on portera ensemble !
On le portera ensemble jusqu’à ce qu’on ait créé des vrais réseaux de solidarité qui tiennent la route et qui soient accessibles à toustes. C’est pas l’Etat qui nous aidera, on le fera par nous même : on se filera du matos de santé sexuelle, on prendra soin des gens qui ont vecu des agressions de merde, on se nourrira ensemble quand c’est la dèche, on s’hébergera quand on se fera virer de nos apparts. On portera ensemble l’autonomie en y invitant toustes les gens à qui ça parle. On s’ouvre, on se forme, on s’apporte, et on laisse personne sur le côté. C’est trop facile de parler de massification quand ta masse compte pas les queer, les bizarres, les racisé.es, les handi.es, les marginaux, les TDS.
On laisse personne sur le côté, on bosse ensemble, et on fait en sorte que ça marche.
On portera ensemble l’autonomie jusqu’à ce que nos ennemis tombent.
Les abolos, elles sont plusse financées, ont des meilleures places dans les sphères de pouvoir. Mais nous on a la force du vécu, de la réflexion, de l’entraide. On a pas leur pouvoir, mais on est pas démunies. On démontera leur discours jusqu’à ce qu’elles soient forcer d’assumer qu’elles sont des féministes en carton animées par des valeurs conservatrices rabougries. Et on les virera de leurs espaces de pouvoir qui leur offre le droit de mépriser les TDS. On se débrouillera ensemble, pour faire que celleux qui veulent arrêter le travail du sexe puissent le faire. Pour faire que celleux qui doivent sortir de l’exploitation sexuelle et de la traite d’humain soient soutenues. Mais aussi, pour que celleux qui veulent continuer puissent travailler dans les meilleures conditions.
Tant qu’on aura pas aboli le capitalisme, on ne prive pas une personne de son taff et de son salaire parce qu’il est issu du patriarcat. Sinon soyons cohérent : interdisons d’être d’ouvrier d’usine, c’est capitaliste et productiviste, interdisons d’être auxiliaire de vie, c’est patriarcal, validiste et raciste.
On ne prive pas les plus précaires d’un des seuls taff accessibles : daronnes seul.es, étudiant.es, migrant.es, racisé.es, handi.es, fols, sont sur- représentées dans le travail du sexe parce que c’est un des seuls taffs qui donne une rémunération suffisante, sans études, avec peu de temps de travail en direct et beaucoup d’heure à distance. On ne prive pas un.e TDS de son droit à se protégé.e et à être entouré.e : illégaliser la consommation du travail du sexe, rendre n’importe quel soutien autour des TDS proxénète selon la loi précarisante, filer une alloc de merde à 350€ aux gens qui arrêtent le travail du sexe et dépendant de la validation de la préfecture, c’est une honte : c’est inutile, dangeureux, isolant, ça n’aide personne.
C’est de la merde !
Et surtout, on ne prive pas les TDS de leurs accès à un droit du travail digne parce qu’on est pas foutu de faire la différence entre agression et travail, entre exploitation sexuelle et travail du sexe ! et que vive l’autonomie des luttes des TDS !
Honte aux abolos, que crève votre discours pétés, et que vive l’autonomie des luttes des putes !
Rassemblement de lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles, 2024
prise de parole, 19 Novembre 2024
Le 2 septembre dernier s’ouvrait le procès de l’affaire des viols de Mazan, qui a légitimement pétrifié une partie de la France et toute personne engagée contre les VSS.
Comme beaucoup de gens, on a été horrifié par la gravité et l’ampleur des faits, mais on peut pas dire qu’on a été réellement surpris. Ni par le profil des accusés : des mecs blancs, de tout âge, de toute professions, des pères de famille, des gars bien inserés. Ni par leurs justifications : pour eux, Gisèle Pélicot n’existait pas, elle n’était que la propriété de son mari.
Quoi de plus banal dans un pays structuré par le patriarcat, où nous avons tous et toutes en héritage les schémas de pensée qui ont permi ça. On est tous et toutes tributaires d’institutions qui ne nous ont jamais détrompé sur le droit des hommes à posséder les femmes.
Les représentants de l’extreme droite, si pressés d’instrumentaliser chaque fait divers dans leur agenda raciste, n’ont pas eu grand chose à dire sur l’affaire des viols de Mazan. Ils et elles se sont réveillées un mois plus tard après le viol et le féminicide de Philipine Le Noir de Carlan, parce que son meurtrier présumé est marocain.
L’extreme droite et son effroi à double standard, en fonction de la race de l’agresseur, et des valeurs conservatrices qu’elles défendent, c’est quelque chose qui s’observe en permanence. Les 100 autres feminicides de l’année qui se sont fait dans le cadre de l’institution famille qu’elles cherissent tant, ça passe. Les milliers de cas d’inceste et de pedocriminalité ou la bourgeoisie est sur représentée, ça passe aussi pour elles. Les VSS sur les queer, les putes, les racise.es, elles s’en tapent. Les mecs blancs qui violent leurs meufs, leur potes, une inconnue mise a leur disposition par son mari, rien à branler. Leur beurre, c’est les agressions de rue faite par des « barbares », et elles ne parleront que de ça. Elles diront quil faut respecter les OQTF, sous entendu, virons le de France, les femmes hors de la France blanche on sen fout.
Mais ça, c’est la partie immergée du problème. La partie que nous, ici, on arrive à voir facilement.
Ce racisme de fond dans les luttes contre les VSS, c’est un fait concret qu’il faut attaquer !
Dans les institutions d’abord, des petites questions toute bête : pourquoi la justice française, pour des mêmes faits au même niveau de preuve, condamne bien plus les personnes racisées, et encore plus les personnes étrangère ? Pourquoi les stats du ministère de l’intérieur sont axées sur l’enjeu de l’immigration ? Pourquoi pas sur la pauvreté par exemple, ou bien le genre ? Pourquoi Macron, même hors stats, dit qu’il est visible que ce sont des étrangers qui agressent dans les transports en commun ? Pourquoi les flics surcontrolent et surinterpellent les personnes racisées ? Pourquoi la seule solution proposée par l’état dans la lutte contre les VSS, c’est un enfermement raciste dans des prisons raciste avec des matons racistes ?
Et puis, à gauche, chez nous les féministes, les LGBTI+, pourquoi on se fait pigeonner sans répondre à ces stats et arguments pourris ?? Pourquoi on laisse exister cette idée que les racisé.es produisent plus d’agression ? Pourquoi parfois même on en arrive à la légitimer en la justifiant par un essentialisme de classe ou évoquant la « santé mentale » : en disant « Oui mais vous savez, ils sont très précaires, ils ont vécu beaucoup de violence, alors ça s’explique ». Pourquoi on continue à revendiquer des peines plus lourdes alors qu’on sait que ça sert à rien pour changer la société et que ces peines sont mises en place avec des critères racistes ? Pourquoi on attaque pas frontalement les biais racistes dans nos pensées : la peur de groupe de gars racisé dans la rue, la pensée que l’Islam amène forcément au patriarcat conservateur, la croyance d’une sur-virilité chez les arabes et les noirs, en somme : la pensée les gars racisés ont une culture patriarcale plus forte.
On doit être capable de dire deux choses : de une, c’est faux que les racisé agressent plusse : pour les mêmes faits, aux même preuves, ils sont plus contrôlés, plus interpellés, moins bien défendus en justice et donc plus condamnés.
De deux, que le fond du problème c’est le patriarcat et de façon générale, les rapport de domination et d’oppression : une agression, c’est avant tout une prise de pouvoir. Sur le corps des meufs, des trans, des pede, des gouines, des personnes inter. Le viol et le meurtre de Phillipine, c’est l’expression extrême du patriarcat, du pouvoir de vie et de mort qu’a un homme cis het sur une meuf. Abolir le patriarcat, et les rapports d’oppression, c’est abolir un système de pouvoir. Et la prison ne change pas les systèmes de pouvoir, elle les renforce. Visibilisant ceux qu’elle enferme et masquant tout le reste renvoyé au banal, au quotidien.
Nombreuses sont les féministes, et toutes les personnes choquées par ce qu’à subit Gisèle Pélicot, à vouloir voir la justice rendue à sa juste mesure. Nombreuses parmi les personnes qui ont un jour été concernées, comme victime ou proches de victime de VSS, ont été ou sont toujours traversé par des désirs de punition exemplaires pour leurs agresseureuses, voir de vengeance. Ces affects sont légitimes.
Mais est-ce que c’est vraiment ça, rendre justice ? Est-ce qu’une amende répare, est-ce que la prison guérit ?
Puisque ce sont nos frères, nos pères, nos fils, nos collègues qui nous agressent et qui nous tuent, faudra t-il tous les enfermer pour vivre enfin en paix ?