Session d’accueil, Février 2025

On lance une session d’accueil

Pendant tout le mois de février, on organise l’accueil de nouvelles personne dans le collectif : moment d’accueil interperso, formations, discussions sur les trucs qui t’intriguent dans le collectif, etc…

Cette année, la FRAP a décidé de plus accueillir les gens dans le collectif n’importe quand ! On avait l’impression qu’on arrivait pas a bien accueillir, former et mettre en confiance les gens qui entraient dans le collectif !

Du coup, après la session d’accueil de septembre, on lance un nouveau moment pour accueillir des gens ce mois de février ! L’idée, c’est vraiment que dès mars, tu puisse te sentir de proposer des trucs à tout le monde, et comprendre ce qui se fait dans le collectif !

Cette année, la FRAP a décidé de plus accueillir les gens dans le collectif n’importe quand ! On avait l’impression qu’on arrivait pas a bien accueillir, former et mettre en confiance les gens qui entraient dans le collectif !

Du coup, après la session d’accueil de septembre, on lance un nouveau moment pour accueillir des gens ce mois de février ! L’idée, c’est vraiment que dès mars, tu puisse te sentir de proposer des trucs à tout le monde, et comprendre ce qui se fait dans le collectif !

Et puis, on a déjà pas mal avancé sur nos envies jusqu’à juin, alors histoire que t’ais un avant goût :

  • Ecriture d’un texte antipsy sur comment se demerder quand on est zinzin
  • Diffusion d’un texte sur la gestion des agressions dans les milieux de gauche
  • Cortèges dans des manifs (Pride, …)
  • Mois anti-repression : déplacement collectif, boxe libre, formation et discussion sur les outils répressifs
  • Orga de grosses fêtes pour donner des thunes à des groupes qui en ont besoin !

Et tout plein d’autres trucs mais t’en sauras
plus si tu vieeeens !

Allez, on s’attrape !

Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux travailleurs du sexe, 2024

prise de parole, 17 décembre 2024

L’autonomie, c’est un truc qu’on porte à la FRAP. C’est l’idée qu’on attend personne pour changer nos propres situations. Qu’on va pas demander l’autorisation à qui que ce soit pour faire en sorte de vivre mieux, plus dignement. Qu’on va pas laisser nos ennemis diriger nos vies en attendant qu’on ait un peu gagné du terrain.

L’autonomie, c’est sûrement un des trucs qui nous lie le plus aux luttes des putes. On a des accords sur le fond bien sur, et puis on vit des oppressions similaires entre queer, putes, salopes, bizarres. Le rejet, le dénigrement, l’infantilisation, les violences vénères, on a ça en commun. Et puis y’a beaucoup de gens qui sont Trans-Pédé-Gouines-Inter (TPGI) et putes, parce que l’accès à un taff qui paye bien et où ton patron et tes collègues te chient pas dessus, c’est pas ce qu’il y a de plus simple quand t’es TPGI. Alors pute c’est un choix qui se tient. Et ne voir que des victimes parmi les TDS, c’est infantilisant, insultant, et une erreur.

Le pont entre nous et les luttes des putes se fait aussi dans l’approche collective. Parce qu’en vrai, y’a pas de lutte plus autonomistes que celles des putes. Dans ces luttes, ça bosse ensemble, ça crée des réseaux d’entraide et de solidarité, ca casse les couilles aux gens qui nous font chier, ça parle a toustes les putes. Ça attaque, ça se défend, ça massifie. Et puis surtout, ça le fait sans attendre l’autorisation de personne, ni la validation de la gauche molle et des féministes trop prudes, ni le changement d’un système pourri. Ça impose ses choix, ça gagne en légitimité dans la gauche politique par la force des solidarités et de l’argumentaire,sans attendre le réformisme et ça bouge le système patriarcal.

Les luttes des putes sont un vrai exemple d’autonomie, c’est un modèle qu’on aime, qu’on veut défendre et qu’on portera ensemble !

On le portera ensemble jusqu’à ce qu’on ait créé des vrais réseaux de solidarité qui tiennent la route et qui soient accessibles à toustes. C’est pas l’État qui nous aidera, on le fera par nous même : on se filera du matos de santé sexuelle, on prendra soin des gens qui ont vécu des agressions de merde, on se nourrira ensemble quand c’est la dèche, on s’hébergera quand on se fera virer de nos apparts.

On portera ensemble l’autonomie en y invitant tous les gens à qui ça parle. On s’ouvre, on se forme, on s’apporte, et on laisse personne sur le côté. C’est trop facile de parler de massification quand ta masse compte pas les queer, les bizarres, les racisé.es, les handis, les marginaux, les putes. On laisse personne sur le côté, on bosse ensemble, et on fait en sorte que ça marche.

On portera ensemble l’autonomie jusqu’à ce que nos ennemis tombent. Les abolos, elles sont plusse financées, ont des meilleures places dans les sphères de pouvoir. Mais nous on a la force du vécu, de la réflexion, de l’entraide. On a pas leur pouvoir, mais on est pas démunies. On démontera leur discours jusqu’à ce qu’elles soient forcer d’assumer qu’elles sont des féministes en carton animées par des valeurs conservatrices rabougries. Et on les virera de leurs espaces de pouvoir qui leur offre le droit de mépriser des putes. On se débrouillera ensemble, pour faire que celleux qui veulent arrêter le travail du sexe puissent le faire. Pour faire que celleux qui doivent sortir de l’exploitation sexuelle et de la traite d’humain soient soutenues. Mais aussi, pour que celleux qui veulent continuer puissent travailler dans les meilleures conditions.

Tant qu’on aura pas aboli le capitalisme, on ne prive pas une personne de son taff et de son salaire parce qu’il est issu du patriarcat. Sinon soyons cohérent : interdisons d’être d’ouvrier d’usine, c’est capitaliste et productiviste, interdisons d’être auxiliaire de vie, c’est patriarcal, validiste et raciste.

On ne prive pas les plus précaires d’un des seuls taff accessibles : daronnes seul.es, étudiant.es, migrant.es, racisé.es, handis, fols, sont sur-représentées dans le travail du sexe parce que c’est un des seuls taffs qui donne une rémunération suffisante, sans études, avec peu de temps de travail en direct et beaucoup d’heure à distance.
On ne prive pas une pute de son droit à se protéger et à être entourée : illégaliser la consommation du travail du sexe, rendre n’importe quel soutien autour des TDS proxénète selon la loi, filer une alloc de merde à 350€ aux gens qui arrêtent le travail du sexe et dépendant de la validation de la préfecture, c’est une honte : c’est inutile, dangereux, isolant et ça n’aide personne. C’est de la merde ! Et surtout, on ne prive pas les putes de leurs accès à un droit du travail digne parce qu’on est pas foutu de faire la différence entre agression et travail, entre exploitation sexuelle et travail du sexe !

Honte aux abolos, que crève votre discours pétés, et que vive l’autonomie des luttes des putes !

TDoR, 2024

prise de parole, 20 Novembre 2024

En cette journée de commémoration de nos morts et mortes, nous savons que la tristesse est la première émotion qui nous vient. Bougie, couronnes de fleurs,… On repense à celleux qu’on a perdu-e-s, celleux qui sont passés pas loin, et aux deuils à venir. Vivre Trans, c’est vivre avec la connaissance que nous, nos proches et/ou nos adelphes seront opprimé-e-s, agressé-e-s, humilié-e-s, régulièrement assassiné-e-s. 350 d’entre nous tué en un an.

Parmi ces victimes, un peu moins de la moitié était Travailleuse Du Sexe. Une propotion qui diminue graduellement chaque année depuis 2008. Non pas qu’ils tuent moins les TDS, les assassins s’attaquent surtout de plusse en plusse à d’autre catégories. De plus, beaucoup des victimes sont jeunes, 1/3 avait entre 31 et 40 ans. 1/4 entre 19 et 25 ans. Egalement, 15 mineurs assassinées.

Toujours plusse de mortes, et pourtant les situations sont si familières : essentiellement des femmes trans non-blanches et notamment noires. Près d’une sur deux travailleureuses du sexe. Et comment être surprise quand partout dans le monde, notamment occidental, le fascisme gonfle, avance, prend le pouvoir. C’est lui, le fascisme, qui peint toujours une cible dans le dos des mêmes : femmes, TransPédéGouineInter, travailleuses du sexe, personnes non-blanches. C’est en s’appuyant sur ses piliers du patriacat et du racisme que cette idéologie mortifère nous marginalise, fait de nous des bizarres, des innacceptables,.. des queers.

Mais bien souvent aussi, des dispensables, des dérangeantes,… des dérangées. Toustes le savent bien : dans nos communautés de marginalisés, il y a beaucoup de personnes handicapé-e-s, beaucoup de personnes fols. Aujourd’hui, extrême centre, néo-libéraux et fascistes travaillent main dans la main pour organiser la mise au travail de gré ou de force. Une nouvelle « loi immigration » annoncée pour 2025. La violence contre les pauvres en criminalisant toujours plusse les SDFs et les squatters notamment. Aux handicapées rejetées par un monde du travail toujours plus violent, le gouvernement entend proposer le suicide, avec l’appuie même des forces politiques de gauches. Alors pour avancer, il faudra aussi s’attaquer au validisme et au sanisme.

Des année-e-s qu’on hurle : « plus jamais ça », « assez », « pas une de plusse ». Chaque année il est de plusse en plusse clair que ni nos cries, ni nos larmes, ni notre sang ne les fera bouger. Il n’y a rien a attendre des institutions qui au mieux nous donnent moins que des miettes.

Trève de constat. Maitenant : on fait quoi ? Répondons à l’unisson : organisons-nous. Il est plus que jamais urgent de donner de la substance au mot communauté que nous utilisons toustes tant. C’est par l’auto-gestion que l’on gère le mieux nos transitions médicales. Par l’automie dans le TDS que l’on trouve notre subsistance. C’est dans la solidarité que réside notre résilience. Dans le collectif qu’éclos notre pouvoir.

Et puis, sortons les crocs. A force de voir les mêmes attrocités se reproduire, voire empirer, sans rien pouvoir y faire, on sombre. On doit réussir a attaquer ceux qui nous attaquent. On doit cibler nos objectifs, savoir pourquoi on les attaque, et y aller fort pour ne plus laisser exister ce qui nous tue.
Le 25 novembre au soir, attaquons la Nuit du Bien Commun, un événement de milliardaire anti-IVG, anti-trans, qui vient tranquillement diffuser ses idées morbides à Rennes.
Attaquons les pseudos soignant.es qui nous pourrissent la vie et nous empèchent d’aller mieux quand le monde nous deboite trop : médecins, psychiatres, endoc’, on a toustes des expériences de merde avec certain.es d’entre eux, alors empêchons les de continuer à agir de la sorte.
Attaquons les collectifs abolitionistes, qui foutent dans la merde les plus précaires de nos communautés : Amicale du Nid, Osez le Féminisme, ca dégage de Rennes !
Attaquons le racisme systémique et ceux qui le représente, ceux qui valident et utilisent les frontières pour arme d’oppression des personnes racisé.es. Attaquons Thales, Carrefour, qui soutiennent un génocide de masse, attaquons Apperé qui laisse les migrant.es à la rue !

A nos ennemis : ne confondez pas nos larmes avec de l’impuissance. Sous notre tristesse bouillone la rage de changer cette société dégueulasse qui nous marginalise et voudrait nous voir nous cacher, sinon disparaitre. Nous ne sommes pas des victimes par essence. A leur projet politique infecte, nous répondrons par la force de l’organisation et la solidarité.

Nous sommes Queer, vénère et révolutionnaires. Votre monde tombera. Nous le démantelerons. Brique par brique, mur par mur : Tremblez, on arrive.

Rassemblement de lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles, 2024

prise de parole, 19 Novembre 2024

Le 2 septembre dernier s’ouvrait le procès de l’affaire des viols de Mazan, qui a légitimement pétrifié une partie de la France et toute personne engagée contre les VSS.
Comme beaucoup de gens, on a été horrifié par la gravité et l’ampleur des faits, mais on peut pas dire qu’on a été réellement surpris. Ni par le profil des accusés : des mecs blancs, de tout âge, de toute professions, des pères de famille, des gars bien inserés. Ni par leurs justifications : pour eux, Gisèle Pélicot n’existait pas, elle n’était que la propriété de son mari.

Quoi de plus banal dans un pays structuré par le patriarcat, où nous avons tous et toutes en héritage les schémas de pensée qui ont permi ça. On est tous et toutes tributaires d’institutions qui ne nous ont jamais détrompé sur le droit des hommes à posséder les femmes.

Les représentants de l’extreme droite, si pressés d’instrumentaliser chaque fait divers dans leur agenda raciste, n’ont pas eu grand chose à dire sur l’affaire des viols de Mazan. Ils et elles se sont réveillées un mois plus tard après le viol et le féminicide de Philipine Le Noir de Carlan, parce que son meurtrier présumé est marocain.

L’extreme droite et son effroi à double standard, en fonction de la race de l’agresseur, et des valeurs conservatrices qu’elles défendent, c’est quelque chose qui s’observe en permanence. Les 100 autres feminicides de l’année qui se sont fait dans le cadre de l’institution famille qu’elles cherissent tant, ça passe. Les milliers de cas d’inceste et de pedocriminalité ou la bourgeoisie est sur représentée, ça passe aussi pour elles. Les VSS sur les queer, les putes, les racise.es, elles s’en tapent. Les mecs blancs qui violent leurs meufs, leur potes, une inconnue mise a leur disposition par son mari, rien à branler. Leur beurre, c’est les agressions de rue faite par des « barbares », et elles ne parleront que de ça. Elles diront quil faut respecter les OQTF, sous entendu, virons le de France, les femmes hors de la France blanche on sen fout.
Mais ça, c’est la partie immergée du problème. La partie que nous, ici, on arrive à voir facilement.

Ce racisme de fond dans les luttes contre les VSS, c’est un fait concret qu’il faut attaquer !
Dans les institutions d’abord, des petites questions toute bête : pourquoi la justice française, pour des mêmes faits au même niveau de preuve, condamne bien plus les personnes racisées, et encore plus les personnes étrangère ? Pourquoi les stats du ministère de l’intérieur sont axées sur l’enjeu de l’immigration ? Pourquoi pas sur la pauvreté par exemple, ou bien le genre ? Pourquoi Macron, même hors stats, dit qu’il est visible que ce sont des étrangers qui agressent dans les transports en commun ? Pourquoi les flics surcontrolent et surinterpellent les personnes racisées ? Pourquoi la seule solution proposée par l’état dans la lutte contre les VSS, c’est un enfermement raciste dans des prisons raciste avec des matons racistes ?

Et puis, à gauche, chez nous les féministes, les LGBTI+, pourquoi on se fait pigeonner sans répondre à ces stats et arguments pourris ?? Pourquoi on laisse exister cette idée que les racisé.es produisent plus d’agression ? Pourquoi parfois même on en arrive à la légitimer en la justifiant par un essentialisme de classe ou évoquant la « santé mentale » : en disant « Oui mais vous savez, ils sont très précaires, ils ont vécu beaucoup de violence, alors ça s’explique ». Pourquoi on continue à revendiquer des peines plus lourdes alors qu’on sait que ça sert à rien pour changer la société et que ces peines sont mises en place avec des critères racistes ? Pourquoi on attaque pas frontalement les biais racistes dans nos pensées : la peur de groupe de gars racisé dans la rue, la pensée que l’Islam amène forcément au patriarcat conservateur, la croyance d’une sur-virilité chez les arabes et les noirs, en somme : la pensée les gars racisés ont une culture patriarcale plus forte.
On doit être capable de dire deux choses : de une, c’est faux que les racisé agressent plusse : pour les mêmes faits, aux même preuves, ils sont plus contrôlés, plus interpellés, moins bien défendus en justice et donc plus condamnés.
De deux, que le fond du problème c’est le patriarcat et de façon générale, les rapport de domination et d’oppression : une agression, c’est avant tout une prise de pouvoir. Sur le corps des meufs, des trans, des pede, des gouines, des personnes inter. Le viol et le meurtre de Phillipine, c’est l’expression extrême du patriarcat, du pouvoir de vie et de mort qu’a un homme cis het sur une meuf. Abolir le patriarcat, et les rapports d’oppression, c’est abolir un système de pouvoir. Et la prison ne change pas les systèmes de pouvoir, elle les renforce. Visibilisant ceux qu’elle enferme et masquant tout le reste renvoyé au banal, au quotidien.

Nombreuses sont les féministes, et toutes les personnes choquées par ce qu’à subit Gisèle Pélicot, à vouloir voir la justice rendue à sa juste mesure. Nombreuses parmi les personnes qui ont un jour été concernées, comme victime ou proches de victime de VSS, ont été ou sont toujours traversé par des désirs de punition exemplaires pour leurs agresseureuses, voir de vengeance. Ces affects sont légitimes.
Mais est-ce que c’est vraiment ça, rendre justice ? Est-ce qu’une amende répare, est-ce que la prison guérit ?
Puisque ce sont nos frères, nos pères, nos fils, nos collègues qui nous agressent et qui nous tuent, faudra t-il tous les enfermer pour vivre enfin en paix ?

La team Pat-Pat gère ses casseroles

Idées et réflexions de gestion collective d’agressions

Préam-bulle

Coucou toi qui t’intéresse à la gestion des agressions dans tes milieux ! On vient te parler parce qu’on a envie d’apporter des réflexions, des idées de solutions, des outils pour mieux gérer les agressions qui se passent dans nos groupes, collectifs, espaces de vie…

Ce texte est une refonte d’un ancien protocole écrit par nous même, et qu’on a modifié suite à des retours de copaines de différents milieux islamogauchistes (de Rennes et au delà !).

Nous, c’est une équipe de gens pas mal diverse : le point commun principal c’est qu’on est de Rennes, et qu’on a fait ce protocole avec deux collectifs qui sont la FRAP (Front Révolutionnaire Anti Patricarcal) et le CRAC (Collectif Rennais Anti Carcéral). Le deuxième point commun, c’est qu’on a toustes été témoins et/ou acteurices de gestions d’agressions catastrophiques qui n’ont fait du bien à personne, et qu’on a plus envie que ça se reproduise. Et puis, on a toustes été dans la position d’auteur·ice ET dans la position de personne ciblée dans nos vies. Pour le reste, on est une équipe à majorité blanche, trans, militante de ville, psychologiquement cassée, avec plein de différences de positions sociales et donc plein de vécus différents.

Mais du coup, forcément quand on écrit un truc comme ça, ça sort de nos positions sociales donc c’est pas accessible à tout le monde ! Nous, on fait en sorte de le rendre utilisable par des groupes « de Gauuuche », plutôt pas libéraux, plutôt qui individualisent pas les agressions ni ne classent les gens comme « safe ou pas safe ». Pour le reste, que tu sois dans ton groupe de potes, ton collectif politique, ton squat, ta ZAD, voire même ton petit groupe local de parti politique, tu peux prendre ce texte comme appui ! Essayez quand même de le lire avant que votre collectif en ait besoin parce que c’est dur de se l’approprier en même temps que de gérer tout plein de trucs de soin, de séparation d’espace ou quoi que ce soit !

Bon, et dernière petite chose, tu te demandes peut-être pourquoi c’est un chat qui te raconte tout ça depuis le début ! Et ben moi, je suis lae représentant·e de la team patpat ! La team patpat, c’est l’équipe de potichats qui gère ses agressions collectivement, et qui essaye de faire en sorte que les choses se passent au mieux pour tout le monde ! Tu vas voir plein de membres de la team patpat tout au long de ce texte, et puis tu vas voir des personnages félins particuliers qui auront des rôles particuliers ! Et puis, à la team patpat, on a un humour un peu naze, on dit un peu des conneries par moments, mais on essaye de détendre l’atmosphère et de rendre plus chouette la lecture de ce texte un peu bourrin !

Voilààà ! La team patpat te souhaite une bonne lecture, et on se retrouve le long du texte pour des exemples super et des blagues un peu nulles mais quand même rigolotes !!

(la team patpat ne seras malheureusement visible que sur le format brochure final. Nous vous tiendrons au courant quand cette version sera dispo sur nos réseaux)

SOMMAIRE

  • Introduction
    • Avant une agression
      • intro de partie
      • différentes typologies d’agression
      • role de la communauté
    • Pendant une agression
      • Introduction
      • 5D
      • Harcèlement
      • Si je suis en train de produire
    • A l’annonce de l’agression
      • Recevoir la situation
      • Eviter les rumeurs
      • Eviter autant qu’on peut les call out
    • Après l’annonce de l’agression
      • Les fondamentaux et les points de vigilance
      • Gérer la personne ciblée
      • Agression / ressenti d’agression
      • Gérer la personne auteur·ice
  • Conclusion

Introduction

Bon, commençons par les constats : On a toustes été dans les positions de subir ou de produire une ou des agressions. On a toustes été témoins et/ou acteurices d’agressions et/ou de gestion nazes d’agression. On a toustes vu des relations interperso, des collectifs, des groupes, se casser a cause de ces agressions et de leurs gestions. Et on a toustes vu l’inefficacité des formes de justice punitives qui se mettent en place au moment des agressions, qu’elles soient institutionnelles ou non.

A partir de ces constats là, on tire une envie, un besoin large : on veut et on doit mieux gérer nos agressions, et faire en sorte qu’elles arrivent le moins possible.

Du coup, on s’est dit qu’on voulait proposer des réflexions et surtout des outils pratiques pour permettre de gérer au mieux ces bails. Et donc, avant de rentrer dans le vif du sujet, on doit poser quelques petites choses sur la table :

  • On ne pense pas qu’il y ait « d’essence de l’agresseur·se » et « d’essence de la victime ». Les agressions sont des problèmes systémiques, ce sont les outils violents obligatoires à la mise en place de l’exploitation, de la domination, de l’oppression. Les individus qui produisent une agression le font soit pour appliquer violemment une domination sur un individu, soit en reproduction de comportements de dominations qu’iels ont déjà vu ou vécu. En tout cas, la source principale de l’agression, c’est le système qui l’entoure.
  • On pense donc que la gestion individuelle d’une agression n’est pas suffisante : on n’apportera pas suffisamment à un individu sans changer l’espace qui l’entoure. Donc tant que le monde hors du collectif reste le même, c’est cool de gérer a la fois les individus (prendre soin de la personne ciblée, bosser avec la personne autrice d’agression pour changer des trucs…), et le groupe (créer une culture commune qui ne se base plus sur l’exploitation pour exister, se donner des conseils de consentement…)
  • On n’écrit pas un texte moralement juste : gérer des agressions, c’est pas éthiquement super, c’est dur, c’est pas juste, c’est pas valorisant, ça demande de faire des pas de coté par rapport à son éthique perso qui sont pas faciles… avec ce texte, on essaye de proposer des trucs, qui peuvent être plus ou moins utiles, mais qui en aucun cas ne sont bons ou mauvais.
  • On ne parle pas de conflits : les désaccords politiques, interpersonnels, qui n’amènent pas à des agressions mais à des tensions / émotions vives, on a choisi de pas les gérer ici. Mais si ces conflits amènent a des agressions répétées et / ou violentes, les situations sont à gérer en tant qu’agressions.

A partir de la, on a voulu écrire un texte qui se découpe en 4 grandes parties:

1 – Avant l’agression

2 – Pendant l’agression

3 – A l’annonce de l’agression

4 – Après l’anonce de l’agression

Bonne lecture !

Mise en garde ce texte ne prend pas en charge les agressions lourdes, genre torture, séquestration, et on ne souhaite pas qu’il soit utilisé pour se laver les mains d’agression hard ou d’agression de la part de tocards politiques

Avant l’agression

intro de partie

Bon, une agression, ça ne sort pas de nulle part. Comme on l’a dit, ca s’ancre dans un fonctionnement social pétri de violences, d’oppressions systémiques, d’exploitation, etc… Donc, même si on va évidemment parler plus tard de comment on gère une agression une fois qu’elle a lieu, là on va d’abord se pencher sur ce qui se passe avant une agression. L’idée, c’est de réflechir aux rouages qui amènent à des agressions, et comment les bloquer pour éviter au maximum qu’elles aient lieu.

Une agression reproduit toujours un rapport de pouvoir, souvent ancré dans un système d’oppression, d’exploitation, de domination, pour en tirer un intérêt. L’auteur·ice d’agression peut directement avoir intérêt à produire une agression sur une personne opprimée (un mec cis het qui siffle une meuf ou un·e queer dans la rue, ça lui permet de garder le controle sur la rue + sur le corps des meufs et queer).
Mais, iel peut aussi reproduire une violence systémique sans être dans une position de force dans le rapport d’oppression. Ça peut etre pour créer du rapport de force directement contre des personnes qui les opprime (personne rebeu qui tape un facho).

Ça peut aussi être pour gagner du pouvoir sur des personnes qui sont dans la même situation d’oppression que soi (personne trans qui tacle le passing d’une autre personne trans pour se valoriser). Enfin, il y a aussi des agressions qui ont un intérêt pour la personne autrice, mais qui ne sont pas des intérêts basés sur une oppression systémique (dépassement de consentement dans une relation aux mêmes échelles d’oppression)

La compréhension d’une agression, c’est intéressant de la faire selon le rapport de hiérarchie entre les gens qui sont dans la situation. Ça aide à comprendre pourquoi l’agression a eu lieu si jamais elle est déjà passée. Et puis, si jamais il n’y a pas encore eu d’agression, ça permet de mieux essayer d’éviter que des agressions se passent.

Un truc qui aide pas mal à éviter les agressions dans un milieu, c’est d’essayer de capter au plus vite c’est quoi les dynamiques d’oppressions, de pouvoir, d’intérêts contraires, qui peuvent exister dans un collectif. 

Est-ce qu’il y a des risques de racisme / sexisme / validisme / … ?
Si oui, de quel type ?

  1. Racisme ordinaire (blagues, exotisation…)
  2. Non-prise en compte des besoins spécifiques
  3. Habitudes de contact physique sans consentement
  4. VSS passées dans le collectif sans gestion
  5. Cohabitation entre communautés ultra différentes (migrant·es + queer blanc·hes + vieux·vieilles blanc·hes du monde associatif)

Est-ce que le milieu est accessible aux personnes neuroatypiques ?

Est-ce qu’il y a des gens qui dirigent le groupe, ont une grande influence sur les décisions ?

Est-ce des personnes ont des intérêts contraires à participer au collectif ?

  1. Certain·es ne veulent pas de mec cis dans leur espace, d’autres veulent y inclure les mec cis pédé
  2. Certain·es ont des objectifs d’intégration, d’autres révolutionnaires
  3. Certain·es veulent légaliser un lieu, d’autres le maintenir hors légalité

Etc…

différentes typologies d’agression

Ensuite, pour réussir à voir si des agressions se produisent ou peuvent se produire, faut aussi capter qu’il y a différents types d’agressions

  • Nature :
    • Physique (un coup de poing, une gifle…)
    • psychologiques (menaces, insultes, dénigrement etc…)
    • matériel (vol, destruction d’un bien…)
    • etc…
  • Individuelle ou Collective 
    1. 1 personne cible et 1 auteuri·ce d’agression
    2. 1 personne cible et 5 auteuri·ces d’agressions
    3. 5 personnes cibles et 1 auteuri·ce d’agression
    4. 5 personnes cibles et 5 auteuri·ces d’agressions
  • Unilateral / Multilateral :
    1. Unilatéral: sur 2 personne. L’une est a 100% auteur·ice d’agression. L’autre est a 100% personne cible
    2. Multilatéral: – sur 2 personne, une est a 50% auteur·ice d’agression et 50% personne cible. L’autre est 50% auteur·ice d’agression et 50% personne cible.
    3. sur 2 personne, une est a 75% auteur·ice d’agression et 25% personne cible. L’autre est 25% auteur·ice d’agression et 75% personne cible.
  • Agression (Action consciente ou non, qui blesse de manière psychologique ou physique et/ou qui dépasse/ne respecte pas les limites de quelqu’un.e.) ou Micro-agression (comportement ou propos d’apparence banal, qui provoque des dégats psychologiques sur l’individu ciblé, et entretiens des systemes et dynamiques d’oppression)
  • Ponctuelle (une insulte raciste, directement prise en charge. L’agression est localisée dans le temps) / Répétée (un harcelement d’une personne contre une autre. La personne cible ne l’annonce qu’après 3 mois. Il s’agit d’une série d’agressions)
  • Consciente (la personne a choisi de produire une agression) / Inconsciente (la personne n’était pas consciente qu’iel produisait une agression)
  • ainsi de suite

Il y a donc tout un tas de paramètres qui définissent une agression. Les avoir en tête, ça permet de sortir de l’idée que les agressions c’est toujours une personne qui produit délibérément une agression sur une autre et qui a 100% des tords.

role de la communauté

Ceci étant dit, c’est super de savoir définir une agression selon plein d’angles différents, mais on en fait quoi ? Gérer les risques d’agression en solo dans un groupe, c’est une très mauvaise idée pour soi et pour les autres. Pour soi, parce que c’est une charge de travail énorme, désagréable, et que en plus y’a de grandes chances que ça serve a rien. Pour les autres, parce que du coup y’a des risques d’agression qui vont persister et que tout le monde sera pommé si des problèmes ont lieu.

Une gestion collective des agressions, c’est ce qu’on estime être la meilleure solution. Ca veut dire, une gestion qui ne met pas en jeu que les personnes directement impliquées dans l’agression. Et puis, une gestion intracommunautaire, c’est d’autant plus intéressant que ça peut prendre en compte les enjeux spécifiques de la communauté dans la compréhension et la gestion de l’agression.

Et du coup, on a réflechi à pas mal de pistes de réflexion, outils, conseils, pour gérer les agressions si elles ont lieu, mais là encore on va parler de la prévention d’agression dans son collectif. Qu’est ce qu’on peut faire en tant que collectif ou communauté pour éviter les agressions dans nos milieux ?

On a plusieurs pistes :

  1. Créer des espaces d’échanges sur les sujets à tension
  2. Créer des espaces de formation sur les oppressions systémiques
  3. Mettre en place des vigilances collectives sur certains sujets, avec des espaces ou parler des probèmes si y’en a
  4. Répartir la charge de travail de soin dans le collectif, faire que tout le monde en soit capable
  5. Valoriser une culture de la discussion / des conflits sur les sujets qui fâchent, plutôt que de ronger son frein jusqu’à ce que ca pète
  6. Penser a des alternatives à la justice punitive (sans oublier qu’elle peut être utile si il faut, mais juste penser à d’autres choses aussi qui peuvent être super intéressantes et utiles)
  7. Mettre en place des outils et protocoles pour etre réactif·ves, efficaces, inclusif·ves et bienveillant.es dans nos gestions d’agressions si elles arrivent.
  8. Eviter les enjeux de hiérarchie qui font que c’est toujours les gen·tes mieux placé·es qui restent si une agression survient, et toujours les moins bien placé.es qui partent, quel que soit le rôle de chacun·e dans cette agression.

A échelle individuelle, on peut utiliser le collectif / la communauté pour :

  1. Essayer d’être empathiques entre nous, pas se déshumaniser trop vite, essayer de comprendre les enjeux des gens, d’où iels sortent, etc…
  2. Se former grâce aux outils et connaissances du collectif sur pleins d’enjeux (fonctionnement des traumatismes, des mécanismes de survie…)
  3. S’empouvoirer pour aller tacler les tocard·es qui nous ont agressé et ont rien géré par la suite, et s’assurer que si on fait de la merde, on sera pas comme elleux.

Pendant l’agression

Introduction

Si une agression se passe dans un espace collectif / communautaire, le mieux on est préparé·es, le mieux on peut la gérer et y faire face. Plus une agression est bien gérée dès qu’elle apparait, mieux la personne qui est ciblée, la communauté, et potentiellement la personne autrice de l’agression s’en sortiront.

Très souvent, au moment où une agression se passe, il va y avoir un reflexe d’expédier la situation. Parce que pour les personnes qui en sont témoin, ça gène, ça met face à des contradictions, c’est désagréable, c’est violent, ça peut rappeler des traumatismes.

Si on veut expédier la situation, il y a deux options majoritaires :

  1. Nier la situation : minimisation de l’agression, négation des enjeux d’oppression dans la situation, tentative d’explication et de justification. Dans ce cas, c’est très majoritairement la personne ciblée qui quitte l’endroit, ce qui ne règle aucun problème, voire met cette personne dans une situation de merde.
  2. Exclure et bâcler l’enjeu : la personne autrice d’agression est exclue de l’espace, souvent dans l’objectif de permettre a la personne ciblée d’y rester. Mais souvent, rien n’est fait ni pour que la personne autrice ne recommence pas ça ailleurs, ni pour que la personne ciblée puisse décompresser, en parler, obtenir une forme de réparation.

C’est évidemment super dur d’éviter la deuxième solution dans un cadre ou les gens se connaissent pas ou peu (rue, fête…), voire même c’est cool de la mettre en place dans ces cadres faute de mieux. Mais c’est chouette d’essayer de l’éviter si les personnes vont être amenées à se revoir sans qu’aucune gestion ne soit faite entre temps.

la règle des 5D

Si on est témoin d’une agression (ou qu’on a l’impression que c’est une agression sans être sûr·e), il existe la règle des 5D :

  • Distraire : Engager une conversation avec la personne ciblée. Détourner l’attention de l’auteur·ice d’agression
  • Déléguer : Demander de l’aide. Attirer l’attention pour faire réagir.
  • Diriger :
    • Imposer à l’auteur·ice d’agression d’arrêter
    • Intervenir
    • Défendre la personne cible
    • Demander de l’aide. Eviter de se confronter directement à l’auteur·ice d’agression ou de s’exposer au danger
  • Dialoguer :
    • Dès que l’incident est terminé, faire le point calmement avec la personne ciblé·e pour la rassurer (“Je peux m’asseoir à côté de toi ? Tu veux que je demande de l’aide ? Tu veux sortir d’ici ?”).
    • Essayer de voir si c’est possible de discuter avec la personne auteur·ice d’agression, c’est moins prioritaire mais ca peut etre très utile pour faire redescendre le truc.
    • Dans l’idéal, séparer d’espace physique la personne ciblée de la personne auteur·ice. Cela permet d’avoir un endroit plus calme et rassurant.
    • Indiquer que l’attitude de la personne auteur·ice n’était pas normale. Venir agir comme un soutien
    • Eviter de parler avec l’auteur·ice d’agression. La création d’un débat peut entraîner une escalade de la violence.
  • Documenter : Si aucune intervention n’est possible (cas extrême, gestion très différente dans ce cas), filmer, prendre des photos. Cela pourra servir si la personne ciblée a besoin et souhaite avoir des preuves plus tard.

Cet outil peut se trouver très limité par exemple dans des cadre de violence collective (ex : harcelement)
Ou face a des violences en ligne (ex : la distraction est moins evidente).

Cas Specifique Du Harcelement

Le harcelement, c’est une culture de groupe ou émanant d’une culture de groupe (ex : oppressions systémiques etc…). C’est souvent des agressions pérenne dans le temps contre une ou plusieurs personnes cibles. Le profil des personnes cibles dépendra du rôle que joue ce harcelement dans la culture collective. (ex : un mec trans et plein de mecs cis pédés, harcèlement autour des génitaux et culture mascu)
Le harcèlement révèle. Il révèle une dynamique néfaste dans le groupe.
Révèler un harcèlement, c’est donc révèler les failles d’une culture de groupe.

Cela est donc un processus très long. Contrairement à d’autres types d’agression, les personnes dans le groupes seront bien plus susceptibles de défendre les auteur·ices (qui bénéficient du harcèlement). Mais aussi des fois des personnes cibles (car la culture de harcèlement peut être accompagné de discours relativisant/défendant cette même culture).
Avant même de savoir comment gérer le harcèlement, il faut faire accepter aux gens l’existence de ce harcèlement, et faire remarquer le côte néfaste (et non positif) de celui ci.
Pour cela, voici quelques pistes :

  • Communiquer avec la/les personnes cibles. Voire avec elleux leur ressenti de la chose. Pourquoi pas mettre un réseaux entres elleux (et vous ? Après tous, les personnes subissant un harcèlement sont + suspectibles de le percevoir).
    L’objectif est de permettre la création d’un espace de parole et de critique de l’espace communautaire. Afin de clarifier la nature du harcèlement, de mieux le caractériser.
    Une organisation peut se mettre en oeuvre afin de récolter des preuves.
  • Remonter les critiques. Cela pourra être nié en bloc si cela est presenté au groupe. La dynamique collective viendra potentiellement défendre la culture du groupe. Cependant, un ralliement des personnes cibles peut déja permettre une défense face au harcèlement.
    Faire une critique collective permet déja d’ébranler la culture du harcèlement. La culture repose en effet sur le non-dit. Elle est naturelle, inquestionnable, de fait etc… La questionner/critiquer vient donc créer une brêche.
  • En parallele, la remontée peut se faire avec chaque individu. Isoler une personne auteur·ice des autres auteur·ices permet d’atténuer la dynamique de groupe. Iel sera potentiellement plus réceptif·ve à la critique que vous essayer de lui presenter.
  • Présenter un contre-discours. Les cultures de harcèlement se basent des fois sur des discours. Le harcèlement peut être presenté comme :
    • Solidifiant  (ex : il trie les gens qui tiennent la route, ou endurcit les moins « solides »)
    • Nécessaire (ex : il servirait à apprendre une discipline)
    • Important (ex : pour la cohésion de groupe)

Il est important de venir préparer des contre-discours afin de montrer que le harcèlement est juste néfaste pour les personnes ciblé·es et pour l’espace collectif. Il est important aussi de montrer en quoi ce harcèlement est profitable pour les harceleurs. S’il se base sur une domination systémique, réveler également cette nature est important (ex : harcèlement sexiste)

Si vous êtes ancien·ne acteur·ice ou neutre (ni cible / ni acteurice) dans le harcèlement, essayer d’aider au maximum les personnes ciblé·es dans cette periode.
Faites du care, aidez a la récuperation de preuves etc..
Il est important de ne pas laissez isoler les personnes ciblé·es.
C’est le manque de soutien qui vient perpétuer une culture de harcelement.

Si je suis en train de produire

Si t’as l’impression que tu es en train de faire de la merde, que tu t’en rends compte, que tu sens que tu es sur une pente glissante (montée en tension avec tacles de plus en plus sexistes / racistes / validistes / LGBTQphobes, moment de sexualité où t’es pas / plus sûr·e du consentement de la personne, tu te rends compte trop tard que t’es en train de faire une « blague » pas chouette, etc…) :

C’est sûrement mieux de s’arrêter au plus vite, de prendre un temps de recul, de sortir de l’espace, et si t’étais bien en train de faire de la merde, de t’excuser et proposer d’en parler si besoin. Au lieu de continuer et de risquer de faire un truc potentiellement bien plus grave. C’est pas agréable pour l’ego, c’est vachement dur dans des cas de tensions, mais c’est quand même vachement mieux que de commencer / continuer à agresser une personne.

A l’annonce de l’agression

Recevoir la situation

Quand une personne (ou plusieurs personnes) vient annoncer une agression (ou un ressenti d’agression), la première chose à faire est d’écouter. Il est important de venir écouter le recit et le ressenti de la personne et il est important de respecter son vécu et ses émotions.

L’important ici n’est pas de répondre à la globalité de ses demandes, mais de créer un espace de parole et d’expression pour la personne ciblée, sans jugement, où elle pourra exprimer librement son ressenti et son vécu (on peut notamment se référer aux conseils donnés dans la technique des 5D, pour venir offrir un cadre propice à la personne cible pour être à l’aise et donc qu’elle puisse complètement s’exprimer.)

Suite à une agression, il faut faire attention autant que possible à la personne ciblée. Certaines personnes auront des comportements autoviolents. Ces comportements peuvent apparaitre avant l’annonce de l’agression : si c’est le cas, il est important de ne pas outrepasser la volonté de la personne et de la forcer à parler de pourquoi iel fait cela.

Cette autoviolence répond à des besoins psychologiques, venir en discuter avec la personne et la rassurer sans la culpabiliser est le mieux à faire. On peut proposer à la personne d’être à l’écoute quand iel desirera en parler (ex : « écoute, si un jour tu a envie ou besoin d’en parler, tu peux venir me voir… »)

Il peut etre important par contre de s’assurer que la pratique d’autoviolence est la plus « safe » possible. Si le comportement autoviolent présente des comportements à risques importants (coma éthylique, overdose, coupures mal realisées, négligeance alimentaire très importante etc….), essayer de définir avec la personne concernée les mauvaises pratiques, de poser des cadres convenants à la personne etc…

Permettre à la personne de se sentir soutenue et l’inviter à se diriger vers des autoviolences moins dangereuses.

C’est difficile de hiérarchiser des autoviolences, faite ce que vous pouvez en fonction de là où vous en êtes. 

Il est important de respecter les besoins et nécessités d’une personnes et de ne pas la bloquer, mais de l’accompagner.
Interdire les autoviolences (ex : imposer une désintox) contre la volonté de la personne est :

  • Violent pour la personne (et infantilisant)
  • Rompt le lien de confiance entre vous et la personne cible
  • A des risques d’amener à l’exact inverse (exemple : backlash du à l’addiction)

Il est compréhensible de vouloir aider une personne à sortir d’un cadre autoviolent manifestement pas sain (car suite à une agression)… Mais l’interdiction des autoviolences ne peut être faite qu’avec la cooperation et la volonté de la personne concernée. Il est possible de venir proposer, conseiller etc… Mais jamais imposer/faire du chantage etc…

Si plusieurs autoviolences s’additionnent, et que soit certaines sont plus à risques que d’autres, soit que la combinaison des différentes autoviolences présente des risques importants, il est important et pertinent d’en discuter avec la personne afin de l’orienter pour une diminution/abandon des pratiques les plus a risques au profit des plus sûres.

Éviter les rumeurs et les effets de groupe

Une rumeur, c’est un phénomène où un grand nombre de personnes relaie et discute d’une hisoire/d’un fait présenté comme véridique. Cela ouvre un large spectre de cas : intox, infox, préjugés, propagande, canular, diffamation etc….

De nombreux dangers peuvent être attachés aux rumeurs, comme :

  • Perpétuer des schémas de domination systémiques via les préjugés qui y sont attachés (ex : « Stéphanie… non elle est vraiment pas fiable… » : peut-être que cette rumeur s’appuie sur le préjugé sexiste qu’une femme aurait plus de chance de n’être pas fiable/pas rationelle)
  • Propager de fausses informations sur un individu / un groupe [ Et donc potentiellement participer a un Call-Out sans savoir…. On en parle un peu plus loin ]
  • Ne pas prendre de recul et donc s’empêcher une analyse rigoureuse d’un phénomène (la rumeur, lorqu’elle impregne un groupe apporte en effet un certain confort mental)
  • Un risque important avec les effets de rumeurs c’est les effets d’escalades dans les propos (avec des propos potentiellement de plus en plus flou, debouchant vers des blocages de plus en plus profond, que cela soit collectivement ou en interperso)
  • etc…

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, éviter autant que possible les rumeurs est souhaitable (surtout après l’annonce d’une agression, où il est important de justement garder un cadre clair.)

Pour les éviter autant que possible, une rigueur individuelle et un rigueur collective sont nécesaires.

Individuelle :

Il est important de savoir rester vigilant·e face aux « on dit ». Pas question ici de remettre en question la paroles de personnes ciblées quand on y fait face. Mais quand on est face a une personne disant par exemple « X a groomé des personnes, je le sais » sans apporter aucune preuve ou presque aucune (genre « Je connais des personnes à qui c’est arrivé. »).

Dans ce cadre là on peut déja plus douter un peu plus. Peut-etre que ce qui est dit est vrai, peut-être que non : compliquer à déterminer avec un seul témoignage… et sans preuves solides.

On peut également parler du fait que face ce qu’on sait une fausse rumeur, un acte individuelle courageux est de venir le denoncer. Facile a dire, difficile a appliquer, car celon la situation de la personne dans le groupe et dans sa vie, iel seras plus ou moins a meme de s’opposer a la dynamique collective.

Mais s’opposer est important, meme vital pourrait t’on dire. Un espace collectif ou les individus n’osent/ne peuvent pas s’exprimer contre des rumeurs (ou plus largement contre des avis/positionnement/ligne politique etc…) est un espace collectif dysfonctionnelle.


Collective :

Pour nous le collectif doit savoir gérer 3 trucs :

  • Empêcher une culture de la rumeur dans le collectif
    temps collectif de discussion + permettre la discussion
  • Permettre dans le collectif des espaces de discussions pour l’éviter
  • Voir avec la personne cible si iel veut une gestion perso ou collective

À l’annonce d’une agression, il y a des risques de création de rumeurs autour. Même sans agression, une culture de groupe autour de la rumeur est potentiellement néfaste et nuisible.
Par exemple, des phrases comme « X sort avec Y c’est sûr » ou « A et B sont très proches en ce moment » peut directement ou indirectement contribuer a une culture de la rumeur, dans un groupe. Bon apres y’aura toujours des « on dit »/des potins etc… surtout dans des groupes affinitaires ! Et en soit cela n’est pas grave.

L’important est de savoir gérer, et respecter les gens (ex : ne pas fantasmer/exotiser des relations/des personnes). Par gérer, on entend faire en sorte que la rumeur ne viennent pas impacter le bon fonctionnement du groupe/collectif.

Comme dit plus haut, l’individu doit savoir trouver le courage pour s’opposer aux rumeurs néfastes, encore faut-il que l’espace collectif soit fonctionnel et permette la discussion/le conflit/le débat en sont sain. Cela doit être discuté en amont (et rediscuté quand on remarque un ou des dysfonctionnements).

Pour en revenir au moment où l’agression est annoncée, la première chose à faire et de voir avec la personne cible souhaite une gestion perso ou collective. Une bonne chose à faire pour un gestion co et de voir et de définir collectivement clairement en avance ce qui est dit ou non, comment, à qui, et dans quelle situations. Il est important de le voir avec les personnes proches/au courant des bails, les personnes pouvant pus tard se charger de la médiation, ainsi qu’avec la personne cible et si possible la personne auteur·ice (Sachant que l’on peut recueillir les volontés de la personne cible et de la personne auteur·ice sans qu’iels rentrent en contact).

Eviter autant qu’on peut les call out

Il est ici question de parler du call-out de manière générale. En effet, selon les cadres, celui-ci pourra être pertinent ou non. Pour cela, une définition et un petit retour historique s’imposent.

Un call-out, c’est une dénonciation publique d’une personne/d’un groupe/d’une institution ayant des comportements/fonctionnements jugés problématiques. Selon si ça vise un individu/ un groupe/ une institution, les effets et répercutions seront différents.

Le call-out a différents buts :

  • Protéger les personnes ciblées
  • Dénoncer les auteur·ices (voir les « effacer », « blacklister », « bloquer », « évincer » du milieu)
  • Remuer le milieu et l’omerta dedans (= libération de la parole)
  • Prendre du pouvoir dans le rapport de force face à la personne autrice d’agression/au groupe/à l’institution.

Historiquement, cet outil a été dévelopé et utilisé par les groupes minorisés pour venir dénoncer les agressions et plus largements les auteur·ices d »agression. Cet outil s’est démocratisé avec les hashtag #Metoo et #Balancetonporc, qui permettaient aux meufs et aux minorités de genre de dénoncer les VSS subies. Les différentes déclinaisons permettaient de critiquer des milieux spécifiques (ex : le milieu du cinéma, avec les call-out de Weinstein, Polanski etc…)

En gros, l’outil permettait de faire face a la justice de classe/race/genre. Selon les sphères réalisant le call-out, il pouvait y avoir une critique plus ou moins forte de la justice étatique (réfomistes VS révolutionnaires). Par exemple, le mouvement Black Lives Matter, après l’assassinat de Georges Floyd, a largement pris en force politique. Un call-out général de l’institution policière était à ce moment faite, et selon les groupes politiques, différentes approches étaient envisagés. Certains se nomment « Defund police », iels souhaitent moins d’investissements pour les flics et sont partisant de police de quartier. D’autres, plus radicaux, se nomment « Abolish police » et souhaitent purement l’abolition de l’institution.

Dans tous ces cadres, les call-out sont faits à l’encontre de personnes/institutions de pouvoir, et sont la seule solution pour critiquer ces dernières.

Cela n’est pas la même chose dans des espaces personnels ou des collectifs. Lorsque le call-out vise un individu, sa position sociale joue un role crucial dans l’impact qu’aura ce call-out sur ellui. Il y a des cas de call out nous impactant quand on parle de dynamiques intracommunautaires (plus marginalement on retrouve aussi le call-out de groupe. Par exemple, le call-out par un collectif LGBT d’un autre collectif LBGT car jugé problématiques sur la lesbophobie). Call-out un multi-milliardaires n’a pas le même impact que call-out un queeros précaire. Comme le dit le post du collectif Fracas « Le call-out en milieu queer peut rapidement devenir prétexte aux matraitances communautaires ».

Ainsi, dans nos milieux, il est important de se demander dans quelle·s situation·s c’est pertinent d’utiliser un call-out. Là où les oppressions s’entrecroisent et où il n’y a pas forcément de délimitation binaire entre oppresseur·se et oppressé·e, quelle utilité y trouve t-on dans ces cas ?

Un call-out pour certaines personnes, cela revient à exclure une personne d’un de ses seuls lieux de sociabilisation, cela peut être extrêment violent. Le call-out doit dépendre aussi du comportement de la personne auteur·ice. Si iel est actif-ve et se remet en question, si iel reconnait sa faute etc… Où est l’intéret de lea call-out ? Possiblement il faudra meme lea protéger si call-out il y a contre ellui, car le call-out signifierait violence et rupture du lien/contact de médiation.

Il faut aussi aborder la différence entre call-in et call-out. Un call-in c’est révéler l’agression dans un groupe restreint. C’est venir révéler les actes d’une personne auteur·ices seulement entre les personnes d’un même collectif, afin de venir mettre en place une médiation et une prise en charge efficace de la personne auteur·ice.
Le call-out lui, à l’inverse, c’est une dénonciation publique. Cela peut se faire en ligne ou IRL. Par exemple, une personne peut être call-out de tout un monde militant (ex : X s’est fait call-out pour des propos transphobes, tout les collectifs militants de gauche sur Toulouse le savent, résultat, X est blacklisté partout.) Ça ne vient pas prendre en charge le probleme, X va ressentir une injustice, va potentiellement se radicaliser dans sa transphobie, et va certainement juste décaler dans une autre ville.

Cependant, il y a des cas quand même où le call-out peut être justifié, par exemple :

  • Si X récidive
  • Si X est dans une position hiérarchique, de pouvoir dans l’assos où iel est (le call-out peut alors être la seule façon de remonter le probleme. Cela permet de venir mettre en place un rapport de force et casser l’impunité de la personne en pouvoir/en fonction etc…)
  • Si X a fait un truc super grave (genre séquestration)
  • etc…

Il est important aussi de questionner pourquoi on est plus a meme de call out une personne plus qu’une autre…

Souvent la décision d’évincer/de call-out une personne ou non repose sur des liens affinitaires. C’est humain, mais il faut se dire qu’être ami·e avec la personne auteur·ice, l’apprécier ou pas, ne constitue pas une raison suffisante pour juger de la situation. D’autres éléments sont à prendre en compte :

Reconciliation (La personne accusée reste dans le groupe)

  • La personne faisant les accusations veut la reconciliation
  • Le préjudice causé est relativement mineur
  • Le préjudice est causé par une erreur de jugement (agresion inconsciente)
  • Le préjudice est causé par ignorance
  • La personne accusée est connue pour avoir elle-même vécu des difficultés ou des abus
  • La personne accusée exprime des remords et taffe dessus pour éviter la reproduction de l’agression

Expulsion (la personne est exclue du groupe)

  • La personne faisant les accusations veut que la personne accusée parte 
  • Le préjudice causé est sevère 
  • Il y a un modèle d’abus 
  • L’accusé·e n’est pas réactif·ve au dialogue
  • La personne auteur·ices semble avoir été conscient·e qu’iel était en train de dépasser des limites
  • La personne accusée n’exprime pas de remords et/ou ne taffe pas dessus pour éviter la reproduction de l’agression

Il existe de nombreux autre parametres questionnant le rapport aux call out (systematique)….

Un risque pouvant se lier au call-out est celui des rumeurs. Globalement, une personne auteur·ice de certains actes et est call-out de ces choses… Puis avec le temps se développent des rumeurs autour d’elle. La personne auteur·ice se voit donc confrontée à des accusations complètement faussées en plus des véridiques. Dans certains cas, ces rumeurs autour d’un call-out peuvent servir d’arme contre la personne auteur·ice afin de la blacklister.

Il est donc compliqué pour la personne auteur·ice de venir exprimer ce qui est vrai et ce qui relève de la rumeur/du mensonge. Cela nécessite de s’exposer continuellement (même après le processus de taf et remise en question perso fait). Un call-out et les rumeurs y étant potentiellement attachées peuvent durer des années.

Plus largement, même sans rumeurs, il sera compliqué pour une personne call-out de denoncer la violence de son call-out et en quoi celui-ci a pu jouer en defaveur de la remise en question de l’agression commise. Cela a pu bloquer/braquer un temps la personne auteur·ice, car exclue de ses milieux et potentiellement donc des groupes pouvant prendre en charge la médiation, et aider la personne à évoluer.

Un autre cas delicat a gerer, celui des agressions multilatérales. Dans le cas où deux personnes se seraient mutuellement agressées, la première persone dénonçant les faits risque d’être la seule a être crue et écoutée en tant que personne ciblée. Les cas des agressions multilatérales sont complexes a appréhender et demande des outils fins, de la patience etc… Le call-out remplit mal ces rôles et est donc pas adapté a ces cas d’agression.

Un autre risque est lié a la culture du call-out pouvant exister dans certain milieux, certaines personnes ciblées par des agressions vont se silencier pour éviter les conséquences d’un call out. En effet, par peur de provoquer un phénomène qu’iels jugent néfaste, iels préfereront se silencier pour éviter que des gen·tes instrumentalisent leurs vécus. Si un·e personne ciblé·e ne vient pas explicitement demander qu’un call-out soit fait, partez du principe qu’iel ne le souhaite pas et ne faites pas de call-out.

Pour conclure, le call-out est un sujet délicat. Nous sommes pour une approche de cet outil avec plus de nuances. Venir complétement l’interdire ou en faire une obligation ne marche pas, car les situations d’agressions ne sont pas toutes uniques. Nous espérons un usage plus sain de cet outil et des approches tendant autant que possible vers de la justice réparatrice.

Après l’agression

Les fondamentaux et les points de vigilance

Avec la team patpat, on aime bien savoir où on va  et comment on y va. Alors on s’est dit que pour savoir comment on voulait gérer au mieux après une agression, il fallait déjà définir ce que c’était de « gérer au mieux », et ce qu’on voulait atteindre avec ce zine. On a identifié plusieurs objectifs :

  • Prendre en charge les personnes blessé·es, prendre soin d’elleux
  • Ecarter les risques immédiats et long terme de reproduction d’agression.
  • Limiter la reproduction d’oppressions
  • Eviter la dissolution de nos groupes d’ami·es et collectifs militants à cause d’une mauvaise gestion de conséquences de l’agression

On fois qu’on a identifié ce qu’on veut faire concrètement, on essaye de trouver des moyens et des outils pour atteindre ces moyens. Bon, comme on l’a dit précédemment prendre des mesures préventives, se renseigner en amont des agressions, essayer d’empêcher qu’elles se produisent font partie des meilleures solutions pour éviter d’avoir à gérer les agressions. Mais une fois qu’elles se sont produites, que fait-on?

Petite parenthèse : si toi tes objectifs son pas les mêmes que les notres, tu peux aussi les lister et voir si les moyens qu’on propose correspondent à tes objectifs de gestion de la situation. On trace des pistes mais c’est à toi de sélectionner ce qui te parait pertinent, on fait pas un manuel!

Bon, nous, pour répondre aux objectifs qu’on s’est fixés et gérer au mieux la situation, on a décidé qu’il fallait accompagner les personnes ciblé·es et les personnes auteur·ices. Les personnes ciblé·es parce qu’elles ont peut être besoin de care, de soutien (ou de plein d’autres choses dans lesquelles on peut les épauler) et les personnes auteur·ices car pour avancer, se remettre en question et arriver à ne  pas recommencer à produire une agression, on considère que c’est difficile et plutôt voué à l’échec si on est seul·e à faire le taff ou bien qu’on est viré·e de nos espaces.

Pour pouvoir accompagner au mieux ces deux personnes (ou groupes de personnes), on pense qu’un bon outil de gestion collective c’est les groupes de soutien et/ou de médiation. On va donc créer deux groupes, un qui travaille avec la personne ciblée et un qui travaille avec la personne auteur·ice de l’agression. On détaille un peu comment on organise chacun des groupes ensuite. Ces deux groupes doivent communiquer, la gestion de l’agression se fait ensemble et non de manière séparée, puisqu’il faut que les besoins de la personne ciblée puissent être pris en compte et que souvent ses besoins impliquent des demandes envers la personne auteur·ice de violences.

Attention, avec la team on a noté que ce sont souvent les mêmes personnes qui prennent la charge (et souvent des personnes minorisées), du coup c’est chouette de faire attention aux autres autour de nous, à ne pas leur laisser trop de charge. On vous conseille aussi d’être tendres avec vous-mêmes : respectez vos limites et faites attention à ne pas trop vous surcharger. Quand on aide à la gestion d’une agression, on a souvent tendance à penser que notre santé à nous passe après, parce que c’est urgent. Ce n’est pas le cas, il faut aussi savoir quand dire stop et se préserver.

Gérer la personne ciblée

Du coup, comment on fait, concrètement?

Déjà, petite parenthèse : la team patpat vous invite à aller lire la brochure Soutenir un·e survivant·e d’agression sexuelle si jamais vous avez envie de compléments d’info! Nous on s’intéresse aux agressions dans leur sens large, mais pour les questions d’agressions sexuelles, elle est plutôt pas mal!

Aussi, le but de ce zine c’est qu’on puisse l’utiliser pour les agressions et les micro-agressions, mais il demande à être adapté à des besoins et situations spécifiques (notamment dans les cas d’agressions traumatiques ou de violences extrêmes). On ne te propose pas de recette magique.

C’est pas une recette, mais on a quand même quelques conseils à te proposer. Ils sont valables lorsque tu commences une gestion collective d’agression, c’est à dire lorsque tu as accès au soutien d’un groupe, et que tu mets en place des groupes de médiation et de soutien selon notre super super conseil. Mais ils peuvent également appoter quelques billes si tu lis ce zine pour savoir comment épaule un·e proche.

1) Écarter les dangers et risques immédiats.

La personne ciblée doit être en sécurité vitale, physique, mentale et émotionelle, protéger sa vie est la priorité. Il faut donc s’assurer que la personne puisse combler ses besoins vitaux comme pouvoir boire, manger, dormir à l’abri, aller aux toilettes et se doucher. Certaines personnes ont des besoins spécifiques, comme des traitements à prendre, c’est donc important d’en discuter avec elles si c’est possible.

2) Redonner du choix.

Donner le choix, c’est vraiment super important en général, mais dans les cas d’agressions, ça l’est encore plus. Comme le principe d’une agression, c’est qu’une personne a dépassé les limites et le consentement d’une autre, laisser cette personne choisir ce qu’elle veut permet de redonner un peu de pouvoir à la personne qui en a perdu.

Pour cela, on conseille dans un premier temps de poser des questions fermées, comme « tu veux de l’eau ? » ou « tu préfères être debout ou assis·e ? ». Les questions ouvertes, comme « qu’est-ce que tu veux faire ? » peuvent être trop difficile à répondre notament dans les périodes de sidération (état de choc où t’es bloqué.e et t’arrive pas a réfléchir à quoi que ce soit) ou de dissociation (état ou t’as l’impression de plus être dans ton corps, de plus rien ressentir, de plus être toi même, d’être spectateur·ice de la scène).

Ces questions peuvent concerner des sujets plus ou moins importants, comme « tu veux du jus d’orange ? » ou bien « est-ce que tu veux aller à l’hôpital ? ». C’est important de faire attention aux enjeux spécifiques de chaque personne et aux risques d’oppression supplémentaires qu’elle pourrait subir. Par exemple, une personne trans pourrait refuser d’aller à l’hopital car elle y a déjà subi de la transphobie et a peur d’en subir de nouveau. Certaines décisions peuvent être particulièrement difficiles à prendre. On vous conseille d’être patient·e et d’aider la personne à voir ce qu’implique exactement ses choix. Si on garde le même exemple, on peut alors faire un bilan avec la personne des risques pour elle à ne pas aller à l’hopital, et de ceux auxquels elle s’expose en y allant. Cependant, la personne doit avoir le pouvoir de prendre les décisions qu’elle veut, même si ce ne sont pas celles que vous auriez prises.

L’inconvénient, quand on pose uniquement des questions fermées, c’est qu’on oriente les décisions de la personne. Du coup il peut être important de poser de temps en temps des questions ouvertes pour redonner du choix à la personne et s’assurer du respect de son consentement. Par exemple après lui avoir donné de l’eau et un plaid, lui demander si iel aimerait quelque chose en plus.

Les marques d’affection ou de réconforts physiques, comme être très proche physiquement ou prendre dans les bras, ne sont pas agréables ni réconfortantes pour tous·tes, à tout moment et dans n’importe quel contexte. Assurez-vous du consentement de la personne avant de le faire.

Il est possible aussi de proposer quelque outils qui pourront permettre à la personne ciblée de faire face à la situation qu’iel vit. Par exemple si iel ressens le besoin de ne plus avoir de contact pendant un temps avec la personne concernée, il peut avoir la proposition de répartir l’espace géographique dans lequel les deux personnes se trouvent. La personne peut par exemple demander d’avoir un espace où la personne auteur·ice ne se trouvera pas pendant un temps. Il n’est pas forcément question de rendre cette situation définitive. Parler avec la personnes de la temporalité de ses choix  (est ce que c’est pour 2 semaines? 2 mois? Tout le temps?) est aussi important, tout en sachant qu’un choix peut évoluer. Une personne peut ne pas savoir pour combien de temps elle aura besoin de mettre de l’espace entre elle et la personne auteur·ice, ou bien ses besoins peuvent changer à mesure qu’elle avance dans sa réparation, mais également au fur et à mesure qu’elle conscientise des choses qui lui sont arrivées. Ce n’est pas un processus linéaire.

3) Faire attention aux spirales de violence

Pour aller mieux, une personne ciblée a souvent besoin de certains de ces différents éléments :

  • Sécurité : c’est à dire d’être protégé·e, de se protéger d’autres agressions
      
  • Reconnaissance : être reconnu·e comme personne ciblée et ses émotions, dont les limites ont été dépassées 
        
  • Réparation : être soutenu·e dans ses besoins 
  • Non-reproduction : que la personne auteur·ice évolue et ne reproduise plus les comportements d’agression

Parfois, la personne ciblée exprime le besoin de se venger, c’est à dire de faire subir à l’auteur·ice ce qu’elle a subit. C’est une forme de réponse aux besoins de la personne ciblée qui existe, mais que nous trouvons généralement dysfonctionnelle et qui ne permet souvent pas d’avancer collectivement. Le choix d’utiliser ou non la vengeance appartient à la personne ciblée elle seule. Nous tenons tout de même à  rappeler que la vengeance coupe la communication avec la personne auteur·ice de violences, et qu’elle peut donc empêcher une gestion collective, voire même entretenir une spirale de violence. Elle peut cependant être utile pour créer du rapport de force, notamment lorsque la personne auteur·ice ne reconnait pas ses torts ou ne prend pas ses responsabilités.

Si la personne ciblée décide tout de même de se venger, on a noté quelques questions qu’il peut être utile de se poser avant d’effectuer la vengeance :

  • Quelle riposte souhaite-t-on mettre en place? A quel degré?
    (Faire subir exactement la même chose à la personne auteur·ice n’est pas forcément souhaitable, on n’agresse par exemple pas sexuellement une personne parce que c’est ce qu’elle nous a fait).
  • Est ce que la vengeance est juste? Cette question est un peu cheloue au prime abord, mais ce qu’on veut dire par là c’est, est ce qu’on ne reproduit pas des oppressions en fonction de comment on choisit de se venger?
    Par exemple, si on choisit de se venger d’un mec racisé, on peut se demander si on aurait fait la même chose face à un mec blanc, et si on n’est pas en train de reproduire des mécanismes d’oppression systémique.
    On peut aussi se demander (même si c’est pas quelque chose qu’on a envie de se demander dans ces cas là) quelles conséquences cela aura sur la personne qui subit la vengeance. Si c’est une personne qui subit déjà beaucoup de violence, est ce que ça ne peut pas l’enfoncer tellement qu’elle ne pourra plus s’en sortir?

Spécifiquement pour les hommes cis-het dans des cas d’agressions sexuelles par un homme cis-het :

Ce n’est pas de votre responsabilité et de votre choix de devenir le protecteur. Ce n’est pas non plus un moment pour prouver que vous êtes un bon mec cis-het face aux mauvais mecs cis-het.

4) Soutenir émotionnellement et matériellement.

Soutenir quelqu’un.e peut être fait de beaucoup de manières différentes.Par exemple, ça peut être aider dans les tâches quotidiennes comme faire du ménage et des courses. Ça peut également être de l’aide pour faire des démarches administratives, ou juste proposer de passer du temps ensemble/ne pas etre seules/faire des activités ensemble.

  • Connaître ses limites

Lorsque qu’une agression touche votre communauté, vous serez affecté plus ou moins de toutes façons.

Vous n’êtes et ne serez jamais parfait, et c’est ok (c’est même totalement humain, non?).

Vous êtes un individu qui doit aussi dormir et traverser ses propres épreuves.

Faites autre chose, déléguez, demandez du soutien pour vous-même, vous ne serez plus en mesure d’aider qui que se soit une fois en burn-out.

Implique une preparation en ammont afin d’eviter qu’une seul·e personne se mange tout le travail de care. Eviter que le travail de care ne repose que sur les minorités (minorité de genre, handi, de race, etc)

  • Accompagner l’autre, ce n’est pas sauver l’autre.

La personne ciblée est décisionnaire de sa vie et la seule à même de décider quand et comment se réparer. Vous ne pouvez pas la sauver, seulement l’accompagner à son rythme, sur la voie qu’elle aura choisie.

Constituer un groupe de soutien et proposer d’autres réseaux de soutien possible, pour éviter la création d’une relation de dépendance, malsaine pour tout le monde.

  • Accompagner l’autre, ce n’est pas se sauver soi-même.

Il ne s’agit pas de vous, demander vous pourquoi vous voulez accompagner cette personne,

surtout si vous avez vous-même été ciblé par une agression similaire.

Ne prenez pas toute la place.

​L’idée est de mettre en place un cadre de soutien, qui vient prendre en compte les particularités/besoins de fonctionnement de la dite personne.

A-t-elle besoin de telle ou telle activité afin de se sentir mieux ?

A-t-elle des comportements d’auto-sabotage ? Quelle place est-il possible de prendre pour ne pas s’imposer en contradiction à ses besoins, tout en gardant un esprit critique ?

Réussir à cibler comment « limiter la casse » peut aussi être une solution de prise de recul sans émettre un jugement. Tout le monde essaye de survivre comme il est possible.​​​​​​

Quelle est l’implication avec votre histoire personnelle ?

Votre rôle est peut-être plutôt de proposer un groupe de parole de personne concernée ?

Et c’est très bien aussi.

5) Spécificités liées aux agressions sexuelles.

Si vous êtes ou avez été partenaire sexuel·le d’une personne ciblée ou ayant été ciblée par une ou plusieurs agressions sexuelles, faites particulièrement attention lors de vos rapports sexuels.

Parfois, la personne ne voudra pas avoir de rapports physiques, qu’ils soient sexuels ou même juste affectueux.

D’autres fois, l’activité sexuelle lui permettra de retrouver beaucoup de pouvoir.

Soyez patient·e et comprehensif·ves  et permettez-lui de fixer le rythme et le type d’activités dans lesquelles vous vous engagez, en faisant attention à respecter vos propres limites.

Soyez conscient·es que des actions en apparence anodines peuvent beaucoup impactées la personne ciblée.

AGRESSION, RESSENTI D’AGRESSION, FEMINISME DU RESSENTI

Là on va aborder un point compliqué mais ultra important. On va parler des ressentis d’agression, de la place qu’ils ont dans la gestion d’une agression, et dans les milieux féministes et queer en général.

On tire le constat suivant : dans les milieux féministes et queer, en ce moment, le ressenti d’une personne agressée est considéré comme inquestionnable, comme unique vérité, et comme version complète des faits. On va pas se mentir, c’est clairement mieux qu’avant #MeToo, ou quand tu disais que tu avais vécu une agression on t’envoyait bouler, ça c’est certain. Mais, on pense que y’a clairement des problèmes dans cette manière de voir les choses, et on veut la questionner.

1) Si y’a ressenti d’agression, mais que y’a pas d’agression

Y’a plusieurs situations où une personne a ressenti une agression, mais ou concrètement y’a pas eu d’agression produite.

  1. La personne qui se sent agressée a posé des limites qui n’étaient pas les bonnes et étaient trop hautes par rapport a ce qu’iel pouvait recevoir.
    Exemple : lors d’un combat de boxe, je dis à maon partenaire que je suis chaude de se taper fort. On se tape fort, mais je me rend compte à la fin que c’était trop pour moi. Je me sens mal, je sens qu’on a dépassé mes limites, mais la personne en face ne m’a pas agressé.
  2. La personne qui se sent agressée s’est sentie attaquée, mais ça n’est pas une agression.
    Exemple : je m’embrouille avec une personne. On se parle pas trop mal, on s’insulte pas, mais la personne me balance mes contradictions à la gueule, et je lui balance les siennes aussi.  A la fin, je me sens mal, destabilisée, attaquée dans mon égo. C’est un sentiment qui s’apparente à quand je vis une agression, mais la personne ne m’a pas agressé, c’est un conflit.
  3. La personne qui se sent agressée ressent un malaise, une gène dans un espace, mais ça n’est pas une agression.
    Exemple : je suis blanc·he dans un espace de personnes racisées. Les gens font des vannes sur les comportements blancs entre autre, rien de bien méchant, menaçant, ou ciblé sur moi, juste une manière de rire des choses qui peuvent provoquer des sentiments pas cool. Je ne me sens pas lae bienvenue dans cet espace, je me sens rejeté·e, je prends mal les blagues, mais je ne subis pas une agression.
  4. La personne qui se sent agressée le ressens par procuration, mais ce n’est pas une agression.
    Exemple : Je suis une personne blanche. Un·e blanc·he produit une agression raciste sur une personne racisée. J’interviens, la personne continue d’agresser verbalement la personne racisée jusqu’à ce qu’on la fasse sortir. Je me sens attaquée, mal à l’aise dans la situation, je me sens mal du fait que la personne racisée ait subit cette agression, mais je n’ai pas subis une agression.

Bon, du coup y’a plusieurs choses à dire. Premièrement, si il y a ressenti d’agression, alors c’est chouette de gérer avec la personne qui a ressenti cette agression de la même façon que si iel a subit une agression. Lae soutenir, rassurer, lui permettre de se sentir mieux, plus en controle de la situation, de s’exprimer par rapport à ses ressentis, c’est toujours chouettes ! Un ressenti fait part d’une violence subit, même si elle ne t’était pas adressée, ou que la personne en face n’est pas fautive ou responsable. Donc, on soutient la personne, on l’écoute, c’est super !

Par contre, on pense que pour ce qui est de la gestion de la personne qui produirait l’agression, y’a plusieurs choses à faire en fonction de la situation :

  1. Sur le premier cas abordé au dessus, clairement y’a pas a gérer lae partenaire de boxe. Une discussion entre la personne qui s’est senti mal et saon partenaire, ça peut grave faire du bien, mais on pense qu’il n’y a pas de gestion collective à faire de cet enjeu, à part éventuellement aider la personne qui a ressenti une agression à aller parler avec saon partenaire. Vigilance quand même aux rapports d’influences / de pouvoir qui peuvent pousser une personne a poser des limites qui sont trop hautes pour elles, à ce moment là ça doit amener à des réflexions sur les dynamiques de pouvoir et eventuellement d’emprise dans certains cas.
  2. Sur le deuxieme cas, un conflit n’est pas une agression. Un conflit n’a pas de gentil ou de méchant, de personne qui a raison et qui a tord. Un conflit, c’est deux personnes ou plus qui ne sont pas d’accord.
    Si il y a une agression qui se passe au sein du conflit, là on gère ça comme une agression. Mais si y’a pas d’agressions, juste des tensions, des desaccords, des critiques individuelles ou collectives, et ben c’est cool d’essayer de trouver des terrains d’ententes et/ou d’accepter ses désaccords et de vivre avec.
    Ou si une personne a vraiment un avis de merde (raciste, sexiste, validiste, …) : de s’éloigner de la personne et/ou lui faire de la pédagogie et/ou alerter les gens du collectif à ce sujet pour en parler collectivement (et là encore, eviter les rumeurs, les call out systématiques si y’a d’autres solutions, ça peut toujours être bénéfique).
  3. Si c’est un ressenti de malaise et d’exclusion d’un espace qui donne un ressenti d’agression, c’est cool d’en parler avec la personne qui se sent mal a l’aise, de savoir pourquoi, et eventuellement si y’a un truc possible pour l’aider à se sentir plus à l’aise.
    Mais ca ne doit pas etre une injonction au groupe qui serait excluant de porter ça. Dans un cas inverse ou c’est une personne qui est dans une situation sociale opprimée par rapport aux autres, là c’est intéressant de réflechir à la culture de groupe, si elle est problématique, voire si y’a des dynamiques de harcelement.
    Mais si c’est pas le cas, alors ça peut être chouette de juste accepter le malaise, réussir à l’évacuer, et peut etre formuler des demandes aux gens pour se sentir plus à l’aise (qu’iels n’ont absolument pas l’obligation d’accepter, et ça ne ferait pas d’elleux des auteur·ices d’agressions non plus)
  4. Dans le cas d’un ressenti d’agression par procuration, c’est cool de ne pas centrer le besoin de soutien sur soi mais de mettre en prio la personne agressée. Mais surtout, on pense que c’est chouette de cibler le taff de la personne qui a produit l’agression sur ce qu’iel a causé sur la personne visée, et pas la personne attaquée par procuration.
    La violence a été présente et ressentie, mais n’est pas prioritaire par rapport à la violence subit par la personne visée. Si par contre tu es toi même ciblée par cette agression (par exemple, si tu es aussi racisée et que l’agression est raciste envers une autre personne que toi), alors tu es tout aussi prioritaire.

Tout ça, c’est des outils de réflexion, les situation ne se passent jamais exactement comme ça, mais en tous cas on voulait en parler et apporter des idées là dessus. Le résumé en gros c’est : si une personne se sent agressée, qu’elle le soit vraiment ou non, on l’écoute, on lae soutien. Mais, on ne gère pas la personne qui aurait produit l’agression de la même manière si iel en a vraiment produite une ou non. Et ça, ça nous amène a la deuxième partie : questionner le ressenti.

2) Ressenti d’agression et milieux féministes et queer

Selon les code sociaux actuellement majoritaires des milieux féministes et queer, y’a une règle par rapport aux ressentis : on ne questionne pas, on te croit. Et on pense que c’est une très bonne chose, tant qu’on s’arrête à l’aspect émotionnel des choses : on ne pense pas pertinent de questionner les émotions, de les remettre en cause, de les délégitimer. Ses émotions, on les ressens, elles existent, elles ont le droit d’exister. Par contre, on pense que c’est important de questionner les faits. Comme on l’a vu avant, un ressenti d’agression n’est pas forcément due à une agression. Ensuite, une agression n’est pas forcément unilatérale, il peut y avoir des gens qui produisent et subissent une agression dans une même situation. Enfin, il y a plusieurs degrés d’agression, de violence, et toutes ne sont pas à prendre à la même echelle.

Questionner les faits en collectif / communauté, ca permet de questionner la réaction à avoir par rapport à une situation donnée. Si il n’y a pas d’agression dans une situation donnée même si il y a un ressenti d’agression, on a déjà parlé des plusieurs idées qu’on peut mettre en place.

Dans les cas ou y’a bien une agression, y’a plusieurs situations possibles :

  • L’agression est unilatérale (y’a une personne qui agresse et une personne qui subit), et pour ça on vous propose de regarder la prochaine partie « accompagner une personne auteur·ice »). Plusieurs cas dans ces situations
    • Si le ressenti d’agression est moins important que les faits d’agression produits (dédramatisation, négation de certains aspects de la part de la personne ciblée), y’a plusieurs choses à combiner. A la fois respecter les envies et besoin de la personne ciblée, à la fois réussir à travailler avec ellui pour capter que l’enjeu est peut-être plus fort, que peut être va y avoir un contrecoup, un traumatisme etc… et se préparer à gérer ce genre de choses.
    • Si le ressenti d’agression est plus important que les faits d’agression produits (dramatisation, exagération, …), c’est important encore une fois de pas questionner les ressentis. Par contre, c’est intéressant de réflechir à la position à tenir avec la personne auteur·ice, et de pas avoir une réaction disproportionnée.

      Dans ces deux cas, le rapport « plus important » « moins important » est complexe. Ca va dépendre de la différence entre les plusieurs versions, de qui le collectif croit, de l’évolution des versions dans le temps, du rapport entre les personnes concernées par la situation, etc… y’a une vigilance ultra importante à avoir, c’est d’essayer au maximum de pas faire jouer les affinités dans la balance de qui croire.
      En tous les cas, demander à avoir des faits concrets, c’est utile pour savoir comment juger d’une situation. Si une personne dit avoir vécu du harcèlement d’une autre personne, c’est important de savoir ce qu’iel défini comme harcèlement, comment ça s’est articulé, à quelle fréquence les comportements harcelants se passaient, quels étaient ces comportements.
      Et il nous semble tout à fait légitime de demander à avoir des faits, puisque si l’on nous demande de juger d’une situation, il nous faut savoir de quoi l’on juge. En plus de ça, on est pas des individus objectifs, on a des vécus, des ressentis, des traumas, des avis, et forcément ça influence comment on vit une agression qu’on subit, qu’on produit, ou dont on nous parle. Avoir les faits, ca permet de les interpreter, de choisir collectivement la réaction à avoir plutôt que de n’être guidée que par les ressentis de la personne qui a subit une agression.
  • L’agression est multilatérale (les deux personnes s’agressent et subissent des agression mutuellement).
    • Dans ces cas, c’est utile créer une médiation entre les personnes qui vivent la situation, et de réussir à faire à la fois un taff orienté pour une personne qui subit une agression et pour une personne qui en produit, à chacune des personnes. C’est vachement compliqué, c’est un taff d’équilibriste, mais ça peut apporter pas mal de choses.

ACCOMPAGNER UNE PERSONNE AUTEUR·ICE

Avec la team patpat, on  a pensé ce zine avec plusieurs présupposés : déjà c’est que la personne auteur·ice soit active dans le processus. Si elle ne reconnaît pas son comportement et ses actions, c’est super dur de pouvoir taffer avec elle sur comment éviter qu’elle les reproduise de nouveau. Aussi, comme on avait une volonté de parler des agressions et violences dans nos milieux, on part du principe que les personnes partagent différents espaces, d’où le fait qu’il soit important et nécessaire de mettre en place des accompagnements communautaires.

On avait deux – trois trucs à préciser aussi, avant d’entrer dans concrètement, comment on accompagne une personne auteur·ice. Déjà, on considère qu’on a toustes déjà été agresseureuse au moins une fois dans notre vie, parce que la société nous apprend pas à respecter les limites des autres et à les écouter.
Du coup, on cherche pas à essentialiser les gen·tes par rapport à leurs actes, il n’y a pas de « victime » et d' »agresseur » en soi, ni de gène de l’agression avec lequel des gen·tes seraient né.es.
Les monstres agresseurs, ça n’existe pas!

Tout pareil, avec la team on pense qu’il faut trouver d’autres outils que l’exclusion pour gérer les personnes ayant réalisé des agressions (même si des fois ça peut être la seule solution qu’on a). Si on vire juste les personnes agresseureuses, on a de grandes chances que ces personnes partent (logique me dis-tu) et donc qu’elles se refassent un nouveau cercle social ailleurs, sans outils pour évoluer, comprendre ce qui les a poussé à commettre une agression et comment ne pas recommencer. De plus, si on raisonne comme ça, ça oublie que les agressions s’inscrivent dans des dynamiques systémiques qui nous sont enseignées par la société autour de nous. Nous on veut trouver des moyens de les reconnaitre et de lutter contre ces dynamiques aussi au sein de nos communautés.

C’est quoi une dynamique systémique? Avec la team patpat’, on pense que le monde autour de nous fonctionne avec certaines règles générales, si on prend l’exemple des dynamiques sexistes :
il y a une croyance forte dans notre société que les mecs ont une valeur supérieure aux meufs. ça se manifeste de plein de manières différentes, genre des mecs qui vont te dire « retourne à la cuisine », mais aussi des mecs qui vont te dire « chérie j’adore quand tu cuisines ce super risotto » et toi tu vas commencer à cuisiner plein de risottos parce que tu aimes faire plaisir à ton boug.
Et ptet que ton mec se rendra même pas compte qu’il est en train de se délester de la charge d’apprendre à faire du risotto, connaître les ingrédients, aller les acheter au supermarché, et de prendre le temps de les cuisiner, et qu’en faisant ça il te renvoie inconsciemment à la cuisine.
Et ça se reproduit pas juste avec le risotto, mais avec tous les autres plats, mais aussi avec le ménage, le repassage, du coup tu te tapes tout le taff à la maison. ça marche dans toutes les sphères de ta vie : quand tu es une meuf (ou que les gens autour de toi penses que t’es une meuf), on te renvoie toujours à des tâches qui sont vues comme moins gratifiantes. Tu vas gagner moins qu’un mec pour un même métier avec une même fiche de poste et une même formation. Ta parole sera moins écoutée quand tu parles.
De manière consciente ou inconsciente, ce mécanisme se reproduit à toutes les échelles de la société et dans tous ces domaines. C’est ça l’idée de truc systémique, c’est que ça se reproduit partout, tout le temps, de différentes manières.

Si on revient à nos moutons : pour les agressions c’est pareil, il y a des gen·tes qui savent très bien qu’ils reproduisent le système autour d’eux en dépassant les limites des gen·tes autour d’elleux, et il y en a d’autres qui le font inconsciemment. Et si tu dis « j’ai pas envie de faire du risotto aujourd’hui » et qu’on te force à faire du risotto quand même, parce que tout le monde pense que c’est à toi de faire le risotto, on dépasse tes limites. Comment on fait pour que les personnes qui veulent du risotto aprennent à cuisiner elles-mêmes, à aller faire les courses, mais aussi à cuisiner autres chose que du risotto et à ne pas vouloir absolument manger du risotto avec toi si toi t’en veux pas?

En bref, on pense qu’on a dix fois plus à gagner à faire de la médiation, à apprendre à respecter les limites qui nous sont posées, et à reconnaître les dynamiques sytémiques autour de nous et à ne plus les reproduire, qu’à exclure des gentes de nos communautés. La société autour de nous est raciste, sexiste, hétéro-patriarcale, classiste et validiste. Elle se moque de gérer les agressions, de les prévenir, car pour elles, ces agressions sont légitimes. En plus de ça, les agressions dans la société servent à maintenir l’ordre injuste. Les agressions classistes servent par exemple à faire en sorte que les personnes pauvres se sentent inférieures et acceptent des conditions de vie indignes en pensant qu’elles le méritent. Et quand la société décide de s’occuper de gérer les agressions, c’est en punissant les personnes auteur·ices, sans essayer de remettre les actes dans leur contexte, ni de donner des outils aux personnes agresseur·ices pour ne plus les recommencer.

Avec la team patpat’, on prétend pas avoir les bons outils (est ce que ça existe, déjà, des outils qui fonctionnent dans chaque situation?), mais on essaye juste de proposer des pistes pour réfléchir ensemble et se servir de ce qui nous a aidé quand on a eu besoin d’aide.

On a quand même un point sur lequel on attire ton attention : comprendre le contexte de réalisation d’une agression n’est pas la cautionner. Comprendre, c’est aider à replacer les actes d’une personne dans le système qui les a produit, pour en tirer des leçons et essayer au mieu de subvenir aux besoins de la personne ciblée et empêcher que ces actes se reproduisent et fasse du mal à d’autres personnes. Et pour ça, on a besoin du contexte, de comprendre la société autour de nous et ses règles et valeurs implicites. c’est ça la justice transformatrice : penser les agressions, non pas comme des actes isolés mais comme faisant partie d’un système.

Mais alors concrètement, comment on fait? Bon, déjà on fait comme on peut, mais on a des pistes :

Piste n°1 : Mettre en place un groupe de médiateurices

Venir accompagner une personne auteur·ice d’agression, c’est penser une médiation différente qu’avec une personne ciblée. Il s’agit de venir confronter la personne, de lae responsabiliser par rapport à ce qu’iel a fait, tout en prenant soin de ne pas lae déshumaniser. C’est un équilibre difficile à trouver, il est possible que la personne auteur·ice d’agression soit dans un premier temps dans le déni, ou bien qu’elle manifeste une incompréhension par rapport aux faits qui lui sont reprochés. Dans un premier temps, ce n’est pas grave, il faut l’écouter raconter sa version des faits, ce qui s’est passé pour elle. Cette première écoute doit se faire sans jugement ni critique, pour permettre de comprendre comment aider la personne à répondre aux besoin de la personne ciblée et comment empêcher qu’elle reproduise les mêmes actions une deuxième fois.

A ce stade, on a donc un groupe de médiation avec la personne ciblée, et un groupe de médiation avec la personne ayant commis l’agression. Les deux groupes de médiation doivent pouvoir communiquer entre elleux. Il nous semble important de re-préciser que ce n’est pas parce qu’une personne travaille avec la personne ayant commis une agression que celle-ci est d’accord avec les actes commis ni qu’elle les cautionne.

Pourquoi mettre en place un deuxième groupe de médiation et ne pas avoir un seul et même groupe qui gère la discussion avec la personne ciblée et la personne auteur·ice? Nous, on s’est dit qu’il valait mieux deux groupes, parce que en tant que médiateur·ices, le fait d’écouter plusieurs versions des mêmes faits peut nous donner une position clé dans la gestion de l’agression. Par exemple, une personne qui aura écouté une permière version des faits peut avoir tendance à défendre cette version auprès de la deuxième personne et prendre une place qui n’est pas la sienne. Il est encore une fois important de définir ce qui sera dit par les médiateur·ices d’une personne à l’autre. Peut-être qu’à un moment, la personne ciblée n’a pas envie d’entendre que la personne auteur·ice se sent mal. Peut-être qu’une personne faisant la médiation ou bien du care auprès de la personne ciblée n’aura pas non plus envie d’entendre ces propos et aura donc tendance à moins bien pouvoir écouter la personne auteur·ice. Séparer les groupes permet de séparer la charge émotionnelle liée à l’écoute des personnes impliquées dans la situation d’agression. Pour que les groupes fonctionnent bien, ça peut pêtre inétressant de penser les relations entre les membres du groupe (est ce que certain·es des membres s’entendent mal? Est-ce que certain.e.s des membres du groupe s’entendent mal avec la personne ciblée? la personne auteur·ice?)

Pour nous, le groupe de médiation auprès de la personne auteur·ice a plusieurs objectifs. Tout d’abord, écouter la personne auteur·ice. Mais il doit également pouvoir lui fournir des ressources et un appui dans sa réflexion sur la manière de respecter les limites posées par la personne ciblée et la ou les manières de ne plus recommencer à dépasser les limites d’autrui (on développe ça un peu plus loin!). Il doit également mettre en place différents outils (demander à ce que la personne ait un suivi psy par exemple, à ce qu’elle lise telle ressource, à discuter sur telle thématique).

Ces demandes du groupe doivent être claires : un objectif appelle un moyen adéquat, mais aussi une limite temporelle. Si on prend l’exemple de la lecture d’une ressource qui nous paraît essentielle : il est important de se donner des moyens (si c’est un livre et que la personne n’a pas trop de thune, comment elle peut y accéder? Est ce qu »on peut lui prêter? L’avoir en ligne?), mais également de fixer une limite de temps (Dans quelle temporalité est ce que c’est faisable que cette ressource soit lue?). Ces moyens et objectifs peuvent évoluer en fonction de l’évolution de la situation de la personne auteur·ice, mais également des besoins et disponibilités du groupe de médiation.

Avec la team patpat, on a pensé à un type de gestion qui nous semblerait pas mal. (Bien sur, il faut l’adapter en fonction des situations et des besoins)

1ère étape : Deux groupes se constituent

2ème étape : Chaque groupe écoute la version des faits de la personne avec qui iels travaillent, leurs ressentis, et leurs besoins à l’avenir. Iels demandent ce qui leur est confié en tant qu’écoutant.e et ce qui peut être utilisé pour travailler à la résolution de la situation.

3ème étape : Les deux groupes discutent et mettent en commun ce qu’iels pensent pertinent, et proposent des outils pour répondre aux besoins des deux personnes impliquées.

4ème étape : La personne ciblée valide ou non les moyens proposés

5ème étape : Retour des groupes de médiateur·ices envers la personne auteur·ice, établissement d’un calendrier et d’objectifs précis.

6ème étape : phase de travail en autonomie de la personne auteur·ice avec les ressources proposées et allers-retours entre le groupe et la personne accompagnée.

7ème étape : La personne auteur·ice semble avoir avancé et le travail du groupe a fonctionné : arrêt du suivi par le groupe. Ou bien, les objectifs définis ensemble ne sont pas atteints (pourquoi? est ce que c’est par manque de volonté? si oui, le groupe peut décider avec l’accord de la personne ciblée d’arrêter la médiation en considérant que c’est un échec.

Piste n°2 : Prendre en compte la position sociale de la personne auteur·ice

Bon, là on a donné un peu des sortes de recettes, mais y a rien d’automatique dans la gestion des agressions, parce que les situations d’agression, mais aussi les situations des personnes sont multiples. Quand on est médiateur·ice, c’est chouette d’essayer de prendre en compte la situation matérielle de la personne pour penser la gestion. Est ce que cette personne a du temps/peut s’en dégager facilement pour travailler sur la question? Est ce qu’elle a des problèmes importants (financiers, psy, ect.) qui peuvent rendre le travail plus long et plus difficile? Est ce qu’en tant que médiateurice on est pas en train d’être plus dur.e inconsciemment parce que cette personne est minorisée? (exemple : être plus exigeant.e avec un mec noir qu’avec un mec blanc?). Aussi, est ce que la personne a besoin de protection? 

Piste n°3 : L’auto-gestion (yeeeayh)

Dans la team patpat on croit à un truc un peu mythique : l’autogestion! Même si le groupe de médiation vient épauler la personne auteur·ice d’agression, en lui fournissant certains outils, en réfléchissant collectivement à certains comportements, ça n’empêche pas que c’est à la personne auteur·ice de se faire ses propre choix et de se responsabiliser.

On sait que c’est compliqué de savoir se remettre en question, prendre les critiques sans s’énerver ou se vexer, mais quand on a commis une agression, c’est de notre responsabilité de le faire et de s’autonomiser sur la question. Si on n’y arrive pas, cela arrive, on peut demander de l’aide, mais il faut savoir que le groupe de médiation ne nous doit rien. Iels donnent de leur temps et de leur énergie mais ce n’est pas un du, et ses membres peuvent poser des limites pour ne pas être sans arrêt sollicité·es.

Plusieurs pistes pour s’autonomiser sur la question, à toi de choisir lesquelles sont les plus pertinentes pour toi :

  • S’auto-documenter (on a mis plein de ressources pour toi à la fin de ce zine donc on t’aide un peu)
  • Proposer de délester une partie de la charge de suivi à des strutures professionnelles (par exemple: contacter des collectifs militants qui bossent sur la question, consulter un·e psy etc..)
  • Savoir formuler ses demandes (Ne pas attendre passivement que le groupe de médiation vienne t’aider : tu peux formuler des demandes claires, des questions précises)
  • Apprendre à formuler tes difficultés : le groupe de médiation ne peut pas savoir si il se passe d’autres choses dans ta vie qui influencent ton travail avec le groupe si tu ne leur dis pas!

Cette autogestion est nécessaire car les membres du groupe de médiation ne sont pas au service de la personne auteur·ice.

Rien à voir, mais si c’est ton cas, avec la team patpat on te conseille de mettre en pause tes activités militantes pour un moment donné, le temps de te concentrer sur ton taff de documentation et de réflexion.

Conclusion

La gestion a un gros impact sur la reconstruction des individu·es.
Que cela soit les personnes ciblé·es, les personnes auteur·ices, voire meme la communauté/le collectif dans son ensemble.

C’est pour cette raison qu’on estime qu’il était nécessaire de faire un texte à la fois complet et accessible.

On rappelle que ce texte viens juste proposé des pistes…. Il est donc à adapter à chaque situation. Il est ni définitif, ni immuable, ni parfait.

Mais on pense (et espère) que ce texte vous serviras, vous aideras, car on a toustes galéré·es au moins une fois à faire les choses bien, et qu’on aurait espéré avoir un outil !

On espère, si vous avez le malheur de revivre une agression de près ou de loin, que ça vous sera utile.

AUREVOIR COLLECTIF DES CHATS DE LA TEAM PATPAT <3

Ressources

Lexique

  • Burn-out : 
    Le burn-out est un stress psychique et moral pouvant être causé par une accumulation de charges : de travail, administrative, problèmes personnels, mauvaise gestion communautaire du care, etc.

    Attention à ne pas individualiser le burn-out, celui ci émerge dû à une organisation collective d’une asso, d’un travail, d’un collectif, etc, et il doit donc être géré de manière collective : redistribution de la charge de travail et/ou diminuer la charge de travail collective, gérer le care, faire attention aux dynamiques d’oppressions qui pourraient pousser certaines personnes à prendre plus de charge.
  • Grooming :
    Démarche d’un adulte d’instaurer une relation d’amitié, de confiance et d’intimité avec un.e enfant et/ou sa famille dans le but de l’agresser sexuellement. Le grooming implique plusieurs techniques de manipulation, comme d’orienter les conversations sur le thème de la sexualité pour la normaliser, se positionner en initiateurice, offrir de l’attention et des cadeaux qui rendent l’enfant redevable, se faire passer pour plus jeune dans un premier temps afin de ne pas effrayer (en particulier sur internet) etc.
  • Call-out :
    Denonciation publique d’une personne/d’un groupe/d’une institution ayant des comportements/fonctionnements jugés problématiques. Celon ci sa vise un individu/ un groupe/ une institution, les effets et repercutions seront differents.
  • Care :
    « Prendre soin » en anglais, désigne les attitudes et dispositifs de sollicitude et de soin permettant d’accueillir et d’accompagner les personnes selon leurs besoins. Les relations de care sont multiples, par exemple : élever un enfant, écrire à des détenu·e·s, préparer un repas à son colocataire ou prendre le temps d’écouter un-e ami-e en détresse.
  • Cis-hétéropatriarcat :
    Il s’agit d’un systeme de domination et d’exploitation. Ce systeme vient favoriser une classe, les hommes, et defavoriser les autres, femmes et minorités de genres.
    Le patriarcat s’imbrique dans d’autres systeme d’exploitation, comme le racisme, le validisme, le capitalisme etc…
    Ainsi, Tous les hommes ne profite pas de la meme maniere de la structure patriarcale, et certain peuvent subir des violences du a ce dernier. Par exemple, les hommes noirs et arabes vont subir davantages de violences policieres du a une police raciste, qui vient percevoir ces hommes comme sur-viriles et donc dangereux.

    Les hommes non hetero subissent egalement des dominations de la part d’hommes hetero. Elles se repose sur une vision patriarcale (par exemple sur la nécessité du maintien de la famille heterosexuelle nucléaire)

    Pour bien comprendre le patriarcat, il est donc important de comprendre les interactions qu’il partagent avec les autres systemes d’exploitations et de domination.
  • Validisme:
    Il s’agit d’un systeme de domination et d’exploitation. Ce systeme vient favoriser une classe, les valides, et defavoriser les autres, les non-valides / les handicapé-es.
    Le validisme s’imbrique dans d’autres systeme d’exploitation, comme le racisme, le patriarcat, le capitalisme etc…
    Le validisme vient notamment precariser et infantiliser les personnes non valides. Cela a pour effet de les mettre dans des situations de dependances plus facilement. Et donc les soumet mecaniquement plus facilement a des situations d’emprise
    dans la cellule familiale / le couple (notamment pour les femmes et minorité de genre)
  • Communauté :
    Faire communauté, c’est partager quelque chose en commun avec d’autres gentes. Ce quelque chose peut être une activité, un lieu, une idée, une catégorie sociale ou tout ça en même temps. Aussi, la communauté existe de fait parce que certaines personnes y sont extérieures ou exclues. Synonyme : un collectif
  • Intracommunautaire :
    Voir Communauté. Qui concerne des personnes d’une même communauté.
  • Systémique: 
    Vision des actes/gens comme symptome d’un fonctionnement social plutôt que d’un choix individuel. Exemple : les contrôles au faciès des policiers relève d’un système raciste.
  • Personne ciblé·e :
    Il s’agit d’une personne étant ciblée par une agression.
  • Auteur·ice d’agression:
    Il s’agit d’une personne commettant une agression.
  • Agression:
    Action nefaste contre une ou plusieurs personne·s cible·s. Elle peut être intentionnelle ou non par la/les personne·s auteur·ices. L’agression se base sur un ou plusieurs système·s de domination/exploitation. C’est se caractere
    qui viens la différencier du conflit.
  • Micro-agression:
    Tout comme l’agression, la micro-agression se base sur un ou plusieurs systemes de domination/exploitation. Cette micro-agression peut etre intentionnelle ou non par la personne auteur·ice. Il s’agit d’un comportement ou d’un propos d’apparence banale. Ces micro agression, quand elles sont repeté·es / ignoré·es viennent maintenir un espace propice a des agression a plus forte intensité. Elles viennent également créer une violence psychologique contre les personnes ciblé·es.
  • Ressenti d’agression :
    Le ressenti d’agression survient lorsqu’un personne est soumise à une situation venant la mettre dans un ressenti d’agression, que l’agression soit fondée ou non. Ce ressenti peut notamment se manifester plus fréquemment dans le cadre de personnes minorisée, et/ou de personnes qui ont des traumas (cela peut venir les réveiller). Ce n’est pas une situation à ignorer, et le ressenti doit être pris en charge (soutien, etc), même si le ressenti n’est pas fondé sur une agression réelle (ex : conflit virulent, mésinterprétation de paroles ou de language non verbal, etc).
  • Conflit :
    Un conflit est une situation de violente opposition entre différentes personnes. Ces oppositions peuvent se matérialiser sur différents aspects : des divergences d’opinions politiques dans un cadre militant par exemple, des divergences d’intérêts : économiques, politiques, ou de classe (au sens large : sociale, de genre, orientation sexuelle, race, etc), ou alors cela peut correspondre à une opposition de sentiments, par exemple une perception différente d’évènements.
  • Justice punitive :
    La justice punitive est la vision dominante de la manière de faire justice (promue institutionnellement) visant à régler des problématiques de conflits/d’agression via la punition de la personne auteur·ice de l’agression, et parfois aussi par le dédommagement de la personne cible.
    Le cadre institutionnel proposé est forcément biaisé, car il s’agit d’une justice d’état, bourgeoise, raciste, et sexiste entre autres. La justice sert donc les intérêts politiques des dominants, et cela vient créer une « échelle des crimes » : certains crimes sont très condamnés (sujets à des peines plus sévères et plus appliquées) par rapport à d’autres, selon le profil des personnes auteur·ices. (Par exemple, peu de condamnations pour évasion fiscale, et beaucoup pour trafic de drogue).
    Le constituant majeur de cette justice punitive se retranscrit par l’idéologie carcérale, soit l’exclusion de la sphère sociale des personnes ayant commis des crimes ou des délits.
  • Justice réhabilitative (utilisée par l’état, exemple TIG)
    La justice réhabilitative est le second bras de la justice punitive/d’état, elle vise à proposer une alternative et à compléter l’offre carcérale en mettant en place un ensemble de méthodes alternatives.
    Ces méthodes visent notamment à réinsérer les personnes dans la société, par exemple via des travaux d’intérets généraux, donc par le travail, ou via la sensibilisation par des personnes victimes, ou des suivis psy, etc (exemple des pédocriminels ou violeurs). Ces méthodes visent également à augmenter le contrôle social, via notamment les bracelets électroniques, les pointages au comico, ou les interdictions de déplacement…

Protocole de gestion des agressions et micro-agressions (en milieu militant)

un protocole réalisé par la rencontre entre la FRAP et le CRAC (collectif rennais anti carcéral)

Nous ne faisons aucunement confiance aux réponses institutionnelles qui sont faites à ce sujet. La police, la justice d’État et son système pénitentiaire reproduisent les mêmes rapports de domination que nous subissons déjà au quotidien et, lorsque ces institutions prennent au sérieux ces problématiques, elles apportent avant tout des solutions punitives et d’exclusion. -LTDP, brochure sur la violence au quotidien

Sommaire

Introduction

Tous et toutes nous avons déjà été témoin ou victime d’une agression ou bien nous avons pu en commettre une. Si ce n’est pas le cas, c’est sans doute arrivé à quelqu’un.e qui nous est proche. Tous et toutes nous avons pu être la victime de quelqu’un.e et/ou le bourreau d’un.e autre. 

Les pratiques agressives sont courantes, qu’elles soient sexuelles ou non, conscientes ou inconscientes, parfois dévastatrices et parfois sans grande conséquence. Ces comportements prennent racine dans notre fonctionnement social, ou système, lequel repose sur l’exploitation et la domination. C’est la société elle-même, avec ses mécanismes de dominations, qui rend possible de tels comportements violents.  S’interroger sur l’origine des agressions, sur ce qui les rend possible, c’est peut-être faire un premier pas vers leur évitement.  

C’est ce qui nous a motivé, entre autres, FRAP (Front Révolutionnaire Anti Patriarcal) et CRAC (Collectif Rennais Anti Carcéral) à travailler ensemble. 

Ce sont aussi nos histoires personnelles qui nous y ont mené.e.s. Nous subissons des oppressions diverses, notamment racistes, transphobes, homophobes, sexistes, et nous avons voulu nous interroger sur les conditions de possibilités de tels agressions. Il nous importe aussi de réfléchir à une gestion des agressions qui ne soient pas punitives.Dans la lignée de réflexions déjà menées et d’autres qui le seront, ce protocole veut éviter, à terme, qu’il y ait des agressions. Nous espérons que, menées collectivement, ces réflexions pourront déboucher, sur la mise en place de nouveaux comportements, non-oppressifs, qui rendraient inenvisageables toute agression.  

Mais, cet objectif est encore lointain et le fait est qu’aujourd’hui, il y a toujours des agressions, notamment dans les milieux militants, et qu’il nous faut gérer cela. Les agressions sont encore difficilement évitées, et sont aussi souvent mal gérées : entre le rejet de la personne ayant commise une faute, le recours à des sanctions, le call out ou le manque de prise de position, de soutien, ou encore la relativisation de l’agression. Il nous semble alors primordial de nous munir d’outils pour mieux les gérer.  

Il s’agit d’ouvrir une réflexion collective sur les manières de réagir face à une agression, manières qui se distingueraient de réponses institutionnelles.  Nous considérons que la réponse à une violence ne peut pas être une nouvelle violence. Il s’agit de rompre la chaîne des agressions car le moins il y a d’agressions supplémentaires en réponse à une agression, le mieux c’est. 

Ce protocole se veut un premier pas vers l’élaboration d’une justice transformatrice et réparatrice, permettant à la fois de faire évoluer les rapports pour que reculent les violences sexuelles, et aidant tant les victimes à se reconstruire que les auteurs des violences à se remettre en cause et changer de comportement. Il est sans doute préférable de questionner et d’agir sur les causes des agressions plutôt que d’agir uniquement sur les conséquences. Ces deux actions sont sans doute indissociables. La lutte contre les violences oppressives dans les milieux militants ne se gagnera pas grâce au rejet et à la sanction. Il nous faut nous éloigner des représentations communes de la justice et de son fonctionnement, celle-ci ayant largement montré ses limites. Il s’agit de penser une justice qui se fassent avec les individus, sans être arbitraire ; une justice sensible aux singularités des situations et des êtres. Ce protocole est aussi une invitation à réfléchir à une justice autre.

Ce protocole est le fruit de notre réflexion, elle n’est pas aboutie mais est un point de départ. Le protocole est disponible et est fait pour que chacun.e, on s’empare de ces problèmes et qu’on y apporte des réponses qui nous soient adaptées. Il est toujours à améliorer, à approfondir, à reformuler. Il est probable que nous continuions à travailler dessus et que ce protocole soit donc évolutif. Ce point met l’accent sur les écueils possibles de ce protocole et nous avons fait au mieux pour les éviter. Nous avons voulu éviter les réflexions oppressives et les remarques qui pourraient blesser. Nous avons voulu éviter, comme nous évitons de l’être au quotidien, d’être racistes, classistes, validistes, sexistes etc. On ne veut pas que ce protocole soit lu comme une leçon, ce sont avant tout des points de vue personnels et des propositions destinés à nourrir les réflexions de la personne qui nous lit. On ne veut pas non plus rendre froids et théoriques des vécus. On ne veut pas que nos propositions soient perçues comme des normes. Il nous semble important de rappeler qu’il y a de multiples manières de gérer une agression et que ce qui est primordial c’est d’être confortable avec la gestion que l’on met en place. Par exemple, le call out est parfois la seule solution. Il n’y a pas d’orthodoxie en ce qui concerne la gestion d’une agression mais il y a nécessairement une réflexion à mener pour minimiser la casse et faire en sorte que cela ne se reproduise plus.

Nous croyons en la créativité de chacun.e pour mettre en place des réponses adaptées. Nous croyons au potentiel que l’on porte en nous et nous pensons que nous pouvons être optimistes, quant aux milieux militants notamment, car il nous est permis d’espérer que la bonne volonté des personnes et le désir de faire sécession avec un certain nombre de pratiques, héritées du monde ancien encore trop actuel, nous permettront d’avancer sur ces questions.

Le but de ce protocole, c’est de gérer et de prévenir les agressions, mais c’est quoi en fait une *agression? (*voir lexique) C’est une action, consciente ou non, qui blesse de manière psychologique ou physique quelqu’un.e. Quand on agresse, on dépasse les limites de l’autre. Dans le lexique, on a défini ce que c’est une oppression. Certaines agressions s’inscrivent dans un *système (*voir lexique) d’oppression (raciste, sexiste, classiste, validiste…). Elles peuvent être porteuses directes d’une oppression (ex: un.e blanche avec un comportement raciste envers un.e arabe) [histoire de varier les imaginaires d’oppression], ou symptomatiques de ce système (ex: une femme avec un comportement sexiste envers une autre femme). Ces agressions sont différentes parce que dans l’exemple proposé, lae blanc.he bénéficie directement du système et que par cette agression, iel contribue directement au maintien d’un système qui lui bénéficie. Une agression peut aussi être non oppressive, c’est à dire qu’elle ne se situe pas dans le cadre d’une oppression (ex: deux hommes blancs cis hétéros bourgeois valides qui s’insultent). 

Dans ce protocole, on a voulu prendre en compte les agressions, mais aussi les *micros agressions (*voir lexique). Souvent, il est plus difficile de bien capter ce qu’est une micro-agression. C’est une agression qui est facilement banalisée car perçue comme minime, mais elle participe à alimenter les comportement oppressifs et agressifs et à la reproduction d’un système de domination. Par exemple, cela peut être des mégenrages, des blagues racistes, sexistes, ect..

Comment éviter les micro-agressions? Il faut essayer de prendre en compte les différentes oppressions, et le fait que certaines actions/paroles qui semblent insignifiantes pour une personne peuvent blesser une autre. Si tu vois que la personne en face de toi est mal à l’aise, ou te dit d’arrêter: arrête toi. Prends le temps de réfléchir à pourquoi cette personne est mal à l’aise, documente toi, discutes-en, et arrête tes comportements oppressifs.

Dans les questions d’agressions et de micro agressions, la thématique du ressenti, du malaise face à un comportement est très importante. Récemment, le ressenti a été érigé comme limite sacro-sainte. Cependant, on pense important de questionner cette limite: nous ne voulons pas invalider les ressentis mais il est important de savoir aussi les questionner. Par exemple, un mec mal à l’aise devant des zones en non-mixité choisies, qui utiliserait son ressenti pour faire fermer les zones en non-mixité, c’est utiliser l’argument du ressenti comme argument d’autorité,c’est à dire un argument indicutable, qui clôt le débat. Les ressentis peuvent être des symptômes du système dans lequel on a grandi. Voir des comportements/actions sortir du système qui nous a façonné peut parfois nous rendre mal à l’aise. Dans ces cas là, il est important de questionner notre malaise: est-ce que je me sens mal à l’aise parce que je me sens heurté.e? Est-ce que ces actions sont des actions qui me blessent ou est ce que je me sens bizarre parce que ces actions sont hors norme, hors de mes habitudes, de mes cadres de pensée? Est ce que ce ressenti doit plutôt être géré de moi à moi, ou ai-je besoin de l’exprimer et d’être écouté.e? 

Comme dit plus haut, les ressentis peuvent être façonnés par des normes sociales. La question du ressenti est aussi intimement liée avec celle du validisme : certaines personnes handis ont des manières de réagir/penser différentes des valides. Pour inclure tout le monde, il est aussi important de savoir que nos actions ne provoquent pas les mêmes ressentis chez tout le monde. D’habitude, on calibre ce qu’on fait selon des normes sociales: par exemple on sait que faire la bise c’est un moyen de dire bonjour, et que chacun.e sait que faire la bise est un moyen de dire bonjour, on y a été habitué.es depuis tout.e.s petit.e.s. Mais en fait, peut être que des personnes vont détester faire la bise pour tout un tas de raison et réagir négativement à une bise de bonjour, et c’est important de prendre en compte que chacun.e peut réagir différemment à chaque action et d’essayer de sortir de notre vue normée des interactions.

Les ressentis, c’est une  question complexe qui doit être réfléchie en lien avec les *oppressions systémiques (*voir lexique) et notamment la question du validisme, pour ne pas avoir des ressentis érigés en ressentis sacro-saints, mais ne pas non plus ne pas prendre en compte les réactions personnelles face à certaines actions. Ils doivent être écoutés: des fois, il n’y a pas d’agression, mais un ressenti d’agression; et c’est aussi très important d’arriver à être présent.e.s dans ces cas là. Un ressenti d’agression peut être aussi violent pour une personne qu’une agression, et elle aura besoin d’écoute et de soutien.

Les phases de la gestion d’une agression

Il y a 4 phases dans la gestion d’une agression :

    L’avant : on sait d’où viennent les agressions, l’idée est d’essayer de traiter les problèmes sociaux à la racine plutôt que de devoir en gérer les conséquences. Liste non-exhaustive des trucs à essayer de faire exister au sein de collectifs :

        -La conscience de l’existance des oppressions systémiques

        -La conscience des symptomes de ces oppressions, sur soi et sur les autres

        -La conscience de la violences des agressions et des micro-agressions, du fait que cette violence est pas constante en fonction du rapport d’oppression, des ressentis personnels des personnes agressées.

        -L’empathie dans le groupe et la capacité à écouter, accepter les ressentis de l’autre

        -La capacité à gérer une agression en évitant au maximum la justice punitive.

    Le Pendant : si on est spectateur.ice d’une agression (ou qu’on a l’impression que c’est une agression sans être sur.e), il existe la règle des 5D :

        -Distraire : Engager une conversation avec la personne ciblée, détourner l’attention de lae harceleur.se.

        -Déléguer : Demander de l’aide, attirer l’attention pour faire réagir.

        -Diriger : demander à l’agresseur.se d’arrêter, intervenir, défendre la cible, demander de l’aide tout en évitant de se confronter directement à l’agresseur.se ou de s’exposer au danger. 

        -Dialoguer : dès que l’incident est terminé (et même si l’agresseur.se est toujours présent), faire le point calmement avec la personne agressée pour la rassurer (“Je peux m’asseoir à côté de toi ? Tu veux que je demande de l’aide ? Tu veux sortir d’ici ?”) Indiquer que l’attitude de l’agresseur.se n’était pas normale, agir comme un.e ami.e. Eviter de parler avec l’agresseur.se car la création d’un débat peut entraîner une possible escalade de la violence.  

        -Documenter : Si aucune intervention n’est possible (keuf, séparation physique, …), filmer, prendre des photos, au cas ou la personne survivant.e veuille accumuler des preuves.

    A l’annonce de l’agression : A partir de là, vous pouvez avancer sur la suite du protocole. Les premières étapes sont de sécuriser, d’écouter et de rendre le choix à la personne survivant.e. En même temps, l’idée est de séparer physiquement les personnes en jeu dans l’agression, et de sonder directement dans quelle posture est la personne agresseuse (écoute, déni, conflit, …).

    L’après : On entre dans la phase de gestion de l’agression.

Comment gérer un ressenti d’agression

Comme on l’a dit avant, tout ressenti est légitime, mais rendre le ressenti incontestable est une mauvaise idée pour gérer des agressions. Du coup, la question c’est comment on gère une personne qui

Déjà, la première chose c’est l’écoute. On écoute ce qu’il s’est passé, les émotions qui en ressortent, et on soutient la personne qui a ressenti un malaise, une blessure par rapport à ça. L’émotion et le ressenti sont incontestables, dans le sens qu’ils existent, et qu’ils veulent dire quelque chose.

Toujours dans l’écoute, on va essayer de savoir ce que la personne reproche à cellui qui l’a agressé.e. On essaye aussi de savoir ce qu’iel veut pour la gestion de cette histoire.

A noter que la première personne qui vient se plaindre n’est pas forcément LA victime de l’histoire. Déjà dans le sens où elle n’est pas forcément victime tout court dans l’histoire. Ensuite, dans le sens où ça ne se joue pas au premier qui parle. Mais aussi, dans le sens où y’a pas forcément qu’une personne victime dans l’histoire, que parfois les deux personnes sont victimes et agresseur.se, à des moments différents, à des intensités différentes.

Bref, une fois la/les personne(s) écoutée(s), la question c’est de savoir si il y a eu agression, ou si le ressenti vient d’un comportement qui n’est pas ciblé sur la personne qui en a parlé. (Exemple : Un.e blanc.he fait une blague raciste dans un groupe à majorité blanche, avec des personnes racisé.es. Si un.e blanc.he de ce groupe exprime son malaise, son choc, la violence qu’iel a subi, ça s’écoute. Mais c’est pas une agression sur la personne blanche, ça soulève juste un comportement de merde, qu’il faut gérer comme comportement de merde. Par contre, si une personne racisé.e dit s’être senti agressé.e dans cette histoire, là y’a agression. La blessure, le malaise, le choc vient directement d’une attaque, ciblée parce que racisme sur personne racisée, et peut-être non consciente mais y’a agression quand même.

Si y’a agression du coup, on vous laisse avancer sur les parties suivantes de « comment gérer une agression ».

Si y’a pas agression, alors l’idée c’est (pas dans l’ordre chronologique, au feeling):

    -De faire comprendre à la personne que c’est pas elle la personne agressé.e dans l’histoire même si son ressenti est grave légitime. (un.e  blanc.he peut grave être malaisé.e, voir ses limites dépassées par un truc raciste, parce que le racisme c’est hardcore. Donc faut gérer le comportement, sans placer la personne blanc.he choqué.e comme personne survivante) (et les choses sont évidemment jamais si simples, parce que y’a des vécus partagés dans les questions d’oppression, donc y’a des rappels, des souvenirs traumatiques etc… si la personne blanc.he est choquée parce que ça lui rappelle des agressions qu’iel subit en tant que trans, handi, gay, …, ça s’écoute différement)

    -De prendre soin émotionnelement de la personne. L’idée c’est pas d’éviter l’émotion, de l’apaiser, de la silencier. C’est de la gérer, donc d’en parler, de l’affronter, de la sortir, d’empouvoirer la personne par rapport à ça. (Dans notre exemple, rendre la personne blanc.he en capacité de dire « c’est de la merde ce que tu dis, ca m’énerve ». On essaye d’éviter de tout garder pour soi, ou d’attendre que la personne soit exclue parce que pas suffisamment safe)

    -De comprendre le malaise de la personne, et de gérer les comportements qui ont été problématiques (avec ellui dans l’idéal). Ca peut être discuter avec la personne qui a été agressive, lui mettre un coup de pression, l’ignorer, n’importe.

    -De ne pas en faire un ragot qui va potentiellement tourner, être déformé, et finir par être transformé en agression.

    -Si vraiment le ressenti est abusé (genre un mec cis het qui se sent agressé parce qu’on lui demande son pronom, un.e blanche qui dit qu’ielle subit du racisme anti-blanc), y’a aussi évidément possibilité d’envoyer bouler.

    -Encore et toujours, c’est du cas par cas, prenez ce que vous voulez / avez besoin, et faites au feeling avec la/les personne à qui vous parlez.

Quel rôle pour la communauté

Ici on considère que la personne agresseuse est désireuse de réfléchir sur son action et reconnait qu’elle a mal agi. Si ce n’est pas le cas, il sera peut être difficile, épuisant et vain d’insister, on peut essayer, mais si la personne ne montre aucune bonne volonté, peut-être est-il mieux de ne pas s’acharner pour se préserver. Tant qu’elle ne sera pas dans une bonne disposition, elle ne fera que perpétrer des violences. Il est possible qu’elle est besoin de temps. 

Alors, lorsqu’une agression a lieu, il y a plusieurs personnes concernées  : il y a la personne qui commet une agression et celle qui est victime de cette agression, il y a aussi l’entourage de ces personnes à qui il est possible de se confier, qui soutiennent et accompagnent la personne agressée et la personne agresseuse. Souvent, ce sont les acteurices principaux de l’agression et de sa gestion.

Lorsqu’une agression a lieu en milieu militant, c’est tout le groupe militant qui se trouve concerné. Evidemment, tous et toutes ne sont pas forcément proches des personnes concernées mais il est tout de même possible de penser une gestion collective des agressions; cela peut même être bénéfique.

S’emparer collectivement de cela c’est introduire du politique là où on tend habituellement principalement  à voir des manquements, des offenses et des souffrances individuelles. Or, des comportements oppressifs sont bien souvent causés par quelque chose. Il peut être intéressant de débusquer ce quelque chose ensemble.

Qu’est-ce qu’une gestion collective des agressions ? Lorsqu’une agression a lieu, quel rôle la commu joue-t-elle ?

Avoir une gestion collective des agressions, c’est d’abord mettre en place un soutien qui soit collectif. La personne ayant subi une agression sait qu’elle peut trouver une oreille attentive et qu’elle peut compter sur le groupe. Il est important que, toujours, la parole de la personne agressée soit écoutée et entendue, qu’on respecte son vécu. Le rôle de la commu est avant tout un rôle de soutien et de vigilance. ( Ca se fait sur le long terme, l’objectif est d’être un collectif fort, vigilant et bienveillant).

Les personnes qui consituent la communauté doivent se garder de répandre des rumeurs. Les ragots ne servant aucunement la gestion des agressions.

Le groupe est là pour soutenir et non desservir. Il peut aussi être un soutien pour les personnes qui soutiennent, parce que gérer une agression ça peut être très prenant et le groupe peut aussi permettre de soulager les personnes impliquées. Une gestion collective permet de répartir le travail que cela représente. C’est souvent un engagement émotionnel fort pour les personnes qui la gèrent et parfois, ces personnes qui sont des soutiens, ont-elles-mêmes besoin de soutien, de conseils. Bien-sûr, ça demande un peu de subtilité de gérer une agression lorsque l’on n’est pas hyper proches des personnes concernées.

Une gestion collective des agressions c’est aussi une occasion de réfléchir avec et pour la communauté. 

Si on s’empare collectivement des agressions c’est aussi pour mettre en place des réflexes qui, on l’espère, pourront à l’avenir nous prémunir des agressions. Peut-être que si les récits s’imprègnent en nous et qu’on les questionne, alors les comportements deviendront  moins oppressifs. Des réflexes concernant la gestion-même des agressions peuvent aussi se mettre en place. Ces réflexes seront utiles lorsqu’une autre agression aura lieu.

L’idée c’est aussi que la commu puisse accompagner la personne qui a commis une agression. L’aider c’est aussi aider la communauté elle-même. Il est aisé de porter un regard jugeant sur l’évènement et la personne qui a commis l’agression. Et il est effectivement nécessaire de questionner l’évènement mais ce regard jugeant peut aussi être problématique.  Une personne qui juge une personne qui a commis une agression se place au-dessus d’elle et ainsi la rejete, or, en se placant en situation de domination sur cette personne, la communication se rompt alors qu’il peut être bénéfique  d’échanger avec la dite personne. Cela peut lui permettre de lui ouvrir une reflexion et une compréhension de ses actes pour  qu’à l’avenir elle soit plus vigilante. 

Juger l’agresseur ou l’agresseuse c’est aussi oublier que cette personne, ça aurait pu être nous, ou une personne qui nous est proche, alors travailler avec l’agresseurse c’est aussi réfléchir pour soi, pour s’assurer qu’on ne sera pas dans cette situation et que cette situation ne se représentera plus, on l’espère, au sein de la communauté.

Soutenir une personne survivante d’agression

ON SECURISE, ON ECOUTE, ON LAISSE LE CHOIX, ON SOUTIENT.

(Résumé de la brochure Soutenir un.e survivant.e d’agression sexuelle, à trouver dans l’infokiosque en complet. Il y a des modifications pour élargir le protocole à toutes les agressions, mais pour des enjeux d’agression sexuelle, la brochure est bien plus précise et carrée. Ce protocole marche aussi avec les micro-agressions, mais demande adaptation parce que des points sont spécifiques à des agressions traumatiques ou d’une violence extrême. TW la brochure a des tendances transphobes sur certains aspects)

PRÉCISIONS

Rien de tout ça ne constitue une recette magique. Croyez en vous ; croyez en votre ami-e. Prenez conscience que l’agression est liée aux problèmes du pouvoir, de l’oppression et du contrôle et que le soutien doit donc se faire en donnant, aimant et partageant. Ce ne sera pas facile, mais avec le temps, vous et votre ami-e grandirez et apprendrez plus que vous ne pouvez l’imaginer. Considérez ce document comme une aide qui peut vous guider au cours de ce processus, mais sachez que vous pouvez avoir à constituer votre propre liste de choses à faire.

Principe n°1 : LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ D’ABORD

Assurez-vous que la personne que vous soutenez ne soit pas en danger. Si elle l’est, essayez de trouver comment vous pouvez l’aider à en sortir. Protéger sa vie est votre priorité.

Une fois que sa sécurité est assurée (au moins à ce moment-là), essayez de voir si elle a des besoins physiques ou psychologiques dont on doit s’occuper.

Il se peut qu’il n’y ait rien que vous puissiez faire pour assurer la sécurité ou le bien-être de la personne. Dans ce cas, continuez d’essayer de voir comment vous pouvez soutenir la personne et l’encourager à trouver un endroit sur.

Principe n°2 : RESTITUER LE CHOIX

Afin d’aider une personne à aller mieux, vous devez immédiatement lui permettre de faire des choix pour elle-même. Est-ce qu’elle veut s’asseoir ? Être debout ? Soda ? Jus d’orange ? Eau ? Même les choix les plus anodins doivent immédiatement lui appartenir. Ceci participe à rendre un peu du pouvoir qui a été volé par la personne aggresseuse : une agression, c’est une violence, et c’est un dépassement de limite. Le même principe est vrai pour des choix plus larges et importants. Veux-tu aller te faire ausculter à l’hôpital ? (attention aux enjeux spécifiques) etc… Ces décisions peuvent être particulièrement difficiles à prendre, alors soyez patient-e et aidez la personne que vous soutenez à voir ce qu’implique exactement ces choix. Cependant, la personne doit avoir le pouvoir de prendre les décisions qu’elle veut, même si ce ne sont pas celles que vous auriez prises.

Faîtes attention aux questions très larges, aux questions ouvertes (comme « Qu’est-ce que tu veux faire ? »). Il se peut que vous ayez à proposer ou suggérer des choix qui aident la personne à récupérer de son propre pouvoir. Même le fait de faire des choix simples peut-être difficile. Vous devez comprendre cela. Parfois ces choix peuvent donner un grand sentiment de pouvoir, parfois c’est tout le contraire.

Ces choix incluent bien sûr les marques d’affection ou de réconfort physiques. Ne présupposez-pas que prendre la personne dans les bras est approprié. Ne présupposez pas qu’être proche physiquement va aider. Demandez et laissez vous guidez.

Principe n°3 : CROIRE !

Être cru-e est visiblement le facteur principal d’un processus « d’aller mieux » sain pour un-e survivant-e. Même avec un-e allié-e qui le/la croit, beaucoup de survivant-e-s passent leur vie à se débattre autour de ce qu’ille aurait pu faire pour empêcher ce que quelqu’un d’autre leur a fait. C’est votre travail de lui assurer qu’ille a fait ce qu’ille avait à faire pour survivre. Notre culture n’affirmera pas cela, et ainsi faisant, ne la croira pas.

Principe n°4 : SE TAIRE ET SE LAISSER GUIDER

Si vous commencez à parler beaucoup lors de vos discussions, il y a de fortes chances que vous disiez des choses qui ne vont pas aider. Cela peut sembler dur, mais c’est malheureusement vrai, même si vous avez subi la même chose. En gardant le silence et en laissant votre ami-e parler, vous vous empêchez d’ajouter à la conversation des éléments qui n’y ont pas leur place.

Encore plus important, en gardant le silence, vous laissez l’espace au/à la survivant-e qui lui permet de retrouver la possibilité de s’exprimer. L’agression réduit au silence, l’agresseur n’a pas écouté. Vous le pouvez.

Ne jugez pas les moyens d’expression qui brisent le silence. La personne peut avoir besoin d’exploser de rage, de pleurer, elle peut avoir besoin d’écrire, de nettoyer la maison de fond en comble. Elle peut avoir besoin de faire n’importe quoi d’autre que de penser ou parler de ce qu’elle a traversé. Il y a un nombre illimité de réactions possibles et elles méritent toutes d’être respectées et soutenues. Sauf peut-être dans les cas de menace de suicide ou d’autres comportements auto-destructeurs.

Principe n°5 : PAS DE VIOLENCE SUPPLÉMENTAIRE SANS DEMANDE (et si demande, faut réflechir)

Est-ce que la douleur de la personne qui écoute fera que celle du/de la survivant-e disparaisse ? Est-ce que le/la survivant-e a besoin d’essayer de calmer une autre personne violente qui pête les plombs ? Probablement pas.

Si des personnes opprimé.es par ce type d’agression décident de réagir collectivement, à la demande de la personne survivante, c’est leur décision. Si iels décident de faire appel à la violence et/ou demandent le soutien d’allié.es, c’est leur décision. Aux allié.es qui soutienne un-e survivant-e : il est absolument essentiel de mettre de côté vos désirs de gratification et de ne pas maintenir des spirales de violence.

Par rapport aux violences demandées par la personne survivante, il faut quand même y réflechir. L’idée ici c’est d’éviter la justice punitive, parce qu’on sait qu’elle est pas fonctionnelle dans pas mal de cas. La violence peut faire du bien, peut empouvoirer, peut libérer. Elle peut aussi couper toute communication, toute évolution de la personne qui a agressé, ce qui peut empecher de répondre aux besoins de lae survivant.e. 

Les besoins pour mieux-être de la personne survivante sont souvent : la sécurité (être protégé.e  ou se proteger d’autres agressions) / la reconnaissance (de l’agression, des limites dépassées, de la personne qui a été agressée et de ses émotions) / la réparation (réparer ce qui a été fait, soutenir lae survivant.e dans des besoins) / la non-reproduction (éducation pour que la personne agresseuse ne reproduise plus ses comportements) / la vengeance (faire subir à l’agresseur.se ce que la personne survivante a subit). Le maintien de la spirale de violence, et la justice punitive peuvent répondre à un besoin de vengeance, parfois de sécurité et de non-reproduction : ce n’est pas suffisant.

Spécifiquement aux hommes cis dans des cas d’agressions sexuelles par un homme cis : ce n’est pas votre égo qui est attaqué, ce n’est pas quelque chose qui vous appartient qui a été agressé. Ce n’est pas de votre responsabilité et de votre choix de devenir le protecteur. Ce n’est pas un moment pour prouver que vous êtes un bon mec cis face aux mauvais mecs cis. Rangez votre égo, et suivez ce que les concerné.es vous disent.

Principe n°6 : CONNAÎTRE SES LIMITES

Vous ne pouvez pas sauver tout le monde. Un-e survivant-e peut seulement se remettre en point au niveau qui lui est possible à un moment donné. Si une personne que vous aimez a été agressée, il faut que vous réalisiez que, d’une certaine façon, vous êtes également affecté-e. 

Assurez-vous de trouver du soutien pour vous aussi. Beaucoup conseillent même d’être suivi psychologiquement ou de suivre une thérapie de groupe quand on soutien quelqu’un-e qui s’est fait agresser.

Encouragez (en faisant attention) la personne que vous soutenez à élargir son réseau de soutien. De nombreuses personnes trouvent beaucoup de réconfort dans des groupes de soutien composés de personnes qui vivent ou ont vécu la même chose ou dans une variété d’autres formes de soutien.

Vous ferez des erreurs lors de ce processus. Ne vous flagellez pas, ne disparaissez pas parce que vous n’êtes pas parfait-e. Vous ne le serez pas. Agissez avec sensibilité et intégrité.

Faites attention à vous. Vous n’êtes d’aucune aide au/à la survivant-e si vous vous tuez à la tâche.

Principe 7 : RESTER IMPLIQUÉ-E ET RESTER FLEXIBLE

Se remettre d’une agression ne se fera pas nécessairement en une journée. Cela signifie qu’il y aura des hauts et des bas, des bonnes périodes et des périodes difficiles. Un-e survivant-e peut passer par beaucoup de ces phases au cours d’une seule journée. Votre présence et votre stabilité tout au long de ces transitions est fondamentale.

Le processus d’ « aller mieux » de chaque personne est différent. N’abandonnez pas quelqu’un-e s’il semble que les choses ne vont pas s’améliorer tout de suite. Essayez autre chose. L’impact positif que vous aurez/pouvez avoir est plus important que ce que vous pensez. Ne vous éloignez pas et ajustez le mode de soutien que vous apportez quand il devient clair que vous en avez besoin.

Principe n°8 : IL NE S’AGIT PAS DE VOUS 

Même si vous êtes vous même un-e survivant-e, dans cette situation il ne s’agit pas de vous. Il arrive souvent que quand des gens offrent leur soutien à des proches, illes se retrouvent à essayer de régler leurs propres problèmes que ce soit avec, ou indirectement, par la personne qui a été violentée.

Si (en particulier si vous êtes vous-même un-e survivant-e) vous n’arrivez pas à mettre de côté vos propres préoccupations afin de soutenir cet-te individu-e, soyez honnête vis à vis de ça. N’essayer pas de soutenir quelqu’un-e si ce n’est pas quelque chose dont vous êtes réellement capable. Continuez à vous guérir et travaillez à aider la personne que vous aimez à trouver d’autres personnes qui sont plus capables de l’aider pour l’instant.

Une façon de contrôler cela est de faire attention à ce que vous dîtes et à comment vous vous comportez. Réfléchissez à ce que vous faîtes et à pourquoi vous le faîtes avant de le faire. Réfléchissez à pourquoi vous voulez dire ce que vous voulez dire. Assurez-vous qu’il ne s’agit pas d’un besoin que vous avez, peu importe à quel point vous pensez qu’il est légitime.

Principe n°9 : TRAVAILLER POUR COMPRENDRE LE PROCESSUS DE SURVIE

Des phénomènes peuvent littéralement faire revivre l’agression au/à la survivant-e. Faîtes attention lorsque ces situations se produisent et faîtes ce que vous pouvez pour éliminer votre participation à celles-ci quand vous êtes auprès de la personne que vous soutenez. Quand vous voyez ce comportements chez des ami-e-s, qui ne sont pas à votre connaissance des survivant-e-s, procédez avec prudence et comprenez que ces personnes sont probabalement en train de revivre leurs propres agressions.

Documentez vous sur les agressions et la psychologie du processus de survie. Comprenez les implications à long terme et travaillez à aider la personne que vous aimez à guérir.

Spécifiquement dans les cas d’agressions sexuelles :

Si vous êtes le/la partenaire sexuelle d’un-e survivant-e, que vous ayez été leur partenaire avant, pendant ou après le moment de l’agression, faites particulièrement attention lors de vos rapports sexuels. Parfois, la personne ne voudra pas avoir de rapports physiques qu’ils soient sexuels ou même juste affectueux. D’autres fois, l’activité sexuelle lui permettra de retrouver beaucoup de pouvoir. Soyez patient-e et permettez-lui de fixer le rythme et le type d’activités dans lesquelles vous vous engagez. Soyez conscient-e-s que des actions en apparence anodines peuvent faire vriller le/la survivant-e.

Les conditions d’un call out

Derrière le terme du « call out » vient la volonté de dénoncer de façon publique un comportement qui aurait pu être jugé comme problématique. Le but, pour beaucoup de personne s’emparant de ce moyen de dénonciation publique, est notamment de faire en sorte que la personne agresseur.se soit « effacée » ou « évincée » du milieu dans lequel le call out est effectué. Voici une liste d’outils pour reflechir au mieux si l’utilisation du call out est judicieuse au vue de la situation. A noter que si le choix du call out est fait, ce protocole ne vous sera utile que dans la gestion de lae survivant.e.

Souvent la décision d’évincer une personne ou non repose sur des liens affinitaires. C’est humain mais il faut se dire que être ami.e avec l’agresseur.se, l’apprécier ou pas, ne constitue pas une raison suffisante pour juger la situation. D’autres éléments sont à prendre en compte :

Reconciliation 

(La personne accusée reste dans le groupe) 

– La personne faisant les accusations veut la reconciliation

– Le préjudice causé est relativement mineure

– Le préjudice est causé par une erreur de judgement

– Le préjudice est causé par ignorance

– La personne accusée est connue pour avoir elle-même vécu des difficultés ou des abus (iels sont aussi des survivant.e.s) 

– La personne accusée dénie les accusations et est crue

– La personne accusée exprime des remords

 

Expulsion 

 

– La personne faisant les accusations veut que la personne acusée parte – Le préjudice causé est servère 

– Il y a un modèle d’abus 

– L’accusé.e n’est pas réacti/f/ve au dialogue

– La personne agresseur.se semble avoir été conscient.e qu’iel était en train de dépasser des limites

– La personne accusée dénie les accusations et n’est pas crue 

– La personne accusée n’exprime pas de sincères remords

Gérer une personne agresseur.se

Tout d’abord, il est important de faire un rappel sur le fait que l’on peut être toustes agresseur.se. 

Le but de ce protocole n’est pas de condamner définitivement un.e agresseur.se et de lae classer dans la case de « monstre ». C’est de donner les clés pour pouvoir évoluer sur les agressions/micro agressions qui ont pu être faites et pour pouvoir éviter qu’elles se reproduisent.

En effet, ne pas prendre de temps particulier envers l’agresseur.se représente le risque que cellui-ci puisse reproduire un comportement agressif (et/ou oppressif) sans le savoir. Ou, sans avoir prit conscience que cela peut représenter une agression. Ainsi, gérer une personne agresseur.se dans une situation d’agression c’est aussi mettre tout en place pour pouvoir éviter que la situation se reproduise. C’est aussi éviter que la situation s’empire, chose que nous voulons à tout prix éviter; d’où l’intérêt de ce protocole.

Il est évident que la place de la communauté dans la gestion de la personne agresseur.se est très importante, car elle va définir la manière dont l’agression va être perçue et prise au sérieux.

Tout d’abord (comme visible dans la partie sur le rôle de la communauté), il est important au sein de la gestion d’une agression que la communauté se sépare afin de pouvoir mieux gérer l’agression en elle même auprès de lae survivant.e et de lae agresseur.se. 

Il faudra savoir qui va se charger de faire lae médiateurise entre les deux personnes (si le besoin se fait ressentir), qui va gérer lae survivant.e et qui va gérer lae agresseur.se. 

Le travail de gestion de l’agresseur.se est surtout un travail d’accompagnement et d’instauration du dialogue avec cellui-ci (nottament pour que iel puisse prendre conscience de la situation et que iel puisse agir en fonction).

L’intérêt premier en tant que médiateurise en contact direct avec lae agresseur.se est aussi de faire en sorte que la séparation physique se fasse entre la personne qui a subit l’agression et la personne qui l’a commise si un besoin se fait formuler. Cela met en lumière l’importance de la communication entre les différents médiateurises. 

Auto-gestion de l’agresseureuse

Comme on l’a dit au cours de ce protocole, on est toustes des agresseur.euses à un moment donné. On a toustes déjà dépassé le consentement d’une personne en face de nous. C’est  pour ça qu’il est important que chacun.e s’autogère: la commu ne peut pas te prendre en charge tout le temps, les gens ont aussi une énergie limitée. Prends toi en charge et commence/fais le taff seul.e. 

1) Si une personne te dit que tu as agressé, alors écoute là. Prends sur toi. Ne rejettes pas en bloc son témoignage: dans tous les cas, tu as agressé, comme chacun.e d’entre nous l’a fait à un moment de sa vie. Ce geste ne te définit pas, mais ta réaction face à cela si, car tu peux penser ta réaction, la réfléchir, prendre du temps pour bien réagir. 

2) Tu dois te remettre en question. Renseigne toi, écoute, laisse la place. Ne dépossède pas lae surivant.e de son vécu, c’est une agression qu’iel à vécu; c’est la personne qui parlera le mieux de son propre ressenti. Accepte d’avoir agressé même si tu ne le comprends pas, un.e survivant.e est légitime dans la violence qu’iel à ressenti, ton travail est de l’accepter et de ne pas le remettre en doute. Si tu n’as pas vécu l’action comme une agression dont tu étais l’auteur.ice, cela ne veut pas dire que la personne en face de toi ne s’est pas faite agressée, ni qu’elle n’a pas de ressenti d’agression. 

Oui ton égo est heurté, oui ça fait mal  d’apprendre qu’on a agressé si l’on ne s’en est pas forcément rendu compte. Mais en vrai, cette  douleur est si inférieure à celle de la personne qui a subi l’agression: laisse lui la place, ne prends pas tout l’espace avec ta douleur. Tu n’es pas un monstre, tu vis dans un système violent, mais c’est de ta responsabilité de comprendre et bosser sur toi pour reproduire le moins possible cette violence.

3) Dans ta manière de t’exprimer aussi, reconnais ce que tu as fait. Des excuses suivies d’un « Mais » et d’une longue explication du pourquoi du comment tu en es arrivé à agresser, c’est irrespectueux pour la personne en face, parce que tu recentres le focus sur toi. Peut-être que tu pourras exprimer cela plus tard, après avoir laissé son espace à lae survivant.e. ( Mais bien sur le contexte est important: analyse-le, comprends le, pour ne pas reproduire ce que tu as fait.) Un « je suis désolé.e si …. » ne fonctionne pas non plus car il invalide ce qui s’est passé. Le mot « Si » remet en doute la parole de la victime.

Accepte ce qu’elle te dit.

4) Demande pardon. Ne force pas pour recevoir le pardon de lae survivant.e, mais expirme tes remords, quand tu es désolé, et une fois que tu as compris ce que tu as fait

5) Tu peux chercher de l’aide. C’est difficile de se remettre en question seul.e. Demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais fais attention à ne pas saturer les réseaux d’aide. Garde en tête que la personne agressée est peut être en train de chercher de l’aide dans ces mêmes réseaux et qu’elle n’a peut être pas envie de te croiser.

En somme, garde toujours en tête que la personne la plus blessée dans l’histoire est lae survivant.e et que tu dois respecter ses besoins et demandes, tout en bossant sur comment faire en sorte que ton comportement ne se reproduise plus.

(biblio: texte Nous sommes toutEs des survivantEs, nous sommes toutEs des agresseureuses, traduit par le réseau CROUTE https://infokiosques.net/lire.php?id_article=1176)

AMORCER UNE COMMUNICATION PERTINENTE AVEC L’AGRESSEUR.SE

Faire comprendre à l’agresseur.se que si tu es là pour instaurer un dialogue avec ellui c’est parce qu’il n’y a pas de volonté de condamnation irréversible vis à vis des faits qui lui sont reprochés. Il n’y a pas de « bonne » façon d’aborder un.e agresseur.se afin d’instaurer un dialogue, mais certaines reflexions sont possibles afin d’aborder au mieux cette étape de la communication. 

Est ce que j’ai une position adaptée vis à vis de la situation, compte tenu de mon (possible) relationnel avec lae survivante ou avec l’agresseur.se ? 

Est ce que ma manière de communiquer habituellement avec cette personne (qui dans cette situation se retrouve être agresseur.se) est adaptée et pertinente vis à vis de la situation ?

Il y a là un enjeux particulier dans le choix de l’approche de l’agresseur.se (possibilité de dialogue entre certaines personnes plutôt que d’autre; l’intérêt est de jouer avec les outils de communication divers qui sont disponibles à l’instant T de la gestion de l’agression).

FAIRE COMPRENDRE LA RESPONSABILITE DE SES ACTIONS

Il est probable que l’agresseur.se ne se rende pas compte des actions ou du manque d’action qui ont été commises. L’objectif de la personne qui gère l’agresseur.se est de servir de rappel des actions qui ont été faites et de lae mettre face à ses propres responsabilités. Faire en sorte que la faute ne soit pas reportée sur lae survivant.e est une des responsabilité du dialogue à établir avec lae agresseur.se.

C’est dans l’intérêt de l’agresseur.se de prendre conscience de ses propres actions pour pouvoir éviter de les reproduire en méconnaissance de cause. Reconnaître ce qui s’est passé est la première étape face à une situation d’agression; chose qui peut se trouver être difficile lorsque l’agresseur.se refuse tout dialogue et est sur la défensive. D’où l’intérêt de faire un choix judicieux parmis les personnes qui vont venir gérer l’agresseur.se : réussir à établir un dialogue qui peut s’apparenter à un dialogue de reproche n’est pas chose facile. 

FAIRE COMPRENDRE QUE LE RESSENTI DE LA PERSONNE QUI A ETE AGRESSEE EST LEGITIME

L’idée est de faire en sorte qu’il n’y ait pas de négation du ressenti de la personne agressée et qu’il y ait une écoute du ressenti du/de la concerné.e. On évite la remise en question des choses qui sont reprochées à l’agresseur.se tout comme le ressenti de la personne qui a subi l’agression. Ici, mettre l’agresseur.se face à la violence de son agression sur lae survivant.e est primordial. En effet, l’un des outils de protection des agresseur.se dans la gestion d’un reproche est notament la non prise de conscience et la dépossession du ressenti de la personne victime. Le but est d’empouvoirer lae survivant.e même auprès de l’agresseur.se en rendant les accusations cellui-ci légitimes.

INSTAURER UN DIALOGUE SUR LE PLACEMENT DES DYNAMIQUES D’OPPRESSIONS

Bien que la communication avec l’agresseur.se puisse se faire, rien ne nous garanti qu’il y a derrière une compréhension des dynamiques d’oppressions (si il y en a) de la part de cellui-ci. En tant que personne instaurateurice du dialogue avec l’agresseur.se, un rappel sur les dynamiques d’oppressions est important puisque cela peut permettre d’aborder des pistes de reflexions sur la raison de l’agression. 

Inclure et replacer un.e agresseur.se dans sa condition sociale peut permettre à cellui-ci de : 

  1. Comprendre une réaction qui n’aurait pas été maîtrisée
  2. Éviter de se défiler face à ses propres actions 
  3. Forcer cellui-ci à se retrouver face à sa propre position de domination

TROUVER UN MOYEN DE DOCUMENTER/INFORMER L’AGRESSEUR.SE

Il est possible que l’agresseur.se se ne comprenne pas la situation de l’agression commise pour cause de manque d’information et de ressources. Dans le cas où l’agression ou micro-agression proviendrait de l’ignorance ou d’une erreur de judgement, la documentation est primordiale car elle peut régler une partie du problème de gestion de l’agression. Elle peut aussi participer positivement dans la non reproduction d’agression de type oppressive. 

Il est probable qu’en tant que personne qui instaure le dialogue avec l’agresseur.se tu n’aies pas toutes les ressources nécessaires en ta posession. Pas de problème : une de tes missions serait de rediriger lae agresseur.se vers des ressources de documentation et d’information pertinentes selon la situation. 

  • Petit rappel : ce n’est pas le travail de la personne qui s’est faite agressé.e d’aider à l’éducation de l’agresseur.se, à donc éviter de rediriger cellui-ci vers la personne qui a subit son manque d’information (sauf si c’est une demande particulière de lae survivant.e).
  • Petit rappel numéro 2 : ce n’est pas le travail référent des personnes oppressées d’éduquer les oppresseur.se.s. En tant que personne qui instaure le dialogue et donne les ressources nécessaires à l’agresseur.se, tu peux te renseigner auprès des personnes concerné.e.s (si tu n’es pas sur.e de tes documentations) pour trouver des ressources particulières mais ne relègue pas le travail à ces personnes qui ont déjà beaucoup à faire.

    Conclusion

    La gestion a un gros impact sur la reconstruction de lae survivant.es, sur le changement de l’agresseur.se, sur la commu et sa manière de sociabiliser. C’est pour cette raison qu’on estime qu’il était nécessaire de faire un protocole à la fois complet et accessible. On rappelle que ce protocole est à adapter à chaque situation, que tout ne marchera pas. On rappelle aussi qu’il est pas définitif, qu’on va continuer à le travailler, à le modifier. Mais on pense qu’avoir cet outil pourra permettre de gérer moins mal nos bails, parce qu’on sait qu’on a toustes galéré.es au moins une fois à faire les choses bien, et qu’on aurait espéré avoir un outil !

On espère, si vous avez le malheur de revivre une agression de près ou de loin, que ça vous sera utile. Bon courage !

Annexe 1 : Lexique

        Oppression: Action de maintien de la domination systémique, qui renvoie une personne à son statut social (genre, classe, race, handicap, …) pour l’exploiter. L’opression se fait par des mécanismes de violence, d’objectivation (rendre la personne objet, outil), de dévaluation (dénigrer, rabaisser la personne). 

        Domination systémique: Rapport de supériorité dans une hiérarchie. La hiérarchie est posée par des normes sociales. Permet à des personnes, à des groupes, de prendre l’ascendant sur d’autres par leur appartenance sociale (blanc, bourgeois,homme cisgenre hétéro)

        Exploitation : utilisation de la force de travail et objectivication des groupes opprimés.

        Systémique: Vision des actes/gens comme symptome d’un fonctionnement social plutôt que d’un choix individuel. Exemple : les contrôles au faciès des policiers relève d’un système raciste.

        Survivant.e/ personne survivante: (* à préciser en intro, question pratique): personne ayant été victime/ ayant subi  une agression: Ce mot a pour but de rendre du pouvoir a la personne, de dire qu’iel a survecu a l’agression. Libre à chacun.e de s’appeler comme iel veut, on a choisi ce mot.

        Agression: Action consciente ou non, qui blesse de manière psychologique ou physique et/ou qui dépasse/ne respecte pas les limites de quelqu’un.e.

        Micro agression: Agression qui n’est souvent pas perçue comme telle, souvent banalisée, définie comme mineure. Action qui alimente les comportement agressif et oppressif. Participe de la reproduction d’un système de domination. (Exemple : Blague sexiste, raciste, mégenrage…)

        consentement : émettre un accord sans contrainte (pression, violence psychologique ou physique), lucide (pas de choses qui puissent altérer la décision). Peut-être verbal ou non. Ce qui est un non consentement peut être quelque chose de non dit, non exprimé.

        call out : Appel public/ Volonté d’afficher publiquement une personne pour des choses faites/dites, et de l’exclure.

Annexe 2 : spécificité agressions sexuelles par rapport au système d’oppression subit (extrait modifié d’un article dont on a plus le nom)

Une personne sexisé.e qui est agressée est sujette aux notions cisheterosexistes portées par notre société sur les personnes sexisé.es et la sexualité. Si une personne sexisé.e est active sexuellement, alors c’est une « trainée ». Si les gens continuent à voir le viol comme un acte sexuel ; les survivantes seront alors par conséquent taxées de « trainées ». On l’a tou-te-s entendu. « Elle a eu ce qu’elle méritait . » ; « Qu’est-ce qu’elle faisait dans sa chambre de toute façon ? Elle devait bien le vouloir. » ; « A quoi elle s’attendait en sortant habillée comme ça ? ». Il n’y a rien qu’une personne sexisée ait pu faire qui puisse justifier qu’on lae viole. Ceci mérite d’être répété : il n’y a rien qu’une femme, un homme, un-e trans, ou un-e enfant n’aie pu faire qui puisse justifier qu’on l’a viole.

A cause des stéréotypes racistes, les personnes racisées sont sujettes à cette dynamique d’une façon particulièrement violente. Les corps des femmes et minorités de genre racisé.es sont vus comme exotiques, sexuels par nature et même comme des territoires dangereux qui doivent être contrôlés. Dans le cas d’agression sexuelles sur des femmes et minorités des genre racisé.es, le « elle l’a bien cherché » résonne fortement, même au sein des communautés ethniques ou culturelles minorisées. Ceci doit être attaqué.

Un homme qui se fait agressé est sujet aux notions sexistes et homophobes portées par notre société sur les hommes et la sexualité. Puisqu’un homme est toujours censé être dominant, un homme qui se fait violé n’est sûrement pas un « vrai » homme. Sa douleur est quelque chose dont il doit avoir honte car sinon il sera taxé d’ « homo » ou de « féminin » et notre culture nous dit que ces deux identités sont inacceptables pour des hommes. Les hommes qui survivent à des viols en prison doivent faire face à cela en plus de la vision de la société qu’il a eu « ce qu’il méritait ». Tout cela contribuera à son silence.

Notre culture homophobe enseigne aux hommes hétéros à détester être confrontés à la sexualité d’hommes gay, bi ou queer, car elle déclenche leur propre peur d’être eux-mêmes gay, ou pas des « vrais » hommes. Ces peurs conduisent au viol homophobe d’hommes et femmes homo/bi/queer et au viol transphobe de personnes que l’on découvre être trans ou présume être homo/bi/queer car illes ne peuvent pas être facilement catégorisé-e-s comme « homme » ou « femme ». Un viol est un viol, et ses survivant-e-s doivent être cru-e-s et soutenu-e-s. Les survivant-e-s trans doivent souvent faire face à la double difficulté d’avoir à prouver non seulement ce qui s’est passé mais également qui illes sont. Leurs papiers d’identité ne reflètent souvent pas le nom ou le genre choisis par des personnes trans. Ceci crée encore plus de silence et de vulnérabilité face à la police, aux hôpitaux et aux différents organismes. Ne remettez jamais en question l’identité de genre d’une personne trans.

A cause de l’homophobie mentionnée plus haut, il y a beaucoup de silence autour des agressions sexuelles qui se produisent au sein des communautés LGBTQ. Tout comme les communautés ethniques minorisées, elles subissent des attaques de l’extérieur en permanence. Les personnes LGBTQ, les personnes racisées et d’autant plus les personnes LGBTQ racisées peuvent être encore plus poussées au silence par la pression au sein même de leurs communautés, pour éviter d’exposer son linge sale publiquement ou pour se protéger des menaces extérieures. Les pressions venant de l’intérieur comme de l’extérieur qui créent ce silence et font que les gens ne sont pas cru-e-s doivent être combattues.

Il y a un mythe culturel énorme autour des fausses accusations d’agression sexuelle et de viol. Historiquement, et encore aujourd’hui, les fausses accusations étaient/sont utilisées comme tactique raciste pour justifier le lynchage d’hommes racisés (en particulier d’hommes noirs) aux Etats-Unis. Il est nécessaire d’étudier, de comprendre et de prendre ce phénomène au sérieux. Selon la plupart des organismes légaux, le pourcentage de fausses accusations de viol aujourd’hui est égal, voire inférieur, au pourcentage de fausses accusations pour tous les autres crimes. Ce mythe est une tactique pour réduire les femmes au silence (en particulier les femmes racisées), les hommes gay/bi/queer, les personnes trans et tou-te-s les autres survivant-e-s.

Le fait que vous croyiez un-e survivant-e est essentiel. il n’y a rien qu’un-e survivant-e a pu faire qui légitime en quoi que ce soit la violence qu’ille a subi.

Si vous êtes le/la partenaire sexuelle d’un-e survivant-e, que vous ayez été leur partenaire avant, pendant ou après le moment de l’agression, faites particulièrement attention lors de vos rapports sexuels. Parfois, la personne ne voudra pas avoir de rapports physiques qu’ils soient sexuels ou même juste affectueux. D’autres fois, l’activité sexuelle lui permettra de retrouver beaucoup de pouvoir. Soyez patient-e et permettez-lui de fixer le rythme et le type d’activités dans lesquelles vous vous engagez. Soyez conscient-e-s que des actions en apparence anodines peuvent faire vriller le/la survivant-e.

Bonne année 2022 !

La FRAP (Front Révolutionnaire Anti Patriarcal) s’est créée l’année dernière et même si ce qu’on a fait en 2021 est loin d’être parfait et suffisant, on est content.e.s d’avoir réussi à monter cette orga sur la ville de Rennes.

A la FRAP, ce qui nous rapproche, ce n’est pas le fait d’être trans, pédé ou gouine mai c’est le fait d’avoir subi du cishétérosexisme. Notre but n’est pas que les trans pédés gouines soient intégré.e.s dans le système; on a envie de contribuer à désintégrer ce système.

Créer des « espaces safes » ne suffira pas.

Les opressions que nous subissons sont sytèmiques. Les « espaces safes » ne s’attaquent pas au système. On en a assez de s’indigner, on est l àpour s’organiser. 

En 2022, on essaiera d’être les plus présent.e.s possible. De contribuer au rapport de force avec toutes les personnes et orgas qui sont dans notre camp. 

En 2022, on essaiera de faire converger au maximum les luttes, parce que nous avons le même ennemi et parce que même ennemi, même combat. 

En 2022, nous nous battrons contre le patriarcat et chercherons à construire non pas une position mais un front. 

A celleux qui défendent et entretiennent ce système capitaliste, raciste et patriarcal : nous n’avons plus peur de vous. 

Ami.e.s trans pédés gouines de Rennes, si vous voulez vous organiser, rejoignez-nous!

Bonne année ! 

Extrait de « repolitiser la non-binarité et le genre »

Nous avons choisi de partager ce texte issu du blog Dédale d’idée car il s’agit d’un des textes foncateurs de la ligne politique de notre collectif.

« Les positions non-binaires (et LGBTQI plus largement, d’ailleurs) gagneraient à sortir du schéma identitaire pour retourner à des bases sociales, politiques, priorisant les conditions matérielles d’existence, les oppressions et les violences. Se limiter à des questions identitaires, n’apporterait des solutions (dans le cas où des changements seraient faits) que pour les plus favorisé.e.s, ceulles dont les problèmes se limitent à leur identité et le rejet de celle-ci par le reste du monde. Qu’en est-il des violences, des inégalités, des injustices, des mort.e.s ?

Le mouvement de lutte LGBTQI, s’il a bien lieu, doit se faire avant tout pour (et même par) les victimes les plus touchées, les plus dévalorisé.e.s, les pauvres, précaires, racisé.e.s, handicapé.e.s, malades, migrant.e.s, les queers, travailleur.se.s du sexe, prisonnier.e.s, toxicos, séropos, gros.se.s, moches, freaks, tou.te.s les non-conformes, même aux normes présentes au sein de la communauté queer. 

Les revendications queer ne doivent pas se limiter à ce que les LGBTQI blanc.he.s, riches, valides et déjà favorisé.e.s et dans des situations stables par ailleurs ne soient plus victimes d’oppressions. C’est bien souvent ce que proposent déjà des institutions se revendiquant progressistes : du capitalisme rose, de l’homonationalisme, du pinkwashing libéral à base de larmes de Trudeau et de passages piétons couleur arc-en-ciel. Des actions suffisantes pour se faire bien voir des LGBTQI mais sans conséquences réelles et concrètes, satisfaisant une élite queer tandis que le reste de la population souffre du reste de ces politiques. 

L’objectif à viser serait plutôt celui d’une révolution queern où les inégalités, les discriminations, les injustices, et les oppressions de genre, de sexualité et toutes les autres (classe, race, etc.) prennent fin pour l’ensemble de la population, pas seulement les plus aisé.e.s.

C’est pourquoi l’identité et toutes les formes individualisantes de la communauté queer ne doit pas être au centre de ses combats.

Pour que les personnes non-binaires puissent lutter parmi les personnes LGBTQI en tant que groupe cohérent et porteur de revendications, il faudrait oublier (au moins sur le plan politique, le plan individuel est secondaire) les questions d’identité et revaloriser celles des conditions matérielles d’existence, l’aspect social, là où se jouent les schémas oppressifs. »

lien du site : https://dedale-d-idees.blogspot.com/2018/03/repolitiser-non-binarite-genre.html

TDoR, 2022

prise de parole, 20 Novembre 2022

La journée du souvenir des transgenres a été organisé pour commémorer celleux qui ont été tués par haine ou préjugé anti-transgenres. L’événement a lieu en novembre pour honorer Rita Hester, dont le meurtre le 28 novembre 1998 a lancé le projet web « Remembering Our Dead » et une veillée aux chandelles à San Francisco en 1999. Le meurtre de Rita Hester – comme la plupart des cas de meurtres anti-transgenres – est encore à résoudre. Le 20 novembre nous commémorons nos mort.e.s assasiné.e.s par le système cissexiste et capitaliste (discrimination à l’embauche, préjugés, agressions, violences médicales, etc).

Ce système cisexiste va induire une surmortalité des personnes trans : meurtres, suicides, maladies non prise en charge, etc. En 2021, le projet Trans Murder Monitoring estime que 375 personnes trans ont été tuées au cours de l’année, dans 98% des cas les victimes sont des femmes trans bien souvent TDS (près de deux tiers d’entre elles), racisées et migrantes. En effet le taux de tentative de suicide chez les femmes trans est effarant puisque la moitié d’entre elles passent à l’acte et 85% des femmes trans ont des pensées suicidaires ce qui est 10 fois plus que la moyenne chez les femmes cis. Cet acte, pas anodin, est induit par les violences transmisogynes : harcèlement de rue, agressions, discrimination à l’embauche (62% sont des victimes de harcèlement au travail, 27% de licenciement abusif), difficulté à accéder à un logement 1/4 des personnes trans se sont faites refuser un logement à cause de leurs transitudes), mise à la rue (60% des femmes trans sont en rupture familiale et 20% ont été victimes de violences physique au sein de cette sphère), etc.

Ces violences répressives restreignent l’accès à l’espace public induisant un isolement massif des personnes trans et empêchent de nombreuses femmes trans à s’insérer professionnellement. Face à cette précarisation 20% d’entre elles se tournent vers  le TDS, cependant la loi de pénalisation des clients des TDS voté en 2016 les précarisent davantage et a augmenté le nombre de leurs assassinats.

C’est le cas d’Ivana, une femme trans péruvienne TDS qui fut assassinée en septembre 2021. Le cisexisme, la transmisogynie, le racisme, la putophobie conduisent à une déshumanisation, une précarisation et un isolement de sorte que des meurtres comme celui d’Ivana peuvent se produire dans l’indifférence. Le système médical étatique, adaptée aux corps des hommes cis blac, maltraite les personnes trans : la santé des femmes trans se dégrade de manière exponentielle par rapport à celles des femmes cis, 20% des personnes trans se voient refuser des soins médicaux en raison de leurs transitudes, les parcours de transition sont toujours psychiatrisés et la majorité des parcours de transitions sont gérés par la structure ouvertement transphobe Trans-Santé (anciennement SoFECT et FPATH).

Les personnes trans font aussi face à des violences juridiques : pour changer son état civil il est toujours obligatoire de passer devant un tribunal de grande instance et jusqu’en 2016 il fallait être stérilisé.e pour cela. De même, en 2020, la cour de cassation maintient pour des raisons arbitraires l’interdiction pour les personnes trans de se reproduire. L’Etat policier transmisogyne violente, mutile et tue les personnes trans notamment les femmes trans racisées : elles sont 3,7 plus à risque d’être victime de violences policières, 7 fois plus sujet à des violences physiques lors d’interaction avec la police, elles sont toujours bien souveent incarcérées dans les prisons pour hommes ou elles sont exposées à des violences cisexistes, sexuelles, physiques, médicales (refus d’accès à des soins et aux produits de première nécessité) par les matons, les flics ou les codétenus.

Celles qui sont sans papier et/ou migrantes sont confrontées à des violences administratives extrêmes et souvent renvoyées à une mort quasi-certaine par l’administration française et ce, après avoir été enfermées dans des CRA (centre de rétention administrative).

Le cisexisme est ainsi un système structurel organisé qui maintient et encourage la peur, la haine, le harcèlement, les meurtres et les agressions des personnes trans. Il suffit de voir comment les femmes trans sont représentées médiatiquement : comme des personnes dangereuses et/ou repugnantes. Les discours réactionnaires, les politiques de casse sociales et de réduction des budgets dans les services publics (notamment du chômage) précarisent davantage les personnes trans et les poussent à la mort. Les personnes trans sont affichées par les réactionnaires comme le nouveau danger à l’équilibre social français. Iels sont dépeintes comme des bêtes de foires, des objets sexuels, sans aucune possibilité d’exposer une vision contraire.

Personnes trans assassiné.es, état complice.

Un texte avait été écrit pour une personne trans suicidée, il se fini par cette phrase :

« Nous ne voulons plus compter nos mortes. Nous voulons pouvoir serrer les vivantes dans nos bras et rire avec elles sans craindre  de les voir partir du jour au lendemain, tuées par le système. »