Assassinat de Nahel

Le 17 juin 2023, un policier tire et tue Nahel Merzouk lors d’un refus d’obtempérer.

prise de parole à l’origine écrite pour être portée par les personnes racisés du collectif pour le rassemblement contre les violences policières du 30/06

L’état français est raciste et colonial, à l’étranger comme en France, et utilise la violence pour continuer à exploiter les non blanch’es.

On avait envie en tant que collectif, et besoin pour beaucoup d’entre nous, de dire quelque chose sur l’assassinat de Nahel.
Déjà parce que ça nous touche politiquement et émotionnellement, mais aussi parce que en tant que collectif, on peut pas dissocier anti patriarcat et antiracisme, et parce que la police est un ennemi commun qu’on doit abolir ensemble.


Les oppressions qu’on subit sont croisées, viennent du même système, l’état bourgeois, le capitalisme, le libéralisme. Les outils sont parfois différents, mais l’objectif reste le même. Exploiter les minorités, en faire des outils, des objets, et violenter, humilier, contraindre par la force toustes celleux qui ne répondent pas aux attentes impérialistes, patriarcales, capitalistes.

Pour les meufs et trans-pede-gouines+, on nous assigne au taff de soin, sexuel, des taffs au mieux difficiles et précaires, au pire gratuits et malsains pour nos vies, nos corps.

Pour ce qui est des personnes racisé.es, on nous impose de se salir les mains pour ce que les blanc.hes ne veulent pas faire. On nous enferme dans la précarité, et on nous oblige à renier nos cultures, à s’exploiter au taff bien plus que n’importe quel blanc, à subir en se taisant le racisme ambiant, pour espérer avoir une chance de s’en sortir. Nos genres, nos orientation sexuelles, ont aussi un impact sur le racisme qu’on subit. Aux hommes racisé.es d’être les cibles privilégiées des keufs, aux meufs et aux queers racisé.es d’être victimisées et paternalisées par tout un système, y compris même par le féminisme blanc qui se prétend nous défendre.


Et si tu réponds pas suffisamment bien à ce parcours d’intégration, alors faudra affronter les descentes de keufs, leur violence, et leurs assassinats arbitraires. La je parle qu’en France, mais les règles sont les mêmes ailleurs, avec des niveau d’exploitation différents. Pour le plus récent, on pense à la colonie israélienne implantée en Palestine qui continue à assassiner des palestiniens, pendant le ramadan cette fois ci, dans ce que l’Europe appelle « Un conflit ». On pense au Soudan, un pays dont les frontières ont été tracés à la règle par les colons, et qui vit un conflit armé entre deux factions soutenus d’un côté par l’occident, de l’autre par la Russie, pour le droit d’exploiter les noir.e.s dans l’extraction d’or.


L’état français est raciste et colonial, à l’étranger comme en France, et utilise la violence pour continuer à exploiter les non blanc.hes. Et c’est aussi parce que l’État est pronfondément raciste, que le discours haineux de l’extrême droite est banalisé. C’est parce que l’État applique une politique sociale d’extrême droite, propose des lois anti-asile et immigration et tente de dissoudre des collectifs anti-fascistes et antiracistes que les fachos agissent en toute impunité.


Nahel il avait 17 ans, et il est mort du système raciste qui l’entoure. Un système qui parle d’ensauvagement de la France par les noir.e.s et les arabes, et qui justifie par ça les assassinats dans les quartiers populaires. Un système qui permet, qui ordonne les violences pour faire taire les immigrés.

On peut pas laisser passer ça, on doit faire front uni pour lutter contre la police, contres ses violences, contre l’impérialisme dont ça découle. On doit lutter ensemble contre le racisme d’État, le capitalisme et le patriarcat qui sont des systèmes d’exploitation qui se complètent et s’auto alimentent.


Que ce soit face aux prolos, aux meufs, aux queer, aux racisé.es :
la police mutile ! la police assassine !


Nous sommes le nombre ils sont la Force répressive de la minorité privilégiée, nous serons une force collective si nous nous reconnaissons et nous rassemblons.

A bas, l’État, les flics et les fachos !

Sur l’adoption de la loi asile et immigration

Loi asile et immigration

Effondrement républicain ou racisme d’état ?

Comme attendu, la macronie s’est une fois encore alliée aux LR et au RN pour passer ensemble un texte ignoble : la loi asile et immigration. Tandis que le RN et les LR, que plus rien ne distingue depuis longtemps, se gargarisent d’une victoire idéologique, l’exécutif lui a encore l’audace et l’indécence de parler d’en même temps, de « fermeté et d’humanisme » et de chemin démocratique. Pendant ce temps là, nous ne pouvons que constater une fois de plus la fascisation du champ politique français.

Si Borne se targue de permettre via cette loi la régularisation des travailleur.euse.s sans papiers, ce qu’elle ne nous dit pas, c’est que pour cela il faudra résider en France depuis 3 ans, avoir travaillé au moins 12 mois dans un secteur en tension et que ces régularisations se feront au cas par cas par la préfecture, le tout pour un titre de séjour d’un an. Sans parler des quotas sur le nombre de titres de séjour délivrés qui seront fixés par le Parlement.

Toujours sur les titres de séjour, cette loi s’attaque aussi aux étudiant.e.s qui devront désormais prouver le « sérieux » de leurs études et payer une caution fermant la porte des universités françaises à celleux qui ne sont pas issu.e.s de familles bourgeoises. Les étranger.ère.s malades sont aussi concerné.e.s par ce durcissement, si le traitement existe dans leurs pays d’origine (même s’il est inaccessible) alors pas de soins, démerdez-vous, et si titre de séjour il y a, la prise en charge par la sécurité sociale ne sera plus universelle.

Quant à l’AME (Aide Méciale d’État), si elle n’a finalement pas été supprimée par ce texte, Borne annonce déjà vouloir repenser le dispositif en 2024 pour ravir la droite.

Obsession de la droite toujours, le regroupement familial est encore une fois durci, il faudra désormais attendre 2 ans pour ne serait-ce qu’entamer des démarches. Plus dangereux encore, le droit du sol ne sera plus automatique et sera refusé si lae mineur.e est sujet.te à une condamnation.

Retour aux années de plombs, cette loi vient aussi rétablir le délit de séjour irrégulier, ce qui provoquera de multiples amendes, arrestations, placements en CRA et donnera une fois de plus des raisons de faciliter l’expulsion des exilé.e.s. Il y aura également une exclusion totale d’accès des hébergements d’urgence pour les personnes sans papiers sous OQTF. Et désormais, il sera possible de déchoir de sa nationalité une personne ayant commis un homicide sur une personne dépositaire de l’autorité publique, au hasard un flic.

Pour finir sur ce triste descriptif, cette loi vient nourrir l’extrême droite et son idée de préférence nationale en limitant les allocations familiales, l’APA et les APL selon des critères de présence sur le territoire durcies, et instituant une différence entre celleux qui travaillent qui ne devront attendre “que” 30 mois et les autres qui devront résider depuis 5 ans sur le territoire. Bref, cette loi s’appuie et renforce encore une fois le racisme d’État.

Car oui, cette loi s’inscrit dans un contexte et ne sort pas de nulle part, elle n’est pas non plus le simple fruit d’une fascisation récente de la france, mais bel et bien de l’histoire de la République française.

Cette même République qui a colonisé et gère toujours ses territoires extra-marins comme des colonies, qui essaie coûte que coûte de maintenir son influence sur ses anciennes colonies via la France-Afrique. Cette même République qui, si elle se vante d’apporter ses lumières humanistes au monde, n’a fait que nourrir dans un premier temps le racialisme (l’étude des « races humaines ») pour justifier son appropriation des ressources et son exploitation des corps non-blancs, puis mis en place des contrats sociaux racial tel que le code de l’indigénat pour maintenir son emprise sur Les peuples colonisés. Cette même République qui a produit Vichy et ses lois antisémites. Cette même République universelle qui a spolié l’autonomie des luttes antiracistes pour pouvoir maintenir son racisme d’état (Touche pas à mon pote, SOS Racisme).

Il serait impossible de citer toutes les lois racistes promulguées : des restrictions du droit d’asile aux trop nombreuses lois immigrations. À chaque fois, elles tricotent par-ci, détricotent par-là, mais dans l’ensemble la tendance générale a toujours été au durcissement ; accompagnant par la même le bon vieux racisme républicain.
Chaque loi précarise encore plus les personnes immigrées avec ou sans papiers, compliquant leurs quotidiens et rendant plus difficile la sacro-sainte intégration soi-disant recherchée. Les logiques exploitatrices des personnes immigrées se font également toujours pesantes, car les débats de fond (y compris ceux portés par la gauche institutionnelle) différencient toujours le « bon » et le « mauvais » étranger, à savoir celui qui travaille et celui qui est assisté, en le soumettant au chantage aux papiers, aux logements, aux soins, à l’éducation.

Outre les lois immigration, depuis plus de trente ans, les lois racistes et islamophobes s’enchainent allant de la loi contre les signes religieux ostentatoires, dit loi sur le voile de 2004, à celle sur le séparatisme en 2021, en passant par l’accumulation de lois racistes sous prétexte sécuritaire en particulier depuis les attentats de 2015. Rappelons qu’une grande partie de ces lois ont été passées sous des gouvernements dit de gauche qui n’ont fait qu’accompagner les politiques racistes.

Arrêtons de parler de dérive républicaine, la République est structurellement raciste et permet depuis toujours les politiques coloniales. Au lieu d’avoir honte pour des valeurs égalitaires jamais appliquées, nous devons lutter concrètement pour le droit des personnes exilées et/ou racisées. Quand nous entendons des syndicats ou des partis s’offusquer de cette loi et vouloir désormais lancer un mouvement social d’envergure, quelle indignité ! Depuis plus d’un an, les premier.e.s concerné.e.s et les organisations qui les soutiennent essaient de lancer un mouvement autour de cette énième loi immigration, sans que jamais ces mobilisations n’aient été réellement soutenues et visibilisées par les partis et syndicats de gauche – et ça vaut aussi pour la mouvance autonome dont nous faisons partie.

Il existe des luttes victorieuses qui sont toujours soit invisibilisées, soit utilisées comme token par les partis et syndicats de gauche sans que ces derniers viennent s’investir dans ces luttes. Récemment, les gilets noirs et les collectifs des sans papier.e.s 75 ont obtenu une victoire. Après avoir construit patiemment une unité parmi les ouvrier.e.s, iels ont occupé le chantier, Pour les JO 2024, porte de la chapelle. Puis ont négocié avec la mairie Pour obtenir la régularisation de toustes les grévistes.

S’il faut se réjouir de cette victoire, elle ne peut se suffire, car seule une lutte sur le plan national pourrait améliorer durablement les conditions matérielles d’existences des personnes sans papier, qu’elles travaillent ou non, elles qui subissent le pire de ce que produisent nos systèmes capitalistes.

Hier à Rennes, nous étions plus de 2500 à défiler contre la nauséabonde loi Darmanin, c’est bien et nécessaire de se réveiller maintenant, mais un coup d’éclat ne suffira jamais et seule une mobilisation massive et continue pourra aller au delà des luttes sectorielles et contrer l’hégémonie culturelle de l’extrême droite. Si on prétend vouloir lutter sur ces sujets, il est temps d’écouter et de rejoindre les luttes des personnes concernées au lieu de rester dans un antiracisme moral qui s’indigne quand une loi passe, à savoir quand le combat est déjà perdu.

Les politiques racistes et fascisantes ne s’arrêteront pas d’elles-même et les politiques qui concernent les étranger.e.s sont toujours un laboratoire pour précariser la société, il nous est nécessaire de construire de fortes mobilisations antiracistes, sociales et antifacistes, alors mobilisons-nous.

Extrait de « vers la plus Queer des insurrections »

PAR LE GANG MARY NARDI
février 2009

Une proposition de définition du terme « Queer » dans « Vers la plus
queer des insurrections”, traduction de Queer ultraviolence,
anthologie du mouvement états-unien queer insurrectionnaliste
bash back! par Fray Baroque et Tegan Fanelli.

« Certain.e.s liront ‘’queer’’ comme synonyme de
‘gay et lesbienne » ou ‘LGBT »‘. Cette lecture est
inadéquate. Alors que celleux qui s’intègrent le
mieux dans les constructions de « L »‘, « G »‘, « B »
ou « T » pourraient tomber dans les limites
discursives du queer, le queer n’est pas une zone
d’occupation stable. Le queer n’est pas
simplement une énième identité qui peut être
punaisée sur une liste de catégories sociales
nettes, ni la somme quantitative de nos identités.
Il s’agit plutôt de la proposition qualitative de
l’opposition aux présentations de la stabilité – une
identité qui problématise les limites maîtrisables
de l’identité.

Le queer est un territoire en tension, défini en
opposition au récit dominant du patriarcat
blanc-hétéro-monogamme, mais aussi en affinité
avec tout.e.s celleux qui sont marginalisé.e.s,
exotisé.e.s et opprimé.e.s. Le queer, c’est ce qui
est anormal, étrange, dangereux. Le queer
implique notre sexualité et notre genre, mais va
bien au-delà. Il incarne notre désir et nos
fantasmes, et bien plus encore. Le queer est la
cohésion de tout ce qui est en conflit avec le
monde hétérosexuel capitaliste.

Le queer est un rejet total du régime de la
Normalité. »


Journée de lutte contre les violences faites aux travailleur’euse’s du sexe 2024 — prise de parole


L’autonomie, c’est un truc qu’on porte à la FRAP. C’est l’idee qu’on attend personne pour changer nos propres situations. Qu’on va pas demander l’autorisation à qui que ce soit pour faire en sorte de vivre mieux, plus dignement. Qu’on va pas laisser nos ennemis diriger nos vies en attendant qu’on ait un peu gagné du terrain.

L’autonomie, c’est sûrement un des trucs qui nous lie le plus aux luttes des TDS. On a des accords sur le fond bien sur, et puis on vit des oppressions similaires entre queer, TDS, salopes, bizarres. Le rejet, le dénigrement, l’infantilisation, les violences vénères, on a ça en commun. Et puis y’a beaucoup de genstes qui sont Trans-Pédé-Gouines-Inter (TPGI) et TDS, parce que l’accès à un taff qui paye bien et où ton patron et tes collègues te chient pas dessus, c’est pas ce qu’il y a de plus simple quand t’es TPGI. Alors TDS c’est un choix qui se tient. Et ne voir que des victimes parmis les TDS, c’est infantilisant, insultant, et une erreur.

Le pont entre nous et les luttes des TDS se fait aussi dans l’approche collective. Parce qu’en vrai, y’a pas de lutte plus autonomistes que celles des TDS. Dans ces luttes, ça bosse ensemble, ça créer des réseaux d’entraide et de solidarité, ça casse les couilles aux gens qui nous font chier, ça parle a toustes les TDS. Ça attaque, ça se défend, ça massifie. Et puis surtout, ça le fait sans attendre l’autorisation de personne, ni la validation de la gauche molle et des féministes trop prudes, ni le changement d’un système pourri. Ça impose ses choix, ça gagne en légitimité dans la gauche politique par la force des solidarités et de l’argumentaire, sans attendre le réformisme et ça bouge le système patriarcal.

Les luttes des TDS sont un vrai exemple d’autonomie, c’est un modèle qu’on aime, qu’on veut défendre et qu’on portera ensemble !

On le portera ensemble jusqu’à ce qu’on ait créé des vrais réseaux de solidarité qui tiennent la route et qui soient accessibles à toustes. C’est pas l’Etat qui nous aidera, on le fera par nous même : on se filera du matos de santé sexuelle, on prendra soin des gens qui ont vecu des agressions de merde, on se nourrira ensemble quand c’est la dèche, on s’hébergera quand on se fera virer de nos apparts. On portera ensemble l’autonomie en y invitant toustes les gens à qui ça parle. On s’ouvre, on se forme, on s’apporte, et on laisse personne sur le côté. C’est trop facile de parler de massification quand ta masse compte pas les queer, les bizarres, les racisé.es, les handi.es, les marginaux, les TDS.
On laisse personne sur le côté, on bosse ensemble, et on fait en sorte que ça marche.

On portera ensemble l’autonomie jusqu’à ce que nos ennemis tombent.

Les abolos, elles sont plusse financées, ont des meilleures places dans les sphères de pouvoir. Mais nous on a la force du vécu, de la réflexion, de l’entraide. On a pas leur pouvoir, mais on est pas démunies. On démontera leur discours jusqu’à ce qu’elles soient forcer d’assumer qu’elles sont des féministes en carton animées par des valeurs conservatrices rabougries. Et on les virera de leurs espaces de pouvoir qui leur offre le droit de mépriser les TDS. On se débrouillera ensemble, pour faire que celleux qui veulent arrêter le travail du sexe puissent le faire. Pour faire que celleux qui doivent sortir de l’exploitation sexuelle et de la traite d’humain soient soutenues. Mais aussi, pour que celleux qui veulent continuer puissent travailler dans les meilleures conditions.

Tant qu’on aura pas aboli le capitalisme, on ne prive pas une personne de son taff et de son salaire parce qu’il est issu du patriarcat. Sinon soyons cohérent : interdisons d’être d’ouvrier d’usine, c’est capitaliste et productiviste, interdisons d’être auxiliaire de vie, c’est patriarcal, validiste et raciste.
On ne prive pas les plus précaires d’un des seuls taff accessibles : daronnes seul.es, étudiant.es, migrant.es, racisé.es, handi.es, fols, sont sur- représentées dans le travail du sexe parce que c’est un des seuls taffs qui donne une rémunération suffisante, sans études, avec peu de temps de travail en direct et beaucoup d’heure à distance. On ne prive pas un.e TDS de son droit à se protégé.e et à être entouré.e : illégaliser la consommation du travail du sexe, rendre n’importe quel soutien autour des TDS proxénète selon la loi précarisante, filer une alloc de merde à 350€ aux gens qui arrêtent le travail du sexe et dépendant de la validation de la préfecture, c’est une honte : c’est inutile, dangeureux, isolant, ça n’aide personne.
C’est de la merde !

Et surtout, on ne prive pas les TDS de leurs accès à un droit du travail digne parce qu’on est pas foutu de faire la différence entre agression et travail, entre exploitation sexuelle et travail du sexe ! et que vive l’autonomie des luttes des TDS !

Honte aux abolos, que crève votre discours pétés, et que vive l’autonomie des luttes des putes !

TDoR 2024 – Prise de parole

Texte de notre prise de parole au TDoR 2024 à Rennes

En cette journée de commémoration de nos morts et mortes, nous savons que la tristesse est la première émotion qui nous vient. Bougie, couronnes de fleurs… On repense à celleux qu’on a perdu-e-s, celleux qui sont passés pas loin, et aux deuils à venir.

Vivre Trans, c’est vivre avec la connaissance que nous, nos proches et/ou nos adelphes seront opprimé-e-s, agressé-e-s, humilié-e-s, régulièrement assassiné-e-s.

350 d’entre nous tués en un an. Parmi ces victimes, un peu moins de la moitié étaient Travailleureuses du Sexe. Une propotion qui diminue graduellement chaque année depuis 2008. Non pas qu’ils tuent moins les TDS, les assassins s’attaquent surtout de plus en plus à d’autre catégories. De plus, beaucoup des victimes sont jeunes, 1/3 avait entre 31 et 40 ans. 1/4 entre 19 et 25 ans. Également, 15 mineurs assassinées.

Toujours plus de mortes, et pourtant les situations sont si familières : Essentiellement des femmes trans non-blanches et notamment noires. Près d’une sur deux travailleureuse du sexe.

Et comment être surprise quand partout dans le monde, notamment occidental, le fascisme gonfle, avance, prend le pouvoir. C’est lui, le fascisme, qui peint toujours une cible dans le dos des mêmes : femmes, TransPédéGouineInter, travailleuses du sexe, personnes racisées.

C’est en s’appuyant sur ses piliers du patriarcat et du racisme que cette idéologie mortifère nous marginalise, fait de nous des bizarres, des innacceptables,.. des queers.

Mais bien souvent aussi, des dispensables, des dérangeantes… des dérangées. Toustes le savent bien : dans nos communautés de marginalisé-e-s, il y a beaucoup de personnes handicapé-e-s, beaucoup de personnes folles. Aujourd’hui, extrême centre, néo-libéraux et fascistes travaillent main dans la main pour organiser la mise au travail de gré ou de force. Une nouvelle « loi immigration » annoncée pour 2025. La violence contre les pauvres en criminalisant toujours plusse les SDFs et les squatters notamment. Aux handicapées rejetées par un monde du travail toujours plus violent, le gouvernement entend proposer le suicide, avec l’appuie même des forces politiques de gauches.

Des année-e-s qu’on hurle : « plus jamais ça ! », « assez ! », « pas une de plus ! ».

Chaque année il est de plus en plus clair que ni nos cris, ni nos larmes, ni notre sang ne les feront bouger. Il n’y a rien à attendre des institutions qui au mieux nous donnent moins que des miettes.

Alors pour avancer, il faudra aussi s’attaquer au validisme et au sanisme.

Trêve de constat. Maintenant on fait quoi ? Répondons à l’unisson : ORGANISONS-NOUS !

Il est plus que jamais urgent de donner de la substance au mot communauté que nous utilisons toustes tant. C’est par l’auto-gestion que l’on gère le mieux nos transitions médicales. Par l’autonomie dans le TDS que l’on trouve notre subsistance. C’est dans la solidarité que réside notre résilience. C’est dans le collectif qu’éclot notre pouvoir.

Et puis, sortons les crocs !

A force de voir les mêmes atrocités se reproduire, voire empirer, sans rien pouvoir y faire, on sombre. On doit réussir a attaquer ceux qui nous attaquent. On doit cibler nos objectifs, savoir pourquoi on les attaque, et y aller fort pour ne plus laisser exister ce qui nous tue. Le 25 novembre au soir, attaquons la Nuit du Bien Commun, un événement de milliardaires anti-IVG, anti-trans, qui vient tranquillement diffuser ses idées morbides à Rennes. Attaquons les pseudos soignant.es qui nous pourrissent la vie et nous empèchent d’aller mieux quand le monde nous déboite trop : médecins, psychiatres, endoc’… on a toustes des expériences de merde avec certain.es d’entre eux… Alors empêchons les de continuer à agir de la sorte !

Attaquons les collectifs abolitionnistes, qui foutent dans la merde les plus précaires de nos communautés : Amicale du Nid, Osez le Féminisme, ça dégage de Rennes !

Attaquons le racisme systémique et ceux qui le représentent, ceux qui valident et utilisent les frontières pour arme d’oppression des personnes racisé.es !

Attaquons Thales, Carrefour, qui soutiennent un
génocide de masse, attaquons Apperé qui laisse
les migrant.es à la rue !

A nos ennemis : ne confondez pas nos larmes avec de l’impuissance. Sous notre tristesse bouillonne la rage de changer cette société dégueulasse qui nous marginalise et voudrait nous voir nous cacher, sinon disparaître. Nous ne sommes pas des victimes par essence. A leur projet politique infecte, nous répondrons par la force de l’organisation et de la solidarité.

Nous sommes Queer, vénères et révolutionnaires.

Votre monde tombera.
Nous le démantèlerons.
Brique par brique, mur par mur…

Tremblez, on arrive.

Rassemblement de lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles, 2024

prise de parole, 19 Novembre 2024

Le 2 septembre dernier s’ouvrait le procès de l’affaire des viols de Mazan, qui a légitimement pétrifié une partie de la France et toute personne engagée contre les VSS.
Comme beaucoup de gens, on a été horrifié par la gravité et l’ampleur des faits, mais on peut pas dire qu’on a été réellement surpris. Ni par le profil des accusés : des mecs blancs, de tout âge, de toute professions, des pères de famille, des gars bien inserés. Ni par leurs justifications : pour eux, Gisèle Pélicot n’existait pas, elle n’était que la propriété de son mari.

Quoi de plus banal dans un pays structuré par le patriarcat, où nous avons tous et toutes en héritage les schémas de pensée qui ont permi ça. On est tous et toutes tributaires d’institutions qui ne nous ont jamais détrompé sur le droit des hommes à posséder les femmes.

Les représentants de l’extreme droite, si pressés d’instrumentaliser chaque fait divers dans leur agenda raciste, n’ont pas eu grand chose à dire sur l’affaire des viols de Mazan. Ils et elles se sont réveillées un mois plus tard après le viol et le féminicide de Philipine Le Noir de Carlan, parce que son meurtrier présumé est marocain.

L’extreme droite et son effroi à double standard, en fonction de la race de l’agresseur, et des valeurs conservatrices qu’elles défendent, c’est quelque chose qui s’observe en permanence. Les 100 autres feminicides de l’année qui se sont fait dans le cadre de l’institution famille qu’elles cherissent tant, ça passe. Les milliers de cas d’inceste et de pedocriminalité ou la bourgeoisie est sur représentée, ça passe aussi pour elles. Les VSS sur les queer, les putes, les racise.es, elles s’en tapent. Les mecs blancs qui violent leurs meufs, leur potes, une inconnue mise a leur disposition par son mari, rien à branler. Leur beurre, c’est les agressions de rue faite par des « barbares », et elles ne parleront que de ça. Elles diront quil faut respecter les OQTF, sous entendu, virons le de France, les femmes hors de la France blanche on sen fout.
Mais ça, c’est la partie immergée du problème. La partie que nous, ici, on arrive à voir facilement.

Ce racisme de fond dans les luttes contre les VSS, c’est un fait concret qu’il faut attaquer !
Dans les institutions d’abord, des petites questions toute bête : pourquoi la justice française, pour des mêmes faits au même niveau de preuve, condamne bien plus les personnes racisées, et encore plus les personnes étrangère ? Pourquoi les stats du ministère de l’intérieur sont axées sur l’enjeu de l’immigration ? Pourquoi pas sur la pauvreté par exemple, ou bien le genre ? Pourquoi Macron, même hors stats, dit qu’il est visible que ce sont des étrangers qui agressent dans les transports en commun ? Pourquoi les flics surcontrolent et surinterpellent les personnes racisées ? Pourquoi la seule solution proposée par l’état dans la lutte contre les VSS, c’est un enfermement raciste dans des prisons raciste avec des matons racistes ?

Et puis, à gauche, chez nous les féministes, les LGBTI+, pourquoi on se fait pigeonner sans répondre à ces stats et arguments pourris ?? Pourquoi on laisse exister cette idée que les racisé.es produisent plus d’agression ? Pourquoi parfois même on en arrive à la légitimer en la justifiant par un essentialisme de classe ou évoquant la « santé mentale » : en disant « Oui mais vous savez, ils sont très précaires, ils ont vécu beaucoup de violence, alors ça s’explique ». Pourquoi on continue à revendiquer des peines plus lourdes alors qu’on sait que ça sert à rien pour changer la société et que ces peines sont mises en place avec des critères racistes ? Pourquoi on attaque pas frontalement les biais racistes dans nos pensées : la peur de groupe de gars racisé dans la rue, la pensée que l’Islam amène forcément au patriarcat conservateur, la croyance d’une sur-virilité chez les arabes et les noirs, en somme : la pensée les gars racisés ont une culture patriarcale plus forte.
On doit être capable de dire deux choses : de une, c’est faux que les racisé agressent plusse : pour les mêmes faits, aux même preuves, ils sont plus contrôlés, plus interpellés, moins bien défendus en justice et donc plus condamnés.
De deux, que le fond du problème c’est le patriarcat et de façon générale, les rapport de domination et d’oppression : une agression, c’est avant tout une prise de pouvoir. Sur le corps des meufs, des trans, des pede, des gouines, des personnes inter. Le viol et le meurtre de Phillipine, c’est l’expression extrême du patriarcat, du pouvoir de vie et de mort qu’a un homme cis het sur une meuf. Abolir le patriarcat, et les rapports d’oppression, c’est abolir un système de pouvoir. Et la prison ne change pas les systèmes de pouvoir, elle les renforce. Visibilisant ceux qu’elle enferme et masquant tout le reste renvoyé au banal, au quotidien.

Nombreuses sont les féministes, et toutes les personnes choquées par ce qu’à subit Gisèle Pélicot, à vouloir voir la justice rendue à sa juste mesure. Nombreuses parmi les personnes qui ont un jour été concernées, comme victime ou proches de victime de VSS, ont été ou sont toujours traversé par des désirs de punition exemplaires pour leurs agresseureuses, voir de vengeance. Ces affects sont légitimes.
Mais est-ce que c’est vraiment ça, rendre justice ? Est-ce qu’une amende répare, est-ce que la prison guérit ?
Puisque ce sont nos frères, nos pères, nos fils, nos collègues qui nous agressent et qui nous tuent, faudra t-il tous les enfermer pour vivre enfin en paix ?

TDoR 2023 – Prise de parole

Les politiques guerrières, fascisantes et colonialistes sont transphobes.

Les luttes décoloniales et anti-impérialistes peuvent libérer et sauver des personnes trans.

Imaginez.

Des cadres de vie bouleversés par la guerre. Des vies trans et enbies bouleversées par la guerre. Pour les personnes transfems, il y a le risque qu’elles-se fassent enrôler pour le front. Parmi les hommes, cis bien entendu. Une société patriarcale attend d’être à genoux avant de confier sa défense à des femmes. Mais elles seront des femmes, trans, subissant la transphobie de leurs « frères d’armes*, et les horreurs de la guerre.

Mais même en n’étant pas envoyé-es au front nos adelphes subissent les bombardements, les rationnements, notamment sur les médicaments, les lois martiales, et les réactions LGBTIphobes émergeant ou s’amplifiant.

Leurs existences sont de toute manière instrumentalisé-es, tout autant par des camps politiques se prétendant leurs défenseurs mais qui n’ont en tête que du pinkwashing nationaliste pour faire d’elleux des bon’nes patriotes ; que par des camps politiques les étiquetant comme adversaires intérieur-es comme exterieur’es, déviant’es, ennemi-es des valeurs traditionnelles et de la Patrie. Intégrismes religieux et discours déshumanisants sont toujours bien pratiques pour justifier des pires sévices. Flicage, exclusion de l’espace public, thérapies de conversion, ou pire encore. Nos adelphes craignent pour leur vie, pour la vie de leurs proches, iels craignent l’occupant et ses exactions. Iels craignent l’occupant et ses velléités colonisatrices.

Car le colonialisme n’apporte que fractures et violences malgré ses prétentions d’apport du progrès, d’une bonne morale, voire de “civilisation », tant qu’il y est. Il instrumentalise à nouveau l’existence de nos adelphes trans, pour assoir sa domination. Soit il se sert d’elleux comme tokens pour déshumaniser un peuple, ou les présentent comme des êtres à sauver de leur propre peuple ; soit il encourage la transphobie à leurs égard et c’est alors elleux qui sont déshumanisé-es.

Le colonialisme n’est jamais émancipateur, malgré ses plus beaux masques et images de propagande pailletés. Il peut autant effacer l’existence des trans et plus largement des LGBT, comme il peut opposer nos adelphes : entre colons et colonisé’es, bon’nes trans, mauvais-es trans, civilisé-es, sauvages.

Le LGBT colon, il vient en soldat poser fièrement, drapeaux arc-en-ciel à la main, sur les ruines d’une ville qu’il vient raser, après avoir massacré sa population.

Parmi cette population : des queers, des trans, nos adelphes: Voilà à quoi ressemble la libération LGBT promise par le colon se prétendant défenseur des LGBT, qui les écrase sous ses bombes “Au nom de l’Amour”.

Mais revenons aux personnes trans. Imaginons qu’elles parviennent à fuir leur pays en guerre, et qu’elles se retrouvent à la frontière, face aux gardes, présentant leurs papiers. Que leur identité, prénom et genre soient à jour ou non sur leurs papiers, nos adelphes risquent les humiliations, le rejet, les violences. C’est systématique. C’est déjà la merde les papiers quand t’es trans, alors imaginez pour les trans réfugié’es, avec ou sans papiers.

Qui sait, cette violence ou les politiques internes du pays à passer les forceront à la clandestinité. Et après le passage des frontières, si elles parviennent à les passer, les galères continuent. L’enfer administratif que rencontrent toute personne exilée est à nouveau plus complexe avec des papiers mal adaptés, quand papiers il y a. Les violences administratives, qu’elles soient d’ordre racistes, transphobes, ou les deux, la violence des camps de réfugié’es, etc, nos adelphes les subissent tous les jours.

Imaginez, les flics qui les traquent, les contrôlent, et peuvent de-les jeter dans un CRA, un Centre de Rétention Administrative. C’est un joli nom pour parler de camp de concentration pour personnes exilées avant leur expulsions vers le pays qu’elles ont fui. Si ces gens ont quitté-leur pays c’est bien souvent pour y fuir la guerre, la répression, et bien souvent dans le cas de nos adelphes, les LGBTIphobies, et dans le cas des personnes trans, la transphobie.

Oui des adelphes sont expulsé-es vers la mort, c’est une réalité. Les frontières et les politiques migratoires tuent. En cela les frontières et les politiques migratoires, non contentes d’être racistes et assassines, sont LGBTIphobes, et transphobes.

Et même si ces adelphes exilé-es arrivent à rester sur le territoire, voire parviennent à être régularisé’es, iels ont tout risque de subir les politiques fascisantes qui font leurs choux gras dans bien des pays dits progressistes, développés, en paix. Les tafs précaires, les agressions de rue sont le quotidien des trans exilé-es. Leurs taf et leurs capacités de revenus sont attaquées et complexifiées. Les rares lieux, réseaux et communautés de soutien existant seront souvent ignoré-es par beaucoup de gens. Nos adelphes sont délogé-es quand les flics viennent expulser leurs camps de fortune avec la violence policière qu’on leur connaît, ou quand-ces mêmes sales flics viennent péter les squats queers qui offraient un peu de logis et de soutien. Nos adelphes ont moins sinon pas du tout accès aux réseaux de soin et de santé, et ça les met d’autant plus en danger et en détresse.

Toutes les politiques répressives envers les exilé-es sont transphobes, parce que les populations trans ont bien des raisons de vouloir fuir et passer des frontières dans l’espoir d’une vie meilleure.

Toutes les politiques participant au maintien et au renforcement de nouvelles frontières sont des attaques directes contre nos adelphes. Chaque mur, chaque rideau de fer, chaque grillage barbelé ainsi financé est une attaque odieuse envers les nôtres.

Les guerres impérialistes forçant des populations à l’exil pour échapper à la mort, tuent aussi nos adelphes. Les propagandes impérialistes les tuent une deuxième fois en niant leur existence, ou en capitalisant dessus pour justifier de leurs politiques guerrières.

La lutte contre les frontières, contre le racisme, le colonialisme et les impérialismes sont vitales peuvent participer à libérer les personnes trans colonisé-es, exilé-es, subissant les horreurs des guerres qui les tuent. Les politiques guerrières, fascisantes et colonialistes sont transphobes. Les luttes décoloniales et anti-impérialistes peuvent libérer et sauver des personnes trans. A nous de construire, encourager, soutenir et faire vivre un décolonialisme prenant en compte la libération des queers et des trans.

Nous voulons attirer votre attention sur les personnes trans et non-binaires qui existent partout, et qui loin de nous souffrent et meurent aussi. Nous ne voulons pas qu’elles soient oubliées et invisibilisées. Enfin, nous souhaitons aussi condamner l’homonationalisme, la récupération de nos luttes par l’extrême-droite permettant à certaines personnes LGBT d’en écraser d’autres.


TDoR 2022 – prise de parole

prise de parole, 20 Novembre 2022

La journée du souvenir des transgenres a été organisé pour commémorer celleux qui ont été tués par haine ou préjugé anti-transgenres. L’événement a lieu en novembre pour honorer Rita Hester, dont le meurtre le 28 novembre 1998 a lancé le projet web « Remembering Our Dead » et une veillée aux chandelles à San Francisco en 1999. Le meurtre de Rita Hester – comme la plupart des cas de meurtres anti-transgenres – est encore à résoudre. Le 20 novembre nous commémorons nos mort.e.s assasiné.e.s par le système cissexiste et capitaliste (discrimination à l’embauche, préjugés, agressions, violences médicales, etc).

Ce système cisexiste va induire une surmortalité des personnes trans : meurtres, suicides, maladies non prise en charge, etc. En 2021, le projet Trans Murder Monitoring estime que 375 personnes trans ont été tuées au cours de l’année, dans 98% des cas les victimes sont des femmes trans bien souvent TDS (près de deux tiers d’entre elles), racisées et migrantes. En effet le taux de tentative de suicide chez les femmes trans est effarant puisque la moitié d’entre elles passent à l’acte et 85% des femmes trans ont des pensées suicidaires ce qui est 10 fois plus que la moyenne chez les femmes cis. Cet acte, pas anodin, est induit par les violences transmisogynes : harcèlement de rue, agressions, discrimination à l’embauche (62% sont des victimes de harcèlement au travail, 27% de licenciement abusif), difficulté à accéder à un logement 1/4 des personnes trans se sont faites refuser un logement à cause de leurs transitudes), mise à la rue (60% des femmes trans sont en rupture familiale et 20% ont été victimes de violences physique au sein de cette sphère), etc.

Ces violences répressives restreignent l’accès à l’espace public induisant un isolement massif des personnes trans et empêchent de nombreuses femmes trans à s’insérer professionnellement. Face à cette précarisation 20% d’entre elles se tournent vers  le TDS, cependant la loi de pénalisation des clients des TDS voté en 2016 les précarisent davantage et a augmenté le nombre de leurs assassinats.

C’est le cas d’Ivana, une femme trans péruvienne TDS qui fut assassinée en septembre 2021. Le cisexisme, la transmisogynie, le racisme, la putophobie conduisent à une déshumanisation, une précarisation et un isolement de sorte que des meurtres comme celui d’Ivana peuvent se produire dans l’indifférence. Le système médical étatique, adaptée aux corps des hommes cis blac, maltraite les personnes trans : la santé des femmes trans se dégrade de manière exponentielle par rapport à celles des femmes cis, 20% des personnes trans se voient refuser des soins médicaux en raison de leurs transitudes, les parcours de transition sont toujours psychiatrisés et la majorité des parcours de transitions sont gérés par la structure ouvertement transphobe Trans-Santé (anciennement SoFECT et FPATH).

Les personnes trans font aussi face à des violences juridiques : pour changer son état civil il est toujours obligatoire de passer devant un tribunal de grande instance et jusqu’en 2016 il fallait être stérilisé.e pour cela. De même, en 2020, la cour de cassation maintient pour des raisons arbitraires l’interdiction pour les personnes trans de se reproduire. L’Etat policier transmisogyne violente, mutile et tue les personnes trans notamment les femmes trans racisées : elles sont 3,7 plus à risque d’être victime de violences policières, 7 fois plus sujet à des violences physiques lors d’interaction avec la police, elles sont toujours bien souveent incarcérées dans les prisons pour hommes ou elles sont exposées à des violences cisexistes, sexuelles, physiques, médicales (refus d’accès à des soins et aux produits de première nécessité) par les matons, les flics ou les codétenus.

Celles qui sont sans papier et/ou migrantes sont confrontées à des violences administratives extrêmes et souvent renvoyées à une mort quasi-certaine par l’administration française et ce, après avoir été enfermées dans des CRA (centre de rétention administrative).

Le cisexisme est ainsi un système structurel organisé qui maintient et encourage la peur, la haine, le harcèlement, les meurtres et les agressions des personnes trans. Il suffit de voir comment les femmes trans sont représentées médiatiquement : comme des personnes dangereuses et/ou repugnantes. Les discours réactionnaires, les politiques de casse sociales et de réduction des budgets dans les services publics (notamment du chômage) précarisent davantage les personnes trans et les poussent à la mort. Les personnes trans sont affichées par les réactionnaires comme le nouveau danger à l’équilibre social français. Iels sont dépeintes comme des bêtes de foires, des objets sexuels, sans aucune possibilité d’exposer une vision contraire.

Personnes trans assassiné.es, état complice.

Un texte avait été écrit pour une personne trans suicidée, il se fini par cette phrase :

« Nous ne voulons plus compter nos mortes. Nous voulons pouvoir serrer les vivantes dans nos bras et rire avec elles sans craindre  de les voir partir du jour au lendemain, tuées par le système. »