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Tu trouveras ci-dessous notre ligne politique dans une belle édition illustrée.
Texte complet – Édition 2025
La FRAP, c’est le Front Révolutionnaire Anti-Patriarcal.
Front, parce qu’on se veut être un groupe qui croise plein d’individus, d’objectifs, de positions politiques et de méthodes différentes, pour agir le plus largement possible.
Révolutionnaire, parce que c’est pas des réformes dans un monde de merde qui vont changer nos vies à long terme. Ca peut avoir de l’impact, ajouter du confort, mais c’est ni suffisant, ni satisfaisant !
Anti-Patriarcal, parce que notre cible principale, c’est le système de domination patriarcal. Un système qui classe les individus en fonction de leur genre et de leur sexualité, et qui dit que certain.es ont plus le droit d’exister dignement que d’autres en fonction de ça.
Ça, c’est le résumé de résumé, mais concrètement, c’est quoi notre ligne politique ? La FRAP c’est quoi ?
On est un groupe d’extrême gauche qui faisons le choix de la non-mixité : on bosse entre meufs et trans-pédé-gouine-inter pour garder une forme d’autonomie et d’empouvoirement sur nos décisions et mode d’action.
Trans-pédé-gouine-inter (TPGI), c’est un mot qui aborde plutôt notre situation d’oppression que notre identité : les gens savent pas si t’es 100% binaire ou genderfluid, ce qu’iels voient, c’est que tu pètes les frontières du genre, et ça, iels aiment pas.
Le monde nous voit comme meufs, trans, pédé, gouine, intersexe, et nous opprime pour ça, quelle que soit notre identité spécifique. Alors nous, on retourne le stigmate, on en fait une force, et on s’autonomise pour gagner dans le rapport de force contre le patriarcat.
Composition
Notre objectif : mettre fin au / démolir le Patriarcat / Genre / etc !
Le Cis-Hetero-Dya-Patriarcat (qu’on résumera par Patriarcat), c’est un système qui crée et hiérarchise des classes sociales de genre et de sexualité, ce qu’on va appeler des « classes de sexe ».
Tout en haut de cette échelle, la classe de sexe dominante, c’est celle des hommes cisgenre [assignés homme à la naissance], hétérosexuels [qui aiment le genre opposé], dyadiques [= pas intersexe, avec une biologie (chromosomes, hormones, attributs sexuels primaires et secondaires) suffisamment binaire pour que ça soit tolérable pour le patriarcat]. On les appelera les mecs cishet dya.
C’est pas une classe homogène, les privilèges sociaux se basent aussi sur la classe de race, la classe sociale, la santé physique et mentale, …
Il va y avoir en fonction de ça de grandes différences : dans le pouvoir procuré par le patriarcat (financier, sexuel, capacité de violence, …) ; dans les contrecoups du patriarcat qu’ils subissent (ex : violences policière, taff dangereux / physiques…) ; et dans la manière de prendre du pouvoir sur la classe de sexe opprimée (violence physique, verbale, achat de service, …).
Et en dessous, y’a les personnes sexisées qui appartiennent à la classe de sexe opprimée. C’est toutes les personnes qui ne sont pas des mecs cishet dya, avec certaines nuances en fonction de leur position sociale spécifique : y’a les meufs et les TPGI, qui se positionnent différement dans l’echelle patriarcale en fonction de certains critères : pute, salope, queer, blanc.he, racisé.e, mineur.e, adulte, valide, handi, …
Le patriarcat donc, c’est ce système qui crée des classes sociales en fonction du genre et de la sexualité, via deux justifications principales :
- La biologie, qui justifierait d’une différence naturelle binaire entre les hommes et les femmes, et d’un besoin que l’hétérosexualité soit prioritaire car sinon pas de reproduction
- La société, qui ne fonctionnerait bien que grâce a la bonne distinction entre les hommes et les femmes et à leur complémentarité
Nous, on pense que c’est de la merde. On pense que ces justifications sont fausses, incomplètes, biaisées, et qu’elles sont utilisées par la classe de sexe dominante pour se faciliter la vie en exploitant la classe de sexe opprimée.
Le patriarcat permet d’exploiter les meufs et les TPGI dans le travail de soin, éducatif, reproductif, sexuel, domestique…, et de les violenter/soumettre sans danger de représailles.
On pense donc que le mythe de l’égalité femme-homme, de l’inclusion de l’homosexualité, et de la tolérance aux identités trans, sont des illusions qui ne nous feront rien gagner, et qui finiront par nous diviser.
A la fin, il y aura les bons et les mauvais pédés, les femmes qui se comportent bien et les salopes, les trans suffisamment binaires et les autres, les bizarres. Bref, une hiérarchie entre celleux qui tolèrent et celleux qui sont toléré.e.s.
Pour nous, la seule solution qui tienne à long terme pour obtenir des vies dignes, c’est l’abolition du genre. On doit en finir avec la catégorisation par genre, sexualité, biologie, sans quoi, il y aura toujours une différenciation entre Nous et Eux, et donc, un rapport de force perdant pour la classe de sexe opprimée.
Alors à nous de renverser le rapport de force et de démolir le genre !
Créer du rapport de force : nos actions !
Avant de parler de comment on lutte, il faut poser
avec qui et contre qui on lutte.
Nos adversaires
Nos adversaire sont tous les individus et institutions qui appuient et utilisent par intérêt le Patriarcat.
Le Patriarcat est avant tout une structure sociale. Son pouvoir ne se limite donc pas à son expression à travers les individus. Sa violence omniprésente se matérialise avant tout dans les instances de pouvoir comme l’État, la police, la Justice, le Patronat, l’École républicaine, la famille traditionnelle, les institutions scientifiques et médicales… Mais, elle se matérialise aussi dans les sphères intimes, relationnelles, à travers des agressions et micro-agressions qui servent d’outils de prise de pouvoir.
Nous luttons contre l’utilisation d’outils d’oppression patriarcaux, et contre ceux qui en tirent un intéret.
Nous luttons aussi, puisque ça s’entrecroise,
contre les autres oppressions systémiques.
Plusieurs raisons à cela :
- La première raison, c’est que nos ennemis communs tentent toujours de nous mettre dos à dos entre différentes classes opprimées [à nous dire que les racisé.es sont les ennemis principaux des queer par exemple]. C’est un discours que nous refusons, puisqu’il détourne l’attention de nos adversaire les plus puissants, et qu’il s’appuie sur des discours essentialisants, mensongers et oppressifs, pour se justifier.
- La deuxième raison, c’est qu’une analyse de l’oppression patriarcale sans comprendre les autres oppressions systémiques est forcément erronée. Dire que tous les hommes agissent de la même manière, pour les mêmes raisons, avec les mêmes intérêts, c’est faux. La misogynie d’un pédé a pour rôle de permettre à ce pédé de mieux s’intégrer dans le Patriarcat.
Ca ne la rend pas plus tolérable, mais se sources sont différentes. De plus, un homme mieux placé socialement aura besoin de produire moins de violence physique ou verbale pour accéder à ses privilèges, est-ce qu’il est moins un adversaire pour autant ? - La troisième raison, et la principale, c’est que nous avons besoin de détruire d’un même coup toute la structure sociale qui repose sur des oppressions pour exister. Détruire le Patriarcat sans penser aux autres oppressions amènerait automatiquement à ce que les autres oppressions soient d’autant plus présentes par compensation [un exemple qui existe déjà à l’heure actuelle : si le travail domestique ne revient plus aux femmes blanches dans des sphères bourgeoises, il retombe directement sur les personnes racisées]. On refuse catégoriquement de faire subir ou de laisser subir à d’autres classes (sociale, de race, …) ce dont on veut se défaire !
Nos adversaires, ce sont donc les institutions et individus qui usent des oppressions systémiques par intérêt de classe dominante. Notre priorité est la lutte contre le patriarcat, mais nous nous allierons dans la mesure du possible avec toutes les luttes contre le racisme, le colonialisme, le validisme, le capitalisme, le fascisme, etc. Cependant, il est évident que parfois, dans des situations de croisement d’oppression, on aura à s’opposer a des gens et groupes qui subissent eux aussi des oppressions. Il sera alors necessaire d’avoir comme point de vigilance de ne pas utiliser des outils et lectures oppressives dans ces situations. Par exemple, si on attaque un agresseur de rue racisé, on ne le fait ni en appelant les keufs, ni en disant qu’il nous agresse parce qu’il est racisé.
Nos allié.es
Dans la même dynamique, on est prêt.es à s’allier avec toute personne ou groupe politique qui lutte contre des oppressions systémiques. On ne fera pas ces alliances à la gueule de la personne ou du groupe.
Ce n’est pas parce qu’un groupe est composé exclusivement de meufs et/ou de queer qu’on sera d’accord politiquement, ce n’est pas l’identité qui prime. C’est l’objectif commun qu’on a, les capacités à bosser ensemble sans se faire trop mal, et la ligne politique générale du groupe, qui comptent. Il y a des allié.es de long terme, des gens et groupes avec qui on partage des lignes politiques proches, avec qui on s’apporte de la force sur nos luttes respectives. Il y a aussi des allié.es de circonstance, avec qui on peut travailler, sous conditions de respect mutuel, dans certains espaces et sur certains objectifs. On ne croit pas qu’on révolutionnera les systèmes d’oppression en bossant dans notre coin, alors le compromis, tant qu’il se fait des deux côtés, est une nécessité. Il y a enfin des alliances imposées, des gens avec qui on n’est vraiment pas d’accord, mais avec qui on se retrouve confronté à un ennemi plus grand. Dans ce cas, soyons très clairs : on ne balance pas les camarades aux keufs, on ne les tabasse pas, ET, on saura se positionner si de tels actes ont lieu.
Nos allié.es, ce sont donc tous les groupes et individus avec qui on partage, momentanément ou sur du long terme, un objectif politique, et avec qui on peut travailler sans en subir trop de conséquences néfastes, ni donner trop de force à des pensées politiques avec lesquelles on est en profond désaccord.
Nos méthodes
Ne pense pas qu’à ta commu, et pense à toute ta commu et pas qu’a celleux qui te ressemblent
Comme on a dit au dessus dans le texte, pas question de ne lutter que pour notre paroisse, en oubliant les autres oppressions systémiques, et les individus et institutions qui les subissent. Le drapeau LGBT tenu par un soldat sioniste sur les ruines de Gaza, c’est la honte de notre lutte, c’est mort ! Alors, on doit avoir une analyse claire et sans détour sur les autres luttes avec lesquelles on se coordonne, pour que nos luttes ne soient pas reprises et transformées pour finir par être des outils d’oppression d’autres classes sociales.
Le détournement de nos luttes, à l’heure actuelle en France, se fait majoritairement par des mouvement nationalistes et/ou fascistes, pour appuyer des discours racistes.
Notre position à ce sujet est la suivante : Non, la classe de race non-blanche n’est pas l’ennemi des meufs et des TPGI. Non, les agressions de rue ne sont pas plus la source de personnes racisées que de personnes blanches. Non, le conservatisme et les idées réactionnaires sur les meufs et TPGI ne sont pas un problème de musulmans.
Oui, l’inceste, la pédocriminalité, les agressions de rue, les viols et violences conjugales, les assassinats de meufs et TPGI, sont des outils d’oppression patriarcaux. Oui, les fémo/homo/transnationalistes mentent, dans une optique raciste, en nous faisant croire que si l’immigration s’arrêtait, le sexisme disparaîtrait. Oui, la police, la justice, les médias de masse, sont toujours plus efficaces pour diffuser et condamner des violences patriarcales quand elles sont produites par des personnes racisées, le deux poids deux mesures existe.
Les fascistes, nationalistes, capitalistes et autre libéraux, – qui prétendent que l’Islam est la source du patriarcat violent en France – sont nos ennemis. Leurs discours sont la réappropriation la plus honteuse de nos luttes. Leur pseudo soutien aux communauté LGBT+ par objectif raciste doit être combattu.
Et de façon générale, toute transformation de nos luttes qui a vocation à nous diviser et/ou à nous exploiter doit être combattu. Les Nike arc-en-ciel du mois des fiertés, l’image du bon homosexuel face au mauvais queer, l’enfermement des fous et folles de nos communautés en psychiatrie, la mission civilisatrice des États coloniaux progressistes contre les méchants conservateurs : ça dégage !
Délibéralise tes luttes
Le néo-libéralisme, c’est la forme de libéralisme qui est sortie de l’économie pour aller intégrer nos fonctionnement de vie quotidienne, nos sociabilités. Il a influencé nos luttes de façon très dérangeante. L’individualisation permanente de nos enjeux est un frein aux objectifs révolutionnaires. La FRAP a pour objectif de sortir de la libéralisation des luttes, notamment sur les enjeux suivants :
- Sortir d’une vision qui priorise nos identités sur tout. L’identité seule ne dit rien ni de l’expérience de vie, de la situation matérielle, ni de la pensée politique d’un individu. La parole de lae concerné.e est un outil intéressant, qui vise a se réapproprier la parole sur des choses qui nous concernent et dont on nous dépossède. Mais, elle peut très vite finir par être le vecteur de discours pourris, qui sont légitimés, généralisés à toute une communauté, et incontrôlables parce que portés par des concerné.e.s.
- Désindividualiser les agressions : une agression, malgré une responsabilité individuelle toujours présente, est un symptôme d’une société. Comprendre ça, c’est mieux comprendre les chemins pour éviter que d’autres agressions se produisent, et sortir du schéma agresseur = monstre = différent des autres gentes qui sont « safe ».
- Sortir de la commercialisation de nos luttes : les collections de mode « spécial Pride », les Drag Race ultra acceptables par les hétéros et leurs discours victimisants, les joli.es queer qui inspirent les créateurs de mode, de maquillage, c’est non ! Nous utiliser pour faire des thunes et nous reverser les miettes, c’est un affront, on doit se positionner fermement contre ça et envoyer bouler les tocards qui tentent d’exploiter nos jolis minois !
- Sortir du pinkwashing qui justifie les pires atrocités : le colonialisme pailleté, c’est la honte des luttes TPGI ! Que ce soit la France qui se la joue pays des droits de l’homme en mettant des Drag sur scène pour la cérémonie des JO, ou Israël qui pose, drapeau LGBT en main, sur les ruines de Gaza : jamais nous n’accepterons que l’on soit utilisé pour justifier des génocides « de barbares » ou des « missions civilisatrices » !
- Arrêter de s’intégrer à un monde qui ne veut pas de nous : on refuse d’être les gentils meufs et LGBTQIA+ qui passons bien dans le système, en laissant une part de notre commu sur le côté. On laissera personne de la commu sur le côté, donc on ne s’intégrera pas à leur norme, gagner une vie digne c’est pas que pour certain.es d’entre nous, c’est tout le monde ou personne.
- Sortir de la culture du safe : On n’a pas pour but de créer des bulles safe et douces fermées, on ne croit pas vraiment que ça existe et quand bien même, ca n’est pas notre objectif. Aucun individu n’est safe, alors on sort de ça, on se soutient collectivement, on gère nos problèmes si on en a, et on avance ensemble sans cibler individuellement les vilains petits canards.
Tue ton flic intérieur
Si on veut sortir d’un système social trop violent sur les groupes opprimés, on ne doit pas en utiliser ses outils les plus répressifs. Dans les espaces militants de gauche, face aux agressions, aux désaccords politiques, aux conflits qui pètent,… s’autonomiser collectivement et se défaire des outils des systèmes d’oppression, on pense que c’est une nécessité. On n’est pas idéalistes, y’aura des moments où ça sera nécessaire de mettre des coups de pression, virer quelqu’un.e d’espaces politiques, mais on veut que ça se passe exclusivement si il y a des agressions trop graves, et/ou dont les auteurices ne gèrent pas les conséquences voire en rajoutent une couche. Pour le reste, si désaccord ou conflit il y a, soit on s’organise dans des espaces différents si c’est insupportable, soit on entre en rapport de force politique. Mais utiliser la justice punitive, la violence, l’exclusion, voire même dans des cas moins grave, le mépris, la malhonnêteté, la déformation des discours, c’est agir comme les keufs, les juges, les procs.
Tenter de mettre plus bas que terre les personnes avec qui on est en conflit ou en désaccord, c’est pas des méthodes qu’on défend.
Fais plein de trucs différents, c’est encore plus amusant
Au même titre qu’on ne gagnera pas nos luttes en restant isolé.es, on ne gagnera pas nos luttes en n’agissant que d’une manière. En fonction de nos adversaire, certains modes d’action seront plus ou moins pertinents et efficaces. En fonction de nos allié.es, certains échanges, formations, soutiens mutuels, seront plus pertinents et efficaces. La FRAP agit donc de plusieurs façons en fonction de la situation : formations, manifestations, fêtes, offensivité frontale, causeries, écritures de contenu, inter-organisations, … Et, on est pas les plus expert.es sur tous les outils et modes d’actions, alors là encore, l’intérêt d’avoir des allié.es pour se soutenir et avancer ensemble porte tout son sens.
En plus de ça, ça nous permet de nous former, et ça c’est nécessaire pour continuer de lutter par la suite.
En résumé
Militer à la FRAP, c’est lutter contre le patriarcat et ses applications sociales/individuelles mortifères. C’est donc lutter aussi contre les oppressions systémiques en règle générale, parce que l’une ne va pas sans l’autre, et parce que se libérer de son en la refilant à d’autres c’est de la merde.
C’est lutter avec d’autres gens, à Rennes et ailleurs, avec qui on peut être en désaccord, mais avec qui on partage des objectifs politiques communs et un respect mutuel. C’est sortir de l’individualisation de tout, de la réappropriation de nos luttes par des tocard.es, de l’approche punitive des luttes sociales. C’est lutter de plein de façons différentes, s’entraîner, tenter des trucs, et espérer que ça marche.
Si tout ça te parle, alors tu as frappé à la bonne porte !