prise de parole, 17 décembre 2024
L’autonomie, c’est un truc qu’on porte à la FRAP. C’est l’idée qu’on attend personne pour changer nos propres situations. Qu’on va pas demander l’autorisation à qui que ce soit pour faire en sorte de vivre mieux, plus dignement. Qu’on va pas laisser nos ennemis diriger nos vies en attendant qu’on ait un peu gagné du terrain.
L’autonomie, c’est sûrement un des trucs qui nous lie le plus aux luttes des putes. On a des accords sur le fond bien sur, et puis on vit des oppressions similaires entre queer, putes, salopes, bizarres. Le rejet, le dénigrement, l’infantilisation, les violences vénères, on a ça en commun. Et puis y’a beaucoup de gens qui sont Trans-Pédé-Gouines-Inter (TPGI) et putes, parce que l’accès à un taff qui paye bien et où ton patron et tes collègues te chient pas dessus, c’est pas ce qu’il y a de plus simple quand t’es TPGI. Alors pute c’est un choix qui se tient. Et ne voir que des victimes parmi les TDS, c’est infantilisant, insultant, et une erreur.
Le pont entre nous et les luttes des putes se fait aussi dans l’approche collective. Parce qu’en vrai, y’a pas de lutte plus autonomistes que celles des putes. Dans ces luttes, ça bosse ensemble, ça crée des réseaux d’entraide et de solidarité, ca casse les couilles aux gens qui nous font chier, ça parle a toustes les putes. Ça attaque, ça se défend, ça massifie. Et puis surtout, ça le fait sans attendre l’autorisation de personne, ni la validation de la gauche molle et des féministes trop prudes, ni le changement d’un système pourri. Ça impose ses choix, ça gagne en légitimité dans la gauche politique par la force des solidarités et de l’argumentaire,sans attendre le réformisme et ça bouge le système patriarcal.
Les luttes des putes sont un vrai exemple d’autonomie, c’est un modèle qu’on aime, qu’on veut défendre et qu’on portera ensemble !
On le portera ensemble jusqu’à ce qu’on ait créé des vrais réseaux de solidarité qui tiennent la route et qui soient accessibles à toustes. C’est pas l’État qui nous aidera, on le fera par nous même : on se filera du matos de santé sexuelle, on prendra soin des gens qui ont vécu des agressions de merde, on se nourrira ensemble quand c’est la dèche, on s’hébergera quand on se fera virer de nos apparts.
On portera ensemble l’autonomie en y invitant tous les gens à qui ça parle. On s’ouvre, on se forme, on s’apporte, et on laisse personne sur le côté. C’est trop facile de parler de massification quand ta masse compte pas les queer, les bizarres, les racisé.es, les handis, les marginaux, les putes. On laisse personne sur le côté, on bosse ensemble, et on fait en sorte que ça marche.
On portera ensemble l’autonomie jusqu’à ce que nos ennemis tombent. Les abolos, elles sont plusse financées, ont des meilleures places dans les sphères de pouvoir. Mais nous on a la force du vécu, de la réflexion, de l’entraide. On a pas leur pouvoir, mais on est pas démunies. On démontera leur discours jusqu’à ce qu’elles soient forcer d’assumer qu’elles sont des féministes en carton animées par des valeurs conservatrices rabougries. Et on les virera de leurs espaces de pouvoir qui leur offre le droit de mépriser des putes. On se débrouillera ensemble, pour faire que celleux qui veulent arrêter le travail du sexe puissent le faire. Pour faire que celleux qui doivent sortir de l’exploitation sexuelle et de la traite d’humain soient soutenues. Mais aussi, pour que celleux qui veulent continuer puissent travailler dans les meilleures conditions.
Tant qu’on aura pas aboli le capitalisme, on ne prive pas une personne de son taff et de son salaire parce qu’il est issu du patriarcat. Sinon soyons cohérent : interdisons d’être d’ouvrier d’usine, c’est capitaliste et productiviste, interdisons d’être auxiliaire de vie, c’est patriarcal, validiste et raciste.
On ne prive pas les plus précaires d’un des seuls taff accessibles : daronnes seul.es, étudiant.es, migrant.es, racisé.es, handis, fols, sont sur-représentées dans le travail du sexe parce que c’est un des seuls taffs qui donne une rémunération suffisante, sans études, avec peu de temps de travail en direct et beaucoup d’heure à distance.
On ne prive pas une pute de son droit à se protéger et à être entourée : illégaliser la consommation du travail du sexe, rendre n’importe quel soutien autour des TDS proxénète selon la loi, filer une alloc de merde à 350€ aux gens qui arrêtent le travail du sexe et dépendant de la validation de la préfecture, c’est une honte : c’est inutile, dangereux, isolant et ça n’aide personne. C’est de la merde ! Et surtout, on ne prive pas les putes de leurs accès à un droit du travail digne parce qu’on est pas foutu de faire la différence entre agression et travail, entre exploitation sexuelle et travail du sexe !
Honte aux abolos, que crève votre discours pétés, et que vive l’autonomie des luttes des putes !