TDoR, 2022

prise de parole, 20 Novembre 2022

La journée du souvenir des transgenres a été organisé pour commémorer celleux qui ont été tués par haine ou préjugé anti-transgenres. L’événement a lieu en novembre pour honorer Rita Hester, dont le meurtre le 28 novembre 1998 a lancé le projet web « Remembering Our Dead » et une veillée aux chandelles à San Francisco en 1999. Le meurtre de Rita Hester – comme la plupart des cas de meurtres anti-transgenres – est encore à résoudre. Le 20 novembre nous commémorons nos mort.e.s assasiné.e.s par le système cissexiste et capitaliste (discrimination à l’embauche, préjugés, agressions, violences médicales, etc).

Ce système cisexiste va induire une surmortalité des personnes trans : meurtres, suicides, maladies non prise en charge, etc. En 2021, le projet Trans Murder Monitoring estime que 375 personnes trans ont été tuées au cours de l’année, dans 98% des cas les victimes sont des femmes trans bien souvent TDS (près de deux tiers d’entre elles), racisées et migrantes. En effet le taux de tentative de suicide chez les femmes trans est effarant puisque la moitié d’entre elles passent à l’acte et 85% des femmes trans ont des pensées suicidaires ce qui est 10 fois plus que la moyenne chez les femmes cis. Cet acte, pas anodin, est induit par les violences transmisogynes : harcèlement de rue, agressions, discrimination à l’embauche (62% sont des victimes de harcèlement au travail, 27% de licenciement abusif), difficulté à accéder à un logement 1/4 des personnes trans se sont faites refuser un logement à cause de leurs transitudes), mise à la rue (60% des femmes trans sont en rupture familiale et 20% ont été victimes de violences physique au sein de cette sphère), etc.

Ces violences répressives restreignent l’accès à l’espace public induisant un isolement massif des personnes trans et empêchent de nombreuses femmes trans à s’insérer professionnellement. Face à cette précarisation 20% d’entre elles se tournent vers  le TDS, cependant la loi de pénalisation des clients des TDS voté en 2016 les précarisent davantage et a augmenté le nombre de leurs assassinats.

C’est le cas d’Ivana, une femme trans péruvienne TDS qui fut assassinée en septembre 2021. Le cisexisme, la transmisogynie, le racisme, la putophobie conduisent à une déshumanisation, une précarisation et un isolement de sorte que des meurtres comme celui d’Ivana peuvent se produire dans l’indifférence. Le système médical étatique, adaptée aux corps des hommes cis blac, maltraite les personnes trans : la santé des femmes trans se dégrade de manière exponentielle par rapport à celles des femmes cis, 20% des personnes trans se voient refuser des soins médicaux en raison de leurs transitudes, les parcours de transition sont toujours psychiatrisés et la majorité des parcours de transitions sont gérés par la structure ouvertement transphobe Trans-Santé (anciennement SoFECT et FPATH).

Les personnes trans font aussi face à des violences juridiques : pour changer son état civil il est toujours obligatoire de passer devant un tribunal de grande instance et jusqu’en 2016 il fallait être stérilisé.e pour cela. De même, en 2020, la cour de cassation maintient pour des raisons arbitraires l’interdiction pour les personnes trans de se reproduire. L’Etat policier transmisogyne violente, mutile et tue les personnes trans notamment les femmes trans racisées : elles sont 3,7 plus à risque d’être victime de violences policières, 7 fois plus sujet à des violences physiques lors d’interaction avec la police, elles sont toujours bien souveent incarcérées dans les prisons pour hommes ou elles sont exposées à des violences cisexistes, sexuelles, physiques, médicales (refus d’accès à des soins et aux produits de première nécessité) par les matons, les flics ou les codétenus.

Celles qui sont sans papier et/ou migrantes sont confrontées à des violences administratives extrêmes et souvent renvoyées à une mort quasi-certaine par l’administration française et ce, après avoir été enfermées dans des CRA (centre de rétention administrative).

Le cisexisme est ainsi un système structurel organisé qui maintient et encourage la peur, la haine, le harcèlement, les meurtres et les agressions des personnes trans. Il suffit de voir comment les femmes trans sont représentées médiatiquement : comme des personnes dangereuses et/ou repugnantes. Les discours réactionnaires, les politiques de casse sociales et de réduction des budgets dans les services publics (notamment du chômage) précarisent davantage les personnes trans et les poussent à la mort. Les personnes trans sont affichées par les réactionnaires comme le nouveau danger à l’équilibre social français. Iels sont dépeintes comme des bêtes de foires, des objets sexuels, sans aucune possibilité d’exposer une vision contraire.

Personnes trans assassiné.es, état complice.

Un texte avait été écrit pour une personne trans suicidée, il se fini par cette phrase :

« Nous ne voulons plus compter nos mortes. Nous voulons pouvoir serrer les vivantes dans nos bras et rire avec elles sans craindre  de les voir partir du jour au lendemain, tuées par le système. »

Par La FRAP

Front Révolutionnaire Anti-Partriarcal